Des élections législatives aux allures de vote de confiance
Kyriakos Mitsotakis, Premier ministre grec depuis quatre ans, a réussi son pari. Comme l’avaient prévu les sondages, son parti politique, Nouvelle Démocratie (Νέα Δημοκρατία), a obtenu une majorité absolue des suffrages avec 40,5% des voix. Une majorité absolue de 158 des 300 sièges de la Voulí, le parlement monocaméral hellénique, qui permettra pour les quatre ans de mandat à venir d’assurer une liberté de gouverner au Premier ministre sortant.
Par ce vote, les Grecs ont choisi la stabilité en reconduisant Nouvelle Démocratie au pouvoir, cela malgré les scandales à répétition qui ont éclaboussé le gouvernement. En effet, l’année dernière, l’affaire des écoutes de certains membres de l’opposition avaient mis en cause directement le Premier ministre. Puis, le déraillement du train Thessalonique-Athènes qui a causé 57 morts et le naufrage d’une embarcation de personnes migrantes qui a fait perdre la vie à plus de 500 personnes, sont venus assombrir le bilan de Kyriakos Mitsotakis.
Toutefois, c’est bel et bien de la « stabilité politique » qu’a démontré une partie des Grecs, comme nous l’explique une jeune électrice de Nouvelle Démocratie. Pour cette dernière, « personne n’aurait géré notre pays pendant ces quatre années mieux que lui [K. Mitsotakis] ». Les électeurs avaient déjà eu à se prononcer, il y a un mois, lors des élections de mai. Faute de majorité absolue, les électeurs ont été de nouveau appelés aux urnes. Le parti majoritaire à ces nouvelles élections devait obtenir des sièges supplémentaires. Sièges supplémentaires qui ont permis à Nouvelle Démocratie d’obtenir seule la majorité, alors que le parti avait déjà obtenu plus de 40% des voix aux élections de mai. « Mon opinion n’a pas changé en un mois » nous confie une électrice dont le constat est partagé par la très grande majorité des votants que nous interrogeons.
Des oppositions divisées qui ont peiné à mobiliser
Une opinion inchangée, résultat d’une opposition divisée et n’arrivant pas à capitaliser sur les drames et scandales qui ont secoué le gouvernement Mitsotakis.
Syriza, le parti de gauche radicale de Alexi Tsipras, a bien essayé de capitaliser sur ces failles, notamment à l’image de Kostas Arvanitis qui a dénoncé par ces mots Nouvelle Démocratie : « les avis divergents au gouvernement de droite sont bâillonnés et surveillés ». Un pari qu’à moitié gagnant puisque le parti n’obtient que 17,8% des voix. Faisant certes de lui le premier parti d’opposition mais bien loin du gagnant et de ses plus de 40%. Campagne d’autant plus plombée par un scandale sexuel visant un eurodéputé du parti.
La radicalité du parti s’est heurtée à ses nombreux déçus dont certains lui ont préféré le Pasok, de centre gauche. Le parti a progressé de 0,4 point atteignant les 11,9% des voix et se hissant ainsi à la troisième place avec 41 députés. Les électeurs déçus de Syriza et défiants d’un Pasok vu comme un parti corrompu ont préféré quant à eux voter en faveur d’une offre pléthorique de petits partis progressistes. C’est le cas d’un électeur pour qui la préférence va au Cap sur la liberté (Πλεύση Ελευθερίας), un petit parti de gauche radicale anti-système : « C’est quelque chose de différent et de nouveau par rapport aux anciens partis ».
Parmi ceux-ci, seul le Parti communiste grec (KKE, 7%) a réussi à franchir la barre des 3% nécessaires pour rentrer à la Voulí. La division s’est avérée fatale pour de nombreux partis progressistes et qui a permis à deux partis de droite radicale et d’extrême droite de rentrer au parlement : Spartiates et Solution hellénique avec respectivement 13 et 12 députés. Une division qui est aussi le syndrome d’une classe politique qui a du mal à se renouveler, comme nous le confie un électeur à l’entrée du bureau de vote :
« Je ne voulais pas apporter mon soutien à un des grands partis. Pour moi, ils ont été au pouvoir pendant des décennies et rien de bien n’a été fait pour les Grecs ».
Une amertume qu’il revient au Premier ministre sortant et réélu de tenir compte s’il ne souhaite pas voir prospérer de nouvelles forces sur sa droite, qui ont progressé, habituées à se servir du ressentiment politique des électeurs désabusés.
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