Conflit Serbie-Kosovo : l’UE en arbitre du dialogue

, par Rachelle Dechavanne

Conflit Serbie-Kosovo : l'UE en arbitre du dialogue
Image : Man77/ Wikimedia Commons

Le conflit Serbie-Kosovo, historique, a plus récemment pris corps dans la déclaration d’indépendance de ce dernier en 2008. La Serbie réfutait alors toute souveraineté et continuait de considérer le Kosovo comme sa province méridionale. Pour pacifier les rapports, Bruxelles a conditionné l’intégration de la Serbie au dialogue pacifié avec le Kosovo. Si des efforts ont été faits, les relations sont restées relativement au point mort. Ces dernières semaines, des réunions virtuelles sous les auspices de l’UE se sont soldées par un meeting intervenu à Bruxelles le 16 juillet.

Les conflits qui divisent la Serbie et le Kosovo sont anciens et d’ordre territorial. Pour la Serbie, le Kosovo est serbe depuis le Moyen-Âge ; tandis que pour le Kosovo, les Serbes ne sont que les occupants d’un territoire albanais.

Durant l’Empire serbe (1346-1371), les serbes dominent le Kosovo. Mais à la fin du XIVème siècle, la Serbie passe sous la domination ottomane et trouve dans les albanais du Kosovo (alors minoritaires et catholiques ou orthodoxes) un allié dans la bataille contre l’ennemi turc. Leur défaite en 1389 marque la fuite progressive des serbes du Kosovo et l’islamisation des albanais par l’administration turque.

Il faudra attendre 1878 pour que la Serbie retrouve son indépendance, sans le Kosovo. En 1912, l’État albanais nouvellement créé revendique lui aussi le Kosovo. La Serbie obtient gain de cause grâce au soutien de la Russie.

Au moment du démantèlement de la première Yougoslavie par le IIIème Reich, en 1941, le Kosovo est pour la première fois rattaché à l’Albanie. Il obtient même son autonomie en 1974 sous la deuxième Yougoslavie titiste. Le Kosovo entame néanmoins son déclin à partir de 1989. Le régime serbe devient puissamment autoritaire et discriminatoire envers les Albanais. Ces violents conflits ont débouché sur la sanglante guerre du Kosovo (1998-1999) qui a opposé sur le territoire de la République fédérale de Yougoslavie l’armée yougoslave à l’armée de libération du Kosovo et l’OTAN. À la fin de la guerre, la mission des Nations Unies MINUK a été déployée sur le territoire kosovar. La mission de l’Union européenne EULEX a depuis 2008 pris le relai. Elle a notamment pour but de faire respecter l’État de droit et d’engager le dialogue avec la Serbie.

La pression de l’Union européenne sur la Serbie

L’Union européenne s’est érigée en médiateur et a réussi à amorcer un dialogue entre les deux pays antagonistes. En 2012, un premier accord quoique timide est trouvé. L’année suivante, le 19 avril 2013, un accord de normalisation prévoit que la Serbie renonce à sa souveraineté sur le Kosovo en échange de l’ouverture des négociations d’adhésion à l’Union européenne. Le 25 août 2015, un accord dans quatre domaines s’inscrit dans la continuité du processus de normalisation amorcé en 2013. Il comprend la mise en place d’un système judiciaire dans le nord du Kosovo, un volet sur l’énergie, un plan de modernisation du système de télécommunication et un accord sur le pont de Mitrovica. Toutefois, les négociations n’ont pas abouti à la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo par la Serbie. De plus, les maigres accords signés n’ont même pas été tous appliqués. Face à ce constat, la Commission européenne a déclaré en 2018 que l’adhésion de la Serbie ne pourrait se faire avant 2025.

Il y a deux semaines, les deux États ont accepté de reprendre les négociations. Il s’agit d’une première sous l’égide de l’Union européenne depuis novembre 2018. Un premier sommet vidéo a été organisé par le président français et la chancelière allemande. S’est alors tenu un meeting virtuel sous la médiation de Josep Borrell, Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, avec la participation de Miroslav Lajčák, envoyé spécial. La rencontre virtuelle a débouché sur un meeting, cette fois-ci en présentiel, à Bruxelles le 16 juillet.

Toutefois, le président serbe Aleksandar Vučić n’a pas pu rencontrer son homologue kosovar Hashim Thaçi entendu par la justice internationale pour crime de guerre et crime contre l’Humanité. Ces accusations remonteraient à la guerre contre la Serbie alors qu’Hashim Thaçi était chef de la guérilla indépendantiste. Il a alors laissé sa place à son premier ministre Avdullah Hoti. Si aucun accord n’a été trouvé, une nouvelle réunion est prévue en septembre.

La situation critique du Kosovo

Le Kosovo a, dès 2008, obtenu le statut de candidat potentiel à l’Union européenne. Toutefois, son intégration est freinée à deux niveaux. En premier lieu, le Kosovo souffre d’un déficit démocratique. Un rapport de 2016 publié par la Commission pointe du doigt la corruption et le système judiciaire du pays. Il est également demandé au Kosovo, à l’instar de son voisin, de normaliser ses relations avec la Serbie. En second lieu, 5 pays font obstacle à l’intégration du Kosovo au sein de l’Union européenne. Chypre, l’Espagne, la Roumanie, la Slovaquie et la Grèce ne reconnaissent à ce jour pas son indépendance.

En 2016, l’accord d’association et de stabilité entre en vigueur et constitue la première relation contractuelle entre l’UE et le Kosovo. La libéralisation des visas au sein de l’espace Schengen est également actée. Les avancées sont tout de même limitées, le Kosovo reste isolé et en proie aux difficultés. Son taux de chômage est de 35,3% en 2014 (Fonds monétaire international). Pour Vladimir Vasak, l’intégration du Kosovo dans l’Union européenne est la seule solution pour endiguer la précarité du pays et éviter le réveil nationaliste et religieux. La volonté d’une « grande Albanie » se profile et le djihadisme balkanique, qui touche de plein fouet le Kosovo, effraie.

Sur la scène internationale, la reconnaissance de l’indépendance par la Serbie est également un enjeu du côté onusien. Si la Serbie persiste à contester l’indépendance du Kosovo, il en est de même de ses alliés, la Russie et la Chine, qui empêchent le Kosovo d’obtenir un siège à l’ONU.

La médiation entreprise par l’Union européenne pour que la Serbie reconnaisse l’indépendance du Kosovo s’annonce encore périlleuse, mais l’enjeu est de taille. La communauté internationale doit faire face à la montée des extrêmes du côté serbe et albanais et à la situation kosovare. Il se pourrait en effet que l’intégration européenne soit la seule solution pour que la paix prospère dans les Balkans.

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Vos commentaires
  • Le 30 juillet 2020 à 20:21, par Professeur d histoire En réponse à : Conflit Serbie-Kosovo : l’UE en arbitre du dialogue

    Les turcs ont ramené les Albanais ! Cette terre est serbe depuis des décennies ! Les Albanais ne sont pas les descendants des illyriens.. ce mensonge a trop durer ! Il n’y a qu’à ce renseigner sur la culture de la vinca , les monastères orthodoxe vieux de mille ans ! Pour savoir qui a tjrs vécu sur ces terres .

  • Le 30 juillet 2020 à 22:21, par haplogroupe i En réponse à : Conflit Serbie-Kosovo : l’UE en arbitre du dialogue

    « La communauté internationale doit faire face à la montée des extrêmes du côté serbe et albanais et à la situation kosovare. » ??? cette phrase est juste de la réthorique... sans aucun vérité Lors on parle d’un sujet que l’on ne connait pas bien du tout ... il vaut mieux reste axe sur ces connaissances et ne pas sortir des phrases qui sont balancer pour meubler...

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