C’est en effet toute une série de crises qui ont marqué et qui marquent encore aujourd’hui fortement l’action et la politique de l’UE depuis le début des années 2000. Car même si le processus de création, de mise en place et de décision du fonctionnement de l’UE ont été longs, difficiles et semblaient parfois ne jamais pouvoir aller à son terme, la succession de crises qu’a connu l’UE ces dernières années revêt un caractère très particulier et surtout nouveau, inconnu jusqu’alors.
Cette série de crise débute évidemment en 2008 par la crise économique mondiale qui n’évite pas les pays membres de l’UE allant même jusqu’à mettre en péril la monnaie européenne mise en circulation seulement moins d’une dizaine d’années plus tôt. Alors que la situation de la Grèce, asphyxiée et au bord du gouffre, faisait tanguer le bateau européen, suivi de près par une situation de plus en plus préoccupante en Espagne et en Italie, l’UE a dû rechercher des solutions et débuter la mise en place d’une « politique de l’évènement » [1], qui consiste entre autres à s’adapter à une solution actuelle, à improviser. On peut remarquer et comprendre l’adoption de cette doctrine en regardant les traités européens qui ne laissaient apparaître aucune solution en cas de crise majeure au sein de l’UE. Les États membres ont donc dû par eux-mêmes trouver des solutions pour sortir de la crise.
C’est ce qui est fait une première fois en 2010 avec le fonds européen mis en place, puis en 2012 avec le pacte bancaire. Il aura donc fallu être patient et innover pour voir l’UE commencer à trouver des portes de sorties sur la crise la plus importante de son histoire, échappant parfois de peu à une chute complète de l’ensemble de sons système monétaire.
La seconde crise marquante survient quelques années plus tard avec le déclenchement de ce qu’on a appelé la crise ukrainienne, avec le retour de la guerre sur le sol européen. Lorsque l’Ukraine, alors divisée entre une forte attirance européenne et une partie davantage tournée vers la Russie, se voit annexer par cette dernière la région entière de la Crimée, l’UE se doit de réagir et est donc de nouveau confrontée à une crise, cette fois-ci sur le plan géopolitique. Mais la situation en Ukraine étant complexe, il fut difficile pour l’UE de réellement s’imposer et d’arriver à sauvegarder la paix. Son action, et notamment les sanctions économiques à l’égard de la Russie, a davantage servi à tenter d’endiguer une situation plus que de la résoudre.
C’est aussi comme cela qu’apparaissent plus clairement les difficultés éprouvées par l’UE sur le plan géopolitique. Et ces difficultés vont d’ailleurs très rapidement se montrer encore plus préoccupante puisqu’à peine un an après débute une autre crise géopolitique mais impliquant désormais le territoire des états membres avec le début de la crise migratoire. Face à des millions de demande d’asiles, l’UE a été mise en difficulté comme rarement. Elle a dû faire face à un problème tout en affrontant des divisions et des clivages très fort en son sein, entre des pays qui n’ont pas eu et qui n’ont toujours pas la même vision sur les solutions à apporter ou non.
Consciente de la gravité du problème, l’UE a quand même essayé, peut-être trop faiblement, de répondre présente. Elle n’avait d’ailleurs pas le choix puisque le problème venait toquer aux portes de son propre territoire. De la politique des quotas au pacte avec la Turquie, l’UE a certes encore une fois appliquer une politique de l’événement mais a surtout cherché à limiter la casse face à une crise qui vient une nouvelle fois la bousculer après deux premières étapes difficiles. A l’heure actuelle, bien que le plus difficile semble passé, cette crise est encore ouverte et continue de souligner la remise en question de l’unité globale des états membres qui semblent sur cette question plus que jamais divisés.
Cette division entre pays membres de l’UE se retrouve encore plus clairement avec la décision du Royaume-Uni de quitter le navire entraînant encore une fois l’UE face à des enjeux et des problématiques nouvelles. Alors que cette nouvelle crise n’est toujours pas définitivement résolue aujourd’hui, ce début de siècle nous a montré que même si l’UE semble parfois divisée rendant parfois les décisions complexes voire inefficaces, elle a su s’adapter, improviser et résister, s’érigeant encore aujourd’hui comme le modèle le plus accompli d’intégration internationale.
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