L’Irlande, symbole d’un renouveau du projet européen ?

, par Robin Alves

L'Irlande, symbole d'un renouveau du projet européen ?
The Liffey river, Dublin, Irlande. - Giuseppe Milo www.pixael.com

Pays de 4,6 millions d’habitants, la République d’Irlande est membre de l’Union européenne depuis 1973. Connaissant une forte croissance depuis le début des années 1980, le pays a subi de plein fouet l’explosion de la bulle spéculative immobilière. En 2010, son déficit public a atteint 32,4 % du PIB pour un taux de chômage supérieur à 14 % de la population active. Un plan de 3 ans fut établi pour réajuster les finances du pays. Aujourd’hui, si l’Irlande semble sortie de la crise, elle reste toujours sensible. Son renouveau devra s’incarner dans une nouvelle ambition européenne.

L’Irlande, l’histoire d’une expansion insolite

Depuis l’adhésion de l’Irlande à la Communauté Européenne, la qualité de vie des habitants s’est nettement améliorée. L’économie de marché a permis d’ouvrir l’économie irlandaise à divers partenaires commerciaux dans le monde entier. Point fort du pays, le secteur alimentaire est désormais un important moteur de croissance. Le peuple irlandais bénéficie également d’un meilleur accès à l’éducation, d’un réseau de transport amélioré, d’un environnement plus propre et d’une réduction du coût de la mobilité. Autant les marchandises que les personnes peuvent se déplacer librement, intensifiant les opportunités d’emplois et de commerces. Depuis 1973, environ 700 000 emplois ont été créés et les échanges ont été multipliés par 90.

L’Irlande a également profité d’aides concernant l’agriculture et les régions. 60% de la superficie du pays est consacrée à l’agriculture. La Politique Agricole Commune (PAC) a permis d’ouvrir le marché sans entrave. Entre 2007 et 2011, le pays a connu un excédent de 9 milliards d’euros dans le commerce des produits agro-alimentaires. Mais l’Irlande s’est aussi développée dans d’autres domaines comme la recherche et l’innovation mettant à profit le financement de l’Union sur des défis tels que le cancer ou les émissions de carbone. Dans l’éducation, le programme Erasmus a des racines irlandaises, lancé par l’ancien commissaire Peter Sutherland en 1985. Environ 2000 Irlandais partent chaque année. Dans le monde du travail, on observe une plus grande féminisation de la main d’œuvre passant de 34% en 1973 à 56% en 2011. Des avancées sont notables dans les salaires. Enfin, l’Irlande a un faible taux d’imposition sur les sociétés de 12,5% dans une moyenne européenne à 23,5%. La France étant à 33,3%. Cette fiscalité avantageuse attire de multiples investissements étrangers et de nombreuses multinationales s’y installent.

Ainsi, entre 1996 et 2006, le taux de croissance du PIB s’établit à 7,5%, le triple du taux moyen de l’Union européenne. L’Irlande est surnommée le Tigre celtique. Tout paraissait pour le mieux et pourtant, en 2010 le pays va s’appuyer sur une aide internationale massive subissant la crise.

L’Irlande, un pays à l’économie sensible

L’installation des multinationales a permis un gonflement du secteur bancaire surdimensionné par rapport à l’économie réelle. Les ménages ont obtenu de nombreux prêts dans le secteur immobilier. Le pays s’est endetté, l’économie s’est déréglementée. La crise financière a révélé toutes ces faiblesses. Le système bancaire en faillite, le taux de croissance a rapidement diminué. L’Etat a du recapitaliser les banques à hauteur de 46 milliards d’euros et demander l’aide de l’Union européenne.

Un plan de sauvetage de 85 milliards d’euros fut adopté en novembre 2010. En contrepartie, le pays a du accepter des coupes budgétaires et une hausse de sa fiscalité par une taxe sur la valeur ajoutée. La plan fut drastique, mais les Irlandais ont du accepter ces politiques. Malgré le sentiment d’injustice, les manifestations furent rares. Les caisses de retraite ont été dévalisées, les prestations sociales réduites et de nombreux hôpitaux ont fermés. Récemment, nous avons assisté à des manifestations contre l’imposition d’une redevance sur l’eau courante, jusque-là gratuite en Irlande.

L’Irlande a trouvé son salut dans ses exportations. La politique de l’export, principale politique depuis 1980, a permis un redressement plus rapide du pays en comparaison avec la Grèce ou le Portugal. De fait, le 15 décembre 2013, l’Irlande sort du programme d’aide. Cependant, si le commerce mondial venait à ralentir, le pays pourrait rencontrer de nouvelles difficultés. Déjà la fin de l’exclusivité de nombreux brevets entraîne de fortes conséquences. L’Irlande reste vulnérable.

Selon un sondage d’un journal local irlandais, seul 5% des votants se disent « plus heureux aujourd’hui ». De plus, 33% des Irlandais ont une bonne image de l’Union européenne contre 58% en 2009. L’euroscepticisme va croissant, y compris parmi les élites. La faible demande intérieure explique l’émigration en masse avec près de 90 000 départs chaque année, particulièrement chez les jeunes. Selon Eurostat, l’Irlande est l’un des pays de l’Union européenne en tête en terme d’émigration. En près de six ans, elle est passée du plus fort taux d’immigration en Europe au plus fort taux d’émigration.

Par conséquent, si le risque imminent d’un défaut de paiement est écarté, il faut que l’investissement revienne au plus vite. L’austérité ne constitue pas une solution durable à la crise et la crise financière a créé un sentiment d’injustice au sein du peuple irlandais. Aujourd’hui, un an après la sortie du plan de sauvetage, l’Union européenne doit aider l’Irlande à se redresser, à lui redonner confiance en ses capacités. Dans une phase de renouvellement des institutions européennes, l’Irlande peut être le symbole d’un renouveau du projet européen. Ainsi, l’Irlande pourra redonner espoir à sa jeunesse qui s’envole aujourd’hui vers des horizons plus cléments.

Mots-clés
Vos commentaires
modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?

Pour afficher votre trombine avec votre message, enregistrez-la d’abord sur gravatar.com (gratuit et indolore) et n’oubliez pas d’indiquer votre adresse e-mail ici.

Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom