« Bad luck banging and loony porn », ou le titre quelque peu fantasque du grand vainqueur de l’Ours d’Or. Décerné par le jury international, composé des lauréats des années précédentes, Ildikó Enyedi (Hongrie), Nadav Lapid (Israel), Adina Pintilie (Roumanie), Mohammad Rasoulof (Iran), Gianfranco Rosi (Italie) et Jasmila Žbanić (Bosnie Herzégovine), il récompense le travail du réalisateur roumain Radu Jude, un habitué des Berlinales (il avait obtenu l’Ours d’argent du meilleur réalisateur en 2015 pour Aferim !).
Son dernier long métrage raconte l’histoire d’une professeure d’histoire dans un lycée roumain confrontée à la fuite d’une sextape qu’elle a réalisée avec son compagnon. Du clip publié sur le site des Berlinales monte une impression de chaos, de désordre. Les couleurs sont trop vives pour être réelles, les événements s’enchaînent sans lien apparent, de manière presque surnaturelle. Et pourtant les acteurs portent des masques chirurgicaux. Ce détail fait revenir à la réalité : le long métrage critique une société hypocrite, il brosse un portrait au vitriol des institutions qui s’estiment en être les garantes. « Bad luck banging and loony porn » est une satire, et c’est peut-être son décalage qui lui a permis de décrocher le prestigieux Ours d’Or. Deux longs métrages français étaient par ailleurs en lice pour le prix : Petite Maman de Céline Sciamma et L’Albatros, de Xavier Bauvois.
Petite révolution cette année : l’Ours d’argent des meilleurs acteurs en premier et second rôle n’était pas genré. Deux actrices se sont vues décerner ces prix, l’allemande Maren Eggert pour son rôle dans Ich bin dein Mensch (I’m Your Man) de Maria Schrader (la réalisatrice d’Unorthodox) et Lilla Kizlinger pour son second rôle dans Rengeteg - mindenhol látlak (Forest - I See You Everywhere) de Bence Fliegauf. Une Française a en outre été distinguée dans la section Encounters de la compétition, qui met en avant des productions plus artistiques. C’est Alice Diop et son documentaire Nous qui a obtenu le prix du meilleur film.
Avec le passage au virtuel, les Berlinales ont perdu quelque chose de leur ambiance, de leur authenticité cette année. Pas question cependant pour le comité d’organisation de tirer un trait sur cet aspect essentiel du festival. Ce d’autant plus que les films récompensés l’année dernière n’ont pas encore pu être projetés dans les salles de cinéma. Le public sera donc convié du 9 au 20 juin pour les projections des films primés.
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