« Après tous ces mois de confinements, cela fait vraiment plaisir de voir autant de gens amassés autour de la carte géante pour jouer avec les pays et les capitales de l’Europe ». Caroline Laforgue, responsable du pôle évènementiel et militantisme au sein des Jeunes Européens – Strasbourg, volontaire en service civique au CIIE et chargée du projet de l’Eurobus, ne cache pas sa satisfaction. Il est en effet très plaisant de revoir des actions de rue – et non sur ZOOM ! – pour sensibiliser les citoyens aux enjeux européens.
Il est pourtant évident que l’Eurobus n’aurait pas pu voir le jour sans battre le pavé, ou plutôt sillonner les routes, de l’Eurométropole de Strasbourg, l’agglomération rassemblant la capitale européenne et une trentaine de communes alentours. Durant le mois de mai tantôt ensoleillé, tantôt pluvieux, les bénévoles de l’association, ainsi que certains membres du Mouvement Européens – Alsace ont multiplié les actions dans différents lieux municipaux avec de multiples actions pédagogiques, comme des jeux et des quiz sur la carte géante de l’Europe. Le projet a également été coorganisé par le CIIE, situé au « Lieu d’Europe » à deux pas des institutions européennes.
Le circuit de l’Eurobus a été le suivant : après une étape inaugurale à Holtzheim, les bénévoles ont pu visiter Oberschaeffolsheim le jour de la fête de l’Europe, Hangenbieten, le quartier strasbourgeois de Hautepierre, Schiltigheim, Bischheim, le quartier strasbourgeois de Cronenbourg, et pour se terminer au Village des associations dans la cour de l’hôtel de ville de Strasbourg.
Passants et élus au rendez-vous
Signe que l’Europe continue d’attirer, notamment si celle-ci investit l’espace public, de nombreux curieux, petits et grands, se sont amassés autour des stands préparés pour l’occasion. L’ambiance était bien sûr très agréable et les questions sur l’Union européenne et l’intégration politique n’ont pas manqué de fuser. « L’Eurobus était une belle aventure qui a permis l’organisation pour la première fois de la fête de l’Europe dans de nombreuses communes […] pour un public curieux et éloigné de la citoyenneté européenne qui ne serait pas venu spontanément à une conférence sur les institutions européennes dans le centre-ville de Strasbourg » se félicite Peio Dugoua-Macé, vice-président des Jeunes Européens – France, et ancien président de la section locale strasbourgeoise. En tant que trésorier du Mouvement Européen - Alsace, il a également beaucoup travaillé sur le projet.
Un constat partagé par sa successeuse à la présidence des Jeunes Européens – Strasbourg, Andreea Camen : « l’Eurobus a été un bol d’air pour les bénévoles des trois associations porteuses de l’évènement. Cela faisait plus d’un an que nous n’avions plus été à la rencontre directe des citoyens. Rencontrer passants et élus, et se retrouver entre bénévoles a fait office pour moi de thérapie et m’a permis de retrouver le sens premier que j’ai donné à mon engagement : parler d’Europe à tous ».
L’aspect vulgarisateur et inclusif des manifestations ont également attiré de nombreux élus du territoire de l’Eurométropole, comme Pia Imbst sa présidente, la Maire de Strasbourg Jeanne Barseghian et Céline Geissmann, adjointe dans la même ville, la Maire de Schiltigheim Danielle Dambach, les adjoints Hélène Fleurival, Bertrand Furstenberger et Bruno Michel pour la ville d’Holtzheim, l’adjointe Anne-Marie Knapp à Oberschaeffolsheim, ou encore l’adjointe Danielle Meyer à Hangenbieten.
L’Europe concrète a encore du mal à percer
Malgré le bilan très positif de cet évènement fabuleux, il ne faudrait pas oublier toute la difficulté de nos associations à mobiliser une base citoyenne suffisamment forte pour rendre les thématiques européennes encore plus présentes dans le débat public. Même dans une ville comme Strasbourg, les médias locaux ne parlent pas suffisamment d’Europe, et quand ils le font en ce moment, c’est surtout pour fustiger les fermetures de frontières en période de pandémie ou pour regretter l’absence des députés européens à Strasbourg. Des gros titres bien négatifs, donc.
L’Europe concrète, c’est pourtant bien plus que cela : c’est l’ensemble des projets de coopération transfrontalière, financés ou non par le fonds européen INTERREG, c’est la possibilité d’étudier dans tout le Rhin supérieur grâce au GECT Eucor – le Campus européen, c’est une offre de transport – certes encore lacunaire – permettant de rallier plusieurs pays en seulement deux ou trois heures.
Nous sommes actuellement en plein entre-deux-tours des élections régionales. Alors que le débat des candidats à la présidence de la Région Grand Est aurait pu tourner largement autour de la coopération européenne et de l’insertion de la Collectivité européenne d’Alsace dans l’ensemble régional et transfrontalier, celui-ci est resté obsédé par les thématiques sécuritaires, une thématique dans laquelle les régions ont assez peu de pouvoirs.
Le projet de l’Eurobus, tout comme le projet du Y-FED qui vient de se terminer, sont donc des initiatives associatives absolument essentielles pour la vivacité d’un débat européen sain, une chose absolument essentielle dans la capitale européenne qu’est Strasbourg.
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