Programme de travail de la Commission : quand le technique devient politique

, par Janika Pakulski

Programme de travail de la Commission : quand le technique devient politique
Le mandat d’Ursula von der Leyen, présidente en exercice de la Commission, prendra fin avec les prochaines élections européennes en juin 2024. © Parlement européen

Au cours de la troisième semaine d’octobre, le Parlement européen s’est réuni en session plénière à Strasbourg. Ils ont discuté des questions les plus urgentes auxquelles sont confrontés les États membres de l’Union européenne (UE) en ce moment, telles que le changement climatique, la migration, les conflits ukrainiens et arméniens, la façon dont l’UE a traité ces points et la façon dont ils continueront à aborder les décisions politiques au cours de l’année suivante. Parmi ces sujets, les eurodéputés ont pu se pencher sur le programme de travail de la Commission pour 2024.

Ce document présente les actions les plus importantes qui seront traitées par le Parlement l’année suivante et informe le public et les autres institutions de l’activité du Parlement. Après la présentation du programme de travail de la commission, chaque parti politique a la possibilité d’exprimer son soutien et inquiétude quant’aux futures activités législatives. Comme nous approchons de la fin de la session parlementaire, les élections ayant lieu en juin, le programme de travail de cette année comporte un nombre relativement limité d’initiatives. Cela n’a pas empêché le débat d’être extrêmement animé.

Les différents groupes politiques ont soulevé de nombreuses points, mais peu était issu du plan de travail de la Commission. Les débats étaient alors davantage une tribune pour les eurodéputés qu’un vrai travail d’examen du travail de la Commission.

Le Green Deal : un plan accepté, des mesures clivantes

L’une des principales préoccupations de ces échanges fut le Green Deal, un engagement pris par l’UE qui vise entre autres à réduire les émissions de carbone de 55 % d’ici 2030 et ainsi atteindre la neutralité climatique d’ici 2050.

Les partis de gauche sont satisfaits des progrès réalisés dans la lutte contre le changement climatique. Toutefois, ils s’inquiètent du manque de transparence de la Commission et de ce qu’ils considèrent comme un retour en arrière dans les décisions politiques. Bas Eickhout, au nom du groupe Vert/ALE, a ainsi déclaré : "Il s’agit d’une transition pour les décennies à venir et il reste encore beaucoup à faire". Il a continué en exprimant ses craintes quant au manque de progrès réalisés dans le cadre de la stratégie "De la ferme à la fourchette" et de la stratégie de la Commission relative aux produits chimiques durables. Des membres du parti S&D, comme Patrizia Toia, ont également soulevé des questions sur l’impact de la transition verte sur les programmes sociaux.

Si les partis de gauche s’accordent généralement sur l’importance d’une transition verte en Europe, les orateurs de droite ne sont pas très convaincus. Certains députés ont affirmé que la transition verte se produisait trop rapidement et qu’il fallait discuter davantage des menaces non prises en compte, telles que la dépendance à certains pays dont les marchés de l’énergie verte sont plus forts, comme la Chine, présentée par Antonio Maria Rinaldi (ID). Jorge Buxadé Villalba (ECR) affirme que “les Européens ne sont pas menacés par le changement climatique mais par des AK-47 portés par des immigrés islamiques illégaux”. La Commission a clairement indiqué que le Green Deal était une priorité de l’Union européenne , mais si l’on se base sur les différentes opinions des membres sur l’importance de ce plan et sur le chemin qu’il reste à parcourir pour y arriver, cela ne semble pas être une mince affaire.

Quand le conflit isrélo-palestinien s’invite dans l’hémicycle

Un autre sujet qui a dominé la session plénière a été la récente escalade de la violence entre Israël et la Palestine. De nombreux partis ont fait une déclaration sur les attaques du Hamas et ont présenté leurs condoléances à Israël. Mais la plupart des partis, en particulier ceux de la droite radicale, à l’image de ID, ont utilisé la situation géopolitique pour discuter de la sécurité nationale, en s’inquiétant d’une possible propagation du conflit en Europe.

La Commission a été critiquée pour ne pas avoir pris plus au sérieux “la sécurité aux frontières”, notamment alors que l’ensemble des groupes politiques de la droite du Parlement pensent que les personnes susceptibles de participer à des attaques terroristes ne peuvent être en premier lieu que des “immigrés illégaux”. Siegfried Mureşan, membre du PPE, a ainsi déclaré que “ce moment de l’histoire devrait unir les Européens dans la condamnation de la terreur,[ mais qu’il leur faudrait aussi] faire plus dans le domaine de la sécurité, de la défense, de l’immigration".

La diaectique douteuse et indigne associant indifférement Islam, immigration et terrorisme a été poussée à son extrême ce jour-là. Jean-Paul Garraud, intervenant au nom du parti ID (droite radicale), a déclaré que l’Islamisme était "le nazisme du 21ème siècle" et qu’il devait être combattu. M. Garraud a poursuivi en déclarant que l’Europe devait cesser de "financer toutes les associations et organisations liées aux fous d’Allah", telles que l’université de Gaza.

La Gauche (gauche radicale) a été le seul groupe à commenter les pratiques d’Israël à Gaza. Mike Wallace ainsi a appelé à soutenir les enfants de Gaza et a critiqué le "système d’apartheid" israélien. La plupart des critiques de la Gauche visaient l’Europe et son aide à Israël. Dans le même discours, Wallace a également fait remarquer : "Jamais de ma vie je n’ai vu l’Europe aussi peu intéressée par la paix".

Une fin de mandat aux allures de début de campagne électorale

Bien que ces deux discussions aient occupé une grande partie du débat, les membres ont également soulevé des préoccupations concernant le financement, la guerre en Ukraine, les programmes sociaux et la pauvreté, l’IA, les accords commerciaux et bien d’autres sujets que le Parlement souhaite aborder au cours de l’année à venir. A l’issue de ce que le vice-président exécutif de la Commission a qualifié de "débat très intense et passionné", il est clair que l’anticipation des élections pesait lourdement sur tous les parlementaires. Malgré les opinions contradictoires entre les groupes, la Commission a appelé à la coopération et à la collaboration dans les mois à venir afin de s’assurer que le Parlement soit prêt pour la nouvelle législature…une fin de débat qui a des airs de début de campagne donc.

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