Espagne : gauche et droite au coude-à-coude !

, par Alexis Vannier

Espagne : gauche et droite au coude-à-coude !
Inauguration des Cortes generales Source Pixabay

Après la Suède, la Finlande et la Grèce, les élections générales espagnoles marquent une nouvelle victoire pour la droite en Europe. Et, comme dans les deux pays scandinaves, la gauche pourrait être remplacée par une coalition des forces conservatrices et de droite radicale. Néanmoins, la majorité sortante s’en est mieux sortie que prévu.

Cela faisait plus d’un an que les sondages le prédisaient : le Partido Populare (PP) remporte ces élections générales en Espagne. Avec un tiers des voix, il réalise son meilleur score depuis 2016 et 136 sièges lui sont attribués, sur les 350 que compte le Congrès des députés. Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), au gouvernement, inverse la tendance promise par les sondages : avec 31,7% des voix, il parvient à grignoter des sièges : 2 socialistes rejoignent ainsi leurs 120 collègues. L’ultra-droite de Vox perd du terrain : troisième du scrutin, il perd près environ 600 000 voix par rapport à 2019 en recueillant 12,39% des voix et 33 députés (soit 19 de moins qu’en 2019). Très légèrement derrière arrive Sumar, une nouvelle coalition de gauche progressiste et écologiste regroupant notamment Podemos, mais également des nationalistes asturiens, des républicains andalous et des féministes canariens. 12,31% des électeurs lui ont accordé leur confiance, lui assurant 31 représentants. Viennent ensuite les nombreuses formations régionalistes notamment catalanes ou encore basques, qui représentent environ 8% des voix et 28 sièges aux Cortès. À noter la disparition de nombreuses de ces petites formations, oblitérés par les partis nationaux. Ces sièges s’avèrent souvent les faiseurs de roi des coalitions gouvernementales. À noter également la disparition pure et simple du parti de centre-droit, Ciudadanos, l’ “En Marche” version espagnole. Anéanti dans les sondages, le parti n’a même pas participé aux scrutins. Quand on compare son score de 2019 (7%) à l’évolution du score du PP (+12%), on comprend la déception des conservateurs, qui espéraient faire beaucoup plus que siphonner le centre-droit orphelin.

Même ordre de grandeur au Sénat, élu directement lui aussi. Le PP comptera 120 sénateurs, et le PSOE 72. Vox perd ses deux sièges.

Cette nouvelle donne législative, annoncée depuis des mois, risque néanmoins de perdurer : les négociations que devront mener PP et Vox pour former un gouvernement très à droite s’annoncent longues et surtout périlleuses pour les conservateurs qui risquent de perdre en crédibilité. Les jeunes coalitions suédoise et finnoise illustrent bien les risques d’un pacte avec la droite radicale.

En parallèle, le PSOE pourrait se maintenir au pouvoir en réunissant toutes les gauches ainsi que les partis régionaux, pour qui Vox est un véritable repoussoir.

Une campagne très politique

Ces élections avaient été appelées de manière anticipée par le Premier ministre Pedro Sánchez à la suite de la vague bleue conservatrice qui a submergé les élections locales en mai dernier, le PP remportant 10 des 14 scrutins régionaux, et une très confortable majorité des grandes villes du pays. Cette dissolution rapide prononcée à peine deux heures après l’annonce des résultats par le Premier ministre, répondait alors à plusieurs objectifs : changer très vite de sujet pour ne pas laisser le temps aux adversaires de savourer leur victoire, éviter l’hémorragie à gauche ainsi qu’une campagne longue et assurément douloureuse (la date initiale était fixée en octobre), mais surtout forcer le PP à dévoiler son jeu en trouvant des accords de coalition gouvernementale avec Vox et poser le PSOE en rempart contre l’extrême-droite.

Brusqué par les délais, les partis de gauche ont réussi à intégrer une plateforme commune, Sumar, initiée par la ministre du travail, la communiste Yolanda Diaz, qui a mené de nombreuses réformes du travail protégeant les droits des travailleurs.

La campagne prend alors une dimension très politique, les partis se préparant déjà aux négociations gouvernementales. De plus, la date des élections interroge : un scrutin en plein été, alors que de nombreux espagnols se prélassent sur les rives méditerranéennes et que le pays des corridas assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Les 70,4% de participation (en augmentation de 4 points) prouvent néanmoins la mobilisation des juilletistes. Quelle légitimité néanmoins pour un gouvernement sortant (et possiblement sorti) d’assurer une présidence européenne ? D’autant que l’Espagne inaugure un nouveau trio de présidence avec la Belgique et la Hongrie, qui posent chacun à des degrés divers, des questions sur la stabilité et la pertinence de leurs projets européens.

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