19 ministres autour de la table
Les deux « camps » ont prouvé depuis les six derniers mois leur incapacité à dépassionner le sujet pour arriver à une solution.
Le gouvernement hétéroclite de Tsipras a dépensé toute son énergie à défendre une position radicale pendant que l’économie de son pays, qui commençait à retrouver quelques couleurs dans cette conjoncture mondiale un peu meilleure, a replongé soudainement : stagnation, déficit primaire de l’Etat, etc.
Les acteurs côté européen, aussi nombreux qu’aux opinions différentes, apparaissent tout aussi inadaptés à la situation. Nous avons un amas d’Eurogroupe (c’est-à-dire 19 ministres des Etats de la zone euro), des prises de parole et consignes d’autant de chefs d’Etat et des commissaires européens. Le tout arrosé d’une sauce de FMI, partie prenante également du problème global de la dette.
Là où il devrait y avoir une négociation avec seuls un chef d’Etat grec et un représentant européen avec une légitimité démocratique, il y a ce bazar caractéristique du fonctionnement européen actuel.
Un problème de gouvernance européenne ?
Comment peut-on arriver à une solution quand il faut concilier autant de points de vue et qu’aucune voix n’a vraiment autorité sur les autres ? Ceci met en lumière une fois de plus le problème d’organisation de l’Union Européenne et en l’occurrence, du cercle « zone euro » dans cette union. Si l’Europe avait une seule voix, celle issue des élections européennes où participent l’ensemble des citoyens européens sans exception (y compris les Grecs), si elle avait autorité sur les chefs d’Etat membre dès lors que ceux-ci font appel à de l’argent européen, tout ceci aurait probablement été évité.
Dans ce scénario et avec une approche pragmatique, les Grecs auraient montré en portant Syriza au pouvoir, leur volonté d’être soulagés du poids de la dette, l’Europe aurait acté que cette dette insoutenable doit être réduite, ou au moins réduire les intérêts versés chaque année. Ceci n’aurait rien coûté à personne car la BCE aurait le pouvoir d’effacer cette dette sans conséquence cataclysmique. En échange, l’Europe pourrait imposer un certain nombre de mesures ou au moins d’objectifs pour retrouver la voie de normalisation des finances grecques et de son économie.
La Grèce, un pays particulier
La Grèce n’est pas l’Irlande, le Portugal ou l’Espagne. Il faut la reconnaître comme cas particulier. Avec ce postulat, on ouvre la porte à des solutions non conventionnelles sans risque de contagion, c’est-à-dire sans revendications d’autres Etats membres. La Grèce a montré qu’elle avait déjà beaucoup payé et fait des efforts, économiquement et humainement. Aucun autre pays n’envie son sort. Même si il reste à faire, ne serait-ce que dans son organisation (cadastre, etc.), il est temps de tourner la page une bonne fois pour toute. Les peuples sont tous fatigués de ce feuilleton interminable et aimeraient que nos dirigeants politiques à tous puissent consacrer leur énergie à des sujets plus importants et plus difficiles à résoudre.
Suivre les commentaires : |