Belgique, où vas-tu ?

, par Jean-Luc Lefèvre

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Belgique, où vas-tu ?
Les attentats de Bruxelles en mars et les hommages qui les ont suivi n’ont pas simplement ému les Bruxellois, les Belges et les Européens. Ils ont aussi fait resurgir les profondes divisions au sein de la société belge. - Miguel Discart (CC/Flickr)

Automne 2014, un gouvernement inédit était porté sur les fonts baptismaux de la Maison Belgique, qui surprenait et inquiétait. Et aujourd’hui ?

Un état de grâce trompeur

Jusqu’ici, les choses se sont passées mieux que prévu pour le gouvernement belge, mais à fleurets mouchetés, comme si une certaine paix des « braves », désormais, régnait : le Parti socialiste francophone, en mal de repères dans l’opposition, a longtemps laissé le champ libre aux ténors syndicaux, notamment GOBLET de la F.G.T.B., la plus radicale, longtemps elle aussi désarmée face aux mesures du gouvernement.

Le crépi de la façade s’écaille...

Sont venus les attentats du 22 mars, dans la foulée du black out de Bruxelles et les blindés dans les rues de la capitale. Très vite, les armes sont ressorties : celles, d’abord, des critiques (la manière dont les enquêtes ont été menées et les secours apportés aux victimes).

Au début du printemps, les premières grèves, les premiers blocages de routes et de raffineries. Le scandale des Panama Papers est alors dévoilé : c’est en Flandre principalement que l’on trouve les familles détenant des fonds off shore, et ces diamantaires anversois proches de la N-VA.

Depuis longtemps, sans rien faire, on connaît la misère des prisons surpeuplées (un taux d’ailleurs supérieur en Wallonie). La grève des agents pénitentiaires a bouté le feu à la Maison Belgique il y a un mois ; ils sont remplacés par la police, la Protection civile et l’armée ! Les plus hautes autorités judiciaires du pays mettent en cause un « état-voyou ».

Les derniers sondages traduisent le malaise : tous les partis du gouvernement fédéral reculent, les partis d’opposition ne progressent pas, sauf l’extrême droite en Flandre (Belang) et le PTB (extrême gauche) qui récolte 13% des intentions de vote et pousse le PS à se radicaliser.

...et les pierres se détachent

Après les agents pénitentiaires, les agents du chemin de fer se sont mis en grèves, mais la situation est très contrastée : partout, la Flandre apparaît moins « grévicultrice » que la Wallonie !

Déjà, des menaces de grèves au « finish » circulent, elles, et le syndicat socialiste wallon appelle à d’autres grèves.

Le Ministre de la Justice, dépité, constate qu’au nord, les syndicats acceptent de défendre les protocoles d’accord, déjà acceptés par leur base, tandis qu’au sud, ils se contentent d’en informer leurs membres.

Tout se passe comme si, au sud du pays, les cadres syndicaux étaient dépassés par leurs adhérents, comme si, au sud du pays, les institutions les plus traditionnelles craquaient de toutes parts.

Et demain ?

Bien malin qui peut prévoir la sortie de crise. Une capitulation de la suédoise au pouvoir ? Peu probable ! Ce qui est sûr, par contre, c’est le divorce inéluctable. « Knack » titrait d’ailleurs il y a quelques jours : « Des grèves qui font des heureux chez les séparatistes et les confédéralistes » !

Vos commentaires
  • Le 30 mai 2016 à 12:39, par Luc En réponse à : Belgique, où vas-tu ?

    Probablement précurseur de ce qui peut se passer en France d’ici quelques mois, le séparatisme en moins.

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