Un drapeau européen brandi comme symbole de la résistance citoyenne. Alors que des milliers de manifestants envahissent les rues depuis l’annonce des résultats des élections législatives, l’opposition dénonce un scrutin truqué, et la Géorgie semble s’éloigner un peu plus de son intégration européenne.
Samedi 26 octobre, les Géorgiens étaient appelés aux urnes dans le cadre des élections législatives - déterminantes pour la composition du gouvernement. Le parti « Rêve géorgien » est à nouveau sorti vainqueur des élections législatives, avec 54,08% des voix, selon la commission électorale, qui a par ailleurs rapporté un taux de participation de 58%.
« A nouveau », car la formation politique emmenée par l’oligarque Bidzina Ivanichvili est déjà au pouvoir depuis 2012. L’homme d’affaires russes était revenu en Géorgie dans les années 2000 pour s’engager en politique et fonder le parti « Rêve géorgien ». Depuis son ascension au pouvoir il y a douze ans, son gouvernement a fait adopter plusieurs lois restreignant les libertés des citoyens, et rapprochant le pays de la Russie.
Des textes de loi inspirés par le Kremlin
Deux textes en particulier semblent inspirés de loi russes, dont celui sur « les agents de l’étranger », adopté en mai dernier, qui permet au gouvernement en place de museler les citoyens et la société civile, en restreignant notamment les financements étrangers reçus par les organisations non gouvernementales (ONG). En réaction, l’Union européenne a décidé de suspendre la procédure d’adhésion de la Géorgie.
Ces derniers mois, le parti s’est notamment fait remarquer en menant une campagne électorale mettant en garde d’une « expansion » de la guerre en Ukraine sur le territoire géorgien. Mais au-delà de l’objectif affiché de préserver la paix, le « Rêve géorgien » a promu la position et les valeurs de la Russie, et n’a pas participé aux sanctions internationales après le déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022.
Le gouvernement pro-russe, influencé de facto par Ivanichvili (bien qu’il ne soit plus Premier ministre depuis 2013), a également fait voter plusieurs lois conservatrices, proches de Moscou, dont celle sur « les valeurs familiales », qui restreint largement les droits des personnes LGBTQI+, et marque un nouvel éloignement avec l’Europe occidentale. Ce discours anti-occidental se retrouve par ailleurs dans le discours de Bidzina Ivanichvili, qui qualifie l’Occident dans son ensemble comme « parti mondial de la guerre ».
Un scrutin marqué par de nombreuses fraudes
La victoire aux élections législatives est assez nette pour le « Rêve géorgien »… Mais ce scrutin pourrait avoir été truqué, à l’aide de « fraudes généralisées », selon les analyses d’un institut de sondage et une organisation d’observateurs électoraux sur place. Le parti au pouvoir est notamment accusé d’avoir acheté des voix dans les bureaux de vote locaux, et d’avoir soumis les électeurs à des pressions pour influencer leur vote. Les observateurs internationaux ont eux aussi constaté des irrégularités lors du scrutin, et la Commission européenne a demandé une enquête sur le déroulement du vote.
La semaine dernière, le Premier ministre Irakli Kobakhidzé a promis que « l’intégration européenne » restait la « principale priorité » de Tbilissi. Mais la présidente du pays, Salomé Zourabichvili, opposée au gouvernement, affirme que la Géorgie a été victime des pressions exercées par Moscou, et ne reconnaît pas la légitimité du scrutin. Les partis d’opposition ont quant à eux appelé à poursuivre les manifestations tous les jours depuis mardi 5 novembre.
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