Après une existence de dix-huit ans sur la scène du Parlement allemande, le groupe de gauche Die Linke sera dissous le 6 décembre prochain, a annoncé son président, Dietmar Bartsch. Une telle décision a été prise en raison de la perte de plusieurs membres et de dix députés. Il s’agit là d’un bouleversement pour le Bundestag, un tel événement n’était en effet plus survenu depuis 1960.
Si du côté français, cette nouvelle a pu passer inaperçue auprès de celles et ceux pour qui la politique allemande ne représente pas un centre d’intérêt particulier, il en est autrement en Allemagne. Fondé en 2007, die Linke détenait jusqu’alors une place à part entière au Bundestag, le Parlement allemand, ce qui lui conférait un certain poids au sein du pouvoir démocratique allemand.
Comment expliquer la différence de traitement de cette information de part et d’autre du Rhin ?
Une même information sera naturellement plus traitée par les médias du territoire dont elle émane. Dans le cas de celle dont il est ici question, de nombreuses occurrences se trouvent du côté allemand, où les journalistes étudient la question quotidiennement depuis l’annonce de la dissolution du groupe Die Linke le 6 décembre 2023.
En France, il s’agit plutôt d’informer la population qu’un événement de taille est en train de se produire sur la scène politique allemande. D’abord, quelques interrogations des français auxquelles répondre : Die Linke, qu’est-ce que cela signifie ? Le Bundestag, j’en ai déjà entendu parler mais c’est quoi ? Alors que de l’autre côté du Rhin, on s’interroge sur les différentes implications de la nouvelle sur la globalité du système politique allemand.
Si l’importance médiatique d’une information diffère selon le lieu émanateur, son existence est en tout cas nécessaire dans le paysage interculturel. En effet, d’après Walter Lesch dans son article « Interculturalité et médias - Réflexions sur les espaces de médiation » publié dans la Revue Lumen Vitae « Nous avons observé les médias dans leur double rôle d’acteurs et d’observateurs. Ils contribuent activement à la création de structures interculturelles et ils prennent le recul nécessaire pour inviter à la réflexion sur ce qui se passe sous nos yeux. Les médias au service de l’interculturalité ouvrent des espaces qui se caractérisent par leur caractère public et sont par ce biais des partenaires incontournables de toute pratique de dialogue qui a besoin d’un tiers médiateur et modérateur. »
Quant est-il alors du monde médiatique transfrontalier ?
En regard du cas évoqué précédemment, lorsqu’une information est traitée par des médias locaux, à une échelle réduite, une rencontre informationnelle est alors envisageable. C’est notamment le cas des territoires transfrontaliers, comme le Rhin supérieur et la Grande Région. Lorsqu’il s’agit d’informations qui concernent directement l’actualité locale, un équilibre dans le traitement de l’information (en termes de quantité et du type de discours) prend facilement place, à condition que la liberté des médias soit suffisante. On peut expliquer cela car à une échelle locale, incluant le domaine transfrontalier, il existe une expérience partagée, que ce soit à travers un projet particulier ou simplement car le territoire est organisé de telle façon que les espaces, les institutions et les populations sont intimement connectés.
A titre d’exemple, le journal en ligne Voisins-Nachbarn, créé en 2021 avec la vocation de toucher une zone de diffusion plurielle, sur huit territoires différents, répartis entre la France, l’Allemagne, la Suisse, la Belgique et le Luxembourg, croise ainsi l’actualité de la Grande Région et du Rhin supérieur.
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