Le scrutin a attiré à peu près la moitié des électeurs concernés avec une participation de 51%. Nous assistons pour la deuxième année consécutive à une hausse de la participation au suffrage européen, et donc pour une deuxième année consécutive à la baisse de l’abstention en Europe.
Un succès du bloc de droite
Les grands gagnants du scrutin européen ont été, et de loin, les partis et groupes politiques européens se trouvant à droite de l’hémicycle. Ainsi, le Parti populaire européen (PPE) de centre-droit a réussi son pari et conserve le titre de premier parti en récoltant près d’un quart des voix, soit 186 sièges. La droite classique a, dans la plupart des États membres, choisi pendant la campagne d’adopter des propositions plus radicales, généralement empruntées à l’extrême droite et à la droite radicale. Ce style de campagne n’a d’ailleurs pas empêché la droite radicale de progresser, tout comme l’extrême droite. La première, avec le groupe des Conservateurs et Réformistes européens (ECR), décroche 70 strapontins, faisant du groupe ECR le groupe ayant conquis le plus de nouveaux sièges au Parlement. La seconde, l’extrême droite du groupe Identité et Démocratie, a réussi à maintenir ses positions avec 60 sièges.
La gauche, incarnée par les sociaux-démocrates du groupe S&D et des socialistes radicaux et apparentés du groupe The Left, a réussi à se maintenir malgré un contexte où les partis socio-démocrates sont désavoués par la plupart des électeurs européens. Le groupe S&D conserve ainsi sa deuxième place avec 133 sièges, tandis que The Left garde 36 des 38 sièges qu’il possédait entre 2019 et 2024.
La débandade des libéraux et des écologistes
Les grands perdants de ce scrutin sont les groupes des écologistes et des libéraux. Tandis que le premier, celui des Verts-ALE, a perdu 21 sièges pour en conserver de justesse 53, le second, le groupe Renew, a perdu 16 sièges, se stabilisant à 82 députés.
La raison est à chercher dans l’effondrement des partis écologistes en Europe occidentale, et plus particulièrement en Allemagne et en France. De chaque côté du Rhin, les électeurs ont souhaité sanctionner une écologie politique qui n’a pas su se renouveler alors que la défense de l’environnement s’est étendue aux programmes de l’ensemble des partis de gauche et du centre, et alors que cette thématique ne s’est quasiment pas entendue dans la campagne. En France, les Écologistes passent de 12 à 5, tandis qu’en Allemagne, soumis également à l’usure du pouvoir, les Grünen passent de 21 à 15 députés.
Pour les libéraux, c’est principalement la défiance des électeurs à l’encontre des partis libéraux nationaux qui a fait chuter le groupe. En France, les libéraux menés par Valérie Hayer s’écroulent en raison du mécontentement des Français quant aux sept ans de présidence Macron : le parti passe de 23 sièges en 2019 à 15 sièges en 2024. Poussant le Président Emmanuel Macron à demander la dissolution de l’Assemblée nationale. En Espagne, le parti Ciudadanos qui avait remporté plus de 12% des voix et 8 députés, disparaît littéralement. Cette année, avec à peine 1% des voix, le parti n’enverra pas de représentants au parlement de Strasbourg.
Nouveau Parlement, nouveaux équilibres ? Pas si sûr !
Est-ce que la nouvelle disposition du Parlement européen changera quelque chose aux équilibres de l’Union ? Il est encore trop tôt pour le savoir. Mais il est fort possible que les équilibres de l’Union, généralement votées par un grand centre réunissant le PPE, Renew, les Verts et les S&D, restent tel quel. En effet, la mutation des équilibres dépendra de la direction choisie par le PPE, devenu parti pivot : choisira-t-il de conserver la majorité au centre, ou décidera-t-il de se tourner vers d’autres partenaires siégeant à sa droite ?
Avant d’avoir la réponse, cet été, les partis vont négocier dans tous les sens afin de déterminer quelle position ils adopteront durant cette législature, et à quel groupe ils appartiendront. Suite à ces multiples tractations, les partis, au sein de groupes plus ou moins définis, devront soutenir ou non les différentes personnalités proposées par le Conseil des chefs d’État et de gouvernement aux postes des top jobs : Présidence de la Commission, Présidence du Conseil, Présidence du Parlement et Haute représentation de l’Union européenne aux affaires étrangères.
Cela sera le premier test pour un Parlement européen qui n’a jamais été aussi à droite.
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