Une valeur fondamentale pour l’UE
Les inégalités entre les sexes ne sont pas une légende urbaine. Elles se font ressentir partout, tant au travail, qu’en politique ou encore à la maison. Toutefois, elles sont variables d’un Etat européen à l’autre. Et pourtant, depuis sa création en 1957, l’UE ne cesse d’œuvrer afin de protéger les droits des femmes. L’article 2 du Traité de Rome fait d’ailleurs de l’égalité hommes-femmes une valeur fondamentale : “L’Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’État de droit, ainsi que de respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes aux États membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité entre les femmes et les hommes.”
Si ses réalisations se sont avérées modestes pendant des décennies, elles se sont globalement accélérées à partir des années 2000 et de l’entrée en vigueur de la Charte sur les droits fondamentaux. Cette dernière offre effectivement une nouvelle base de revendications pour les femmes, surtout depuis le Traité de Lisbonne (2009) lorsqu’elle devient juridiquement contraignante. “L’égalité entre les femmes et les hommes doit être assurée dans tous les domaines, y compris en matière d’emploi, de travail et de rémunération.” peut-on lire dans l’article 23 de la Charte.
Réduire les écarts de salaire
Dès 1975, l’UE s’attaque au problème des écarts de salaires entre les hommes et les femmes. Elle adopte une directive européenne qui oblige les Etats membres à transposer dans leurs législations un certain nombre de dispositions touchant à la rémunération.
En 2018, on constate néanmoins encore des disparités, d’après une étude réalisée par Eurostat. Effectivement, les hommes gagnaient en moyenne 15% de plus que les femmes. L’écart de rémunération est mesuré en comparant le revenu horaire brut moyen des femmes et celui des hommes, rapporté au salaire horaire brut moyen des hommes salariés, rappelle Toute l’Europe.
Alors que le taux le plus faible se trouve au Luxembourg (1,4 %), l’écart grimpe jusqu’à 19,6 % en Lettonie. Quant à la France, elle se situe légèrement au-dessus de la moyenne européenne, à 15,8 %.
La France se situe dans la moyenne européenne, avec un écart de salaire d’environ 15%. Il faut néanmoins prendre ces chiffres avec précaution, dans la mesure où les explications de ces différences peuvent être multiples et propres à chaque Etat : différence d’éducation, discrimination sur le marché de l’emploi, choix de secteur, travail compatible avec la garde d’enfant, entre autres.
Dépasser le plafond de verre
Si l’on devait faire un état des lieu des mots clefs les plus souvent utilisés ces derniers temps, le terme de “parité” serait sans doute champion. Au sein de l’UE, on emploie très souvent ce mot, mais à y regarder de plus près, on constate qu’il n’est pas encore tout à fait une réalité. D’un point de vue politique, les hommes dominent et dirigent encore largement le continent. A regarder la carte ci-dessous, seulement cinq pays de l’UE ont une femme à leur tête.
Carte réalisée par Voix d’Europe
En revanche, la plupart des pays européens appliquent la parité au sein de leurs gouvernements, c’est-à-dire qu’ils tentent d’avoir une représentation égale de femmes et d’hommes.
La parité s’améliore également dans les institutions européennes, où l’on constate que la part de femmes est chaque fois plus importante. Le Parlement fait figure de premier de la classe, puisqu’en mars 2020, il comptait 39% d’eurodéputées, un chiffre en constante augmentation depuis 1979. Ursula von der Leyen, la première femme à endosser le costume de Présidente de la Commission européenne a fait de l’égalité hommes-femmes une priorité de son mandat. Elle a d’ailleurs largement féminisé l’institution : 13 Commissaires sur 27 sont des femmes, et certaines comme Margrethe Vestager, Vera Jourova ou encore Mariya Gabriel occupent des postes clefs.
Il reste encore de nombreux progrès à faire avant que l’UE ne soit un modèle d’égalité hommes-femmes. Cependant, il faut souligner qu’au niveau international, l’Union européenne est l’organisation qui implique le plus de femmes en politique et qui fait le plus afin de promouvoir l’égalité. A elles maintenant de saisir les opportunités qui s’offrent à elles afin de faire bouger les lignes selon leurs propres règles, comme l’explique Martine Méheut, Présidente d’honneur de l’association Citoyennes pour l’Europe : “Et même si l’Union européenne n’a pas de compétence sur tout, comme l’avortement par exemple, lorsque vingt-sept pays réagissent à Bruxelles ou à Strasbourg de manière outrée au projet politique d’un autre Etat membre, ça intimide les gouvernements. Il faut donc absolument que les femmes s’en occupent”.
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