Frans Timmermans : en 2017, reprenons notre futur en main !

, par Frans Timmermans

Frans Timmermans : en 2017, reprenons notre futur en main !
Frans Timmermans : « Défendons nos valeurs communes comme l’Etat de droit, la démocratie et les droits de l’Homme. » © European Union 2016 - European Parliament /Flickr / CC BY-NC-ND 4.0 - Lizenz

Le terrible récent attentat terroriste de Berlin a jeté une ombre funeste sur les fêtes de fin d’année. Pour les familles et les proches des victimes, 2016 restera à jamais une année de deuil. Dans de tels moments, il est difficile de regarder de l’avant en espérant que l’avenir sera meilleur mais je nous exhorte à le faire. Car perdre espoir, c’est renoncer et laisser la victoire à ceux qui attaquent notre modèle de société ouverte. Et cela nous ne pouvons pas le tolérer.

Traduit depuis l’anglais par Jean-François Rey.

L’année prochaine, nous célébrerons le 60ème anniversaire du Traité de Rome. En 60 ans, le monde a énormément changé, tout comme l’Europe. Ceux des générations qui ont connu et ont souffert des forces dominantes de l’intolérance, de la xénophobie, de l’antilibéralisme et de la guerre sont déjà presque tous morts.

Frappés par des crises multiples, les gens ne savent plus ce que demain leur réserve. Ils se demandent si les systèmes politiques qu’ils connaissent sont toujours à même de faire face à la mondialisation et de les protéger des défis et menaces que provoquent les migrations, la crise financière, le terrorisme, le changement climatique et la disparition d’emplois. 

Les hommes politiques de la nouvelle ère « post-vérité » jouent sur cette frustration et cette peur. Ils colportent des politiques d’intolérance, de xénophobie et d’antilibéralisme, et aimeraient défaire l’Union Européenne si seulement ils en avaient l’occasion.

En voici la preuve. Après le référendum britannique et les élections américaines, voilà ce que l’on pouvait entendre : « Je suis le peuple » ou « Nous sommes la nation ». Comme si le reste du monde avait soudainement disparu, comme si « les autres » ne comptaient désormais plus. La Grèce antique avait bien compris que la démocratie consistait surtout à montrer du respect envers les minorités plutôt que d’imposer la volonté de la majorité. Elle avait compris que la majorité d’aujourd’hui serait la minorité de demain, et vice-versa. Il nous reste encore bien des choses à apprendre d’elle.

C’est bien de se plaindre des populistes nationalistes, mais cela ne nous mènera à rien si nous n’agissons pas. Par exemple, dénoncer les mensonges est une chose, défendre des valeurs en est une autre. Dialoguer, surtout quand on est en désaccord, est essentiel, et la démocratie c’est aussi s’assurer qu’il n’y aura aucun laissé pour compte.

La question c’est de savoir comment traiter les défis auxquels nous sommes tous confrontés en Europe. Pour moi, il existe deux types d’États membres : les petits, et ceux qui n’ont pas encore compris qu’ils étaient petits. Quand on parle de sécuriser les frontières extérieures, de s’attaquer au crime organisé et au terrorisme, de combattre la pollution de l’air, de la terre et de l’eau, de créer de la croissance et des emplois de façon équitable, les gens, dans leur grande majorité, comprennnent qu’aucun pays européen n’est assez grand pour protéger ou fournir ces biens publics tout seul.

Oui, certains disent : « On n’aime pas ces technocrates qui n’ont pas été élus et qui, de cette Bruxelles lointaine, nous dictent ce que nous devons faire » Mais l’Union Européenne, ce n’est pas Bruxelles. Ce n’est pas non plus la Commission ou le Parlement. Ces derniers ne sont que des outils. En fait, l’Europe, ce sont tous les États membres. L’Europe, c’est nous tous, et nous faisons tous partie de la même Union. Non pas à cause d’un quelconque rêve utopique, mais parce que tout au long de notre histoire, nous avons appris à nos dépens que cette Union est encore notre meilleure réponse aux défis du monde.

Donc si pour 2017, nous ne voulons pas subir l’équivalent politique du film Very Bad Trip -se réveiller un matin par terre avec un tatouage géant sur le visage et un tigre dans la salle de bain, en se demandant ce qui a bien pu se passer- il faut agir.   Ne restons pas sans rien faire dans les lumières de la politique de l’ère post-vérité, mais appelons-la par ce qu’elle est vraiment.

Défendons nos valeurs fondamentales telles que l’État de droit, la démocratie, les Droits de l’Homme. Défendons la décence humaine.

Les derniers attentats terroristes nous rappellent qu’il est difficile de défendre une société ouverte. Il y aura des revers. Néanmoins, j’ai de grandes espérances pour 2017 et après, parce que notre façon de vivre est la meilleure espérance pour une société ouverte. J’ai de grandes espérances, car les nouvelles générations sont en meilleure santé, plus intelligentes et sont plus connectées que jamais dans l’histoire de l’Europe. Je les rencontre et discute avec elles dans toutes les villes d’Europe, et j’en reviens toujours plus inspiré. Je suis convaincu que si elles exploitent toute leur énergie et leur espoir, et qu’elles les traduisent en actions politiques, leur voix et leur influence pèseront très lourd. Voilà pourquoi j’y crois fermement, et pourquoi j’ai hâte de voir arriver 2017.

Versions allemandes & anglaises à retrouver sur Treffpunkt Europa : http://www.treffpunkteuropa.de/gastbeitrag-von-frans-timmermans-fordern-wir-2017-unsere-zukunft-zuruck

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