Dear Britain : So long, farewell, auf Wiedersehen, goodbye

, par Eurosorbonne

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Dear Britain : So long, farewell, auf Wiedersehen, goodbye
Image : simisi1 de Pixabay

Alors que la date fatidique du 31 décembre approche à grands pas, les négociations pour l’après-Brexit entre l’Union européenne et le Royaume-Uni semblent loin d’aboutir. Ces désaccords, bien qu’essentiels, ne fonderont pas le climat géopolitique britannique et mondial de l’après-Brexit, car en effet, c’est d’un monde toujours plus dépolarisé que la Grande-Bretagne devra trouver sa place. Un article du Grand format européen de décembre 2020 sur le Brexit et ses conséquences.

À moins d’un mois de la date butoir marquant la fin de la période de transition initiée 11 mois plus tôt, les questions commerciales sur la pêche, la concurrence et la gouvernance restent sans réponse pour le Brexit. C’est pourtant non sans mal que Michel Barnier, négociateur en chef de la Commission européenne, et David Frost, le négociateur britannique, cherchent à y répondre. Celles-ci ne sont pas inédites, puisque l’accès aux eaux maritimes était déjà un enjeu européen important dans les années 1970.

Le Royaume-Uni dans le sillage d’une nouvelle hégémonie américaine ?

Avec l’élection du candidat démocrate Joe Biden à la présidentielle américaine du 3 novembre dernier, certains Britanniques pourraient espérer un retour en puissance de la « special relationship » historique qui lie les Etats-Unis avec nos voisins outre-Manche. Cela serait en réalité sans compter les relations personnelles entre les dirigeants de ces deux nations. En effet, Donald Trump et son homologue britannique, le premier ministre Boris Johnson, entretenaient cette historicité de par leur propre relation privilégiée, ne tarissant pas d’éloge l’un pour l’autre. Le locataire de la maison blanche avait d’ailleurs convenu avec Downing Street que « le Brexit offrait une opportunité sans égal de renforcer le partenariat économique » entre les deux pays.

L’arrivée au pouvoir de Joe Biden pourrait ainsi compliquer les relations entre les deux nations anglo-saxonnes, et menacer la possibilité de la tenue de ce « partenariat économique » inédit puisque le démocrate a toujours considéré la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne comme une erreur. Les médias anglo-saxons estiment pour cela qu’un accord commercial entre les deux pays ne sera pas la priorité du président élu. D’autant plus que Joe Biden fût loin de complimenter Boris Johnson pour sa victoire aux élections générales de 2019 – à l’instar de Donald Trump – en le décrivant comme un « clone physique et émotionnel » de ce dernier.

Comme une main tendue au démocrate, Boris Johnson avait mentionné Trump en tant qu’ « ancien président » lors d’une séance de questions au gouvernement à la Chambre des Communes alors que celui-ci contestait toujours les résultats des votes par correspondance. L’actuel occupant du 10 Downing Street semble donc avoir changé de camp au profit du vainqueur. Alors que la réponse de Joe Biden se fait attendre, son premier coup de téléphone à un chef d’Etat européen sera déterminant pour percevoir les conséquences du Brexit pour la place de la Grande Bretagne sur la scène internationale.

Vers une « Global Britain » ?

Comme le précisait il y a un an de cela Thibault Harrois, maître de conférences en civilisation britannique à l’Université Sorbonne Nouvelle, « l’avenir du pays sur la scène internationale dépend de sa future relation avec l’Union européenne ». Les défenseurs du Brexit voulait – et veulent toujours – voir le Royaume-Uni comme une « Global Britain » ; à savoir une Grande Bretagne d’un rayonnement mondial. Celle-ci doit ainsi renouer des liens avec ce que les pro-Brexit appellent communément « l’anglosphère », soit un rapprochement entre l’ensemble des grands pays anglo-saxons – Canada, Nouvelle-Zélande, Australie et, bien entendu, les Etats-Unis. Cette association de pays conduirait à la création d’une nouvelle forme d’empire britannique, un « Empire 2.0 » comme l’évoque Berny Sèbe, maître de conférences en études coloniales et postcoloniales à l’Université de Birmingham.

Près de 50 ans après l’entrée du Royaume-Uni dans la Communauté économique européenne – ancêtre de l’Union européenne – la Grande Bretagne se retourne vers ce même Commonwealth dont l’affaiblissement l’avait poussé à rejoindre la CEE. Le projet européen ne semble plus pouvoir compenser la perte du prestige due à la décolonisation. Cependant, les Etats du Commonwealth ne sont pas l’unique source d’inspiration pour une nouvelle expansion britannique sur le monde. En effet, comme le Royaume-Uni ne peut plus agir comme « pont » entre les Etats-Unis et l’Europe comme le soulignait Tony Blair, ses dirigeants souhaitent développer des liens avec des grandes puissances asiatiques, en particulier la Chine et l’Inde. Dans cette vision « hyper-globaliste » défendue par Boris Johnson, le pays se détourne de la vision protectionniste de l’Europe afin de faire du Royaume Uni un « Singapour sur la Tamise ».

Cette vision expansionniste est toutefois loin d’être partagée de tous, et alors que le nombre de « Brexit regret » ne cesse d’augmenter parmi les quelques 17,4 millions de Britanniques à avoir voté « Leave », Thibault Harrois est un de ceux qui infirme la thèse du rayonnement international britannique et pense qu’au contraire « le Brexit aura vraisemblablement un effet négatif et conduira à un repli du Royaume-Uni sur la scène internationale ». A compter du 31 décembre 2020, il s’agira alors pour Big Ben de savoir pour qui sonne le glas.

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