Ecart salarial entre les hommes et les femmes en Europe : la situation est toujours critique

, par Jérôme Flury, Marylisa Alemi

Ecart salarial entre les hommes et les femmes en Europe : la situation est toujours critique
Le Parlement européen à Strasbourg. Source : Wikimedia Commons

Le 13 janvier, au cours d’un débat en séance plénière à Strasbourg, les députés européens ont échangé leurs points de vue sur l’égalité de rémunération entre les genres en Europe. Et le constat est sans appel : en 2020, la situation est toujours critique.

Une femme présidente ! Le 22 janvier, la Grèce a connu une première historique avec l’élection dès le premier tour d’Ekaterini Sakellaropoulou à la présidence. De plus en plus de femmes accèdent à des postes importants au sein de l’Union européenne, et la part des femmes parmi les députés européens a encore augmenté après les dernières élections (41% désormais). Malheureusement, un (gros) problème subsiste : l’écart des salaires reste criant entre hommes et femmes dans l’UE.

Le principe d’égalité de rémunération existe dans l’Union européenne depuis 1957, grâce au Traité de Rome. Malgré cela, l’écart salarial persiste aujourd’hui. La Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait annoncé une nouvelle stratégie à ce sujet. Le lundi 13 janvier, premier jour de la première session plénière de l’année 2020 à Strasbourg, un débat a pris place au Parlement européen sur cette question.

L’égalité de genre dans l’Union européenne est à l’heure actuelle régie par la directive 2006/54/CE du Parlement européen et du Conseil du 5 juillet 2006, dont le Parlement européen a demandé - plusieurs fois - la révision.

Le problème de l’écart salarial est complexe. Celui-ci est mesuré comme étant la différence moyenne entre les gains horaires bruts des femmes et des hommes. Toutefois, ce calcul est loin de prendre en considération tous les facteurs, comme le nombre des heures de travail non rémunéré, par exemple. Même si l’écart de rémunération salariale varie selon les pays, celui-ci demeure une réalité au sein de l’UE.

Par ailleurs, l’interprétation des chiffres de cet écart est compliquée puisque, parfois, un faible écart de rémunération ne correspond pas à plus d’égalité mais à moins de femmes dans le monde du travail. C’est typiquement le cas de l’Italie, où l’écart de salaire est assez bas (5%), mais plutôt parce que les femmes ont tendance à effectuer beaucoup plus d’heures de travail non rémunéré.

Cette première plénière de l’année 2020 a été l’occasion d’un débat animé sur le sujet. La commissaire européenne Helena Dalli a clamé sa volonté de lutter contre ces discrimination : il existe au total un écart de rémunération de 16% en moyenne entre les femmes et les hommes dans l’Union européenne. La Maltaise a ainsi déclaré vouloir faire de nouvelles propositions pendant la première semaine de mars concernant la transparence salariale, en y introduisant notamment des mesures contraignantes. Plus de transparence, c’est également ce que souhaite Frances Fitzgerald (PPE), qui a insisté sur la nécessité de telles mesures.

L’Autrichienne Evelyn Regner (S&D), présidente de la Commission des droits de la femme et de l’égalité des genres a rappelé que l’Equal Pay Day (Journée de l’égalité salariale, tombée le 4 novembre l’an passé) était tout sauf un jour de fête et s’est émue qu’en 2020 encore les discriminations subsistent car « les femmes sont moins payées simplement parce qu’elles sont des femmes ». Même réaction de la part de Kira Marie Peter-Hansen (Verts-ALE), la plus jeune députée européenne (21 ans).

Autre groupe politique, autres arguments puisque la Française Sylvie Brunet (Renew Europe) a soulevé de son côté que s’il y avait plus de femmes sur le marché du travail, le PIB de l’Europe pourrait progresser de 42%. La députée a alors rappelé l’importance de mener des mesures plus sociales, notamment sur l’insertion des femmes dans le marché du travail.

Pour autant, les femmes ne sont pas « à protéger », ce qu’a souligné Isabella Tovaglieri (ID), au risque de les montrer plus fragiles et de ne pas reconnaître leurs compétences. La plupart des députés européennes qui ont pris la parole au cours du débat ont souligné les problèmes (accès plus difficile aux postes de direction, situation familiale complexe dans les cas de familles monoparentales, manque d’harmonisation des systèmes de rétribution) sans forcément dégager des solutions.

Les mesures que prendra Ursula von Der Leyen, première femme à occuper le poste de présidente de la Commission européenne, seront scrutées par les députés européens, qui s’accordent sur l’urgence de la situation. « Le fait que les femmes gagnent 23% en moins que les hommes est le plus grand vol de l’histoire », a scandé Isabella Tovaglieri (ID). Des solutions concrètes peuvent-elles émerger ?

Pour ce faire, les hommes, plutôt absents au cours de ce débat en plénière, devront également agir. Ils constituent en effet toujours la majorité des députés européens. Le chemin vers l’égalité sera encore long.

PS : Constatez par vous-même le nombre de prises de parole masculines :

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