L’Union européenne condamne les atteintes à la démocratie au Guatemala

, par Eva Karaduman, Le Courrier d’Europe

L'Union européenne condamne les atteintes à la démocratie au Guatemala
Election présidentielle guatémaltèque de 2023. ©ERIS, Guatemala Election Observation, Flickr

Le Guatemala se fraye un chemin sur une route remplie d’obstacles anti-démocratiques. Dans le pays le plus peuplé d’Amérique Centrale, qui signait des accords de paix il y a moins de 30 ans, la démocratie est en pleine évolution ; elle est jeune et encore fragile. L’Union européenne, partenaire politique important dans la région, soutient le pays dans ses efforts de consolider la règle de droit.

Le 28 août dernier, le Tribunal électoral suprême annonçait la victoire de Bernardo Arévalo à la suite du second tour de l’élection présidentielle organisé le 20 du même mois. Le Président sortant, Alejandro Giammattei, a ensuite reconnu les résultats et a appelé à une transmission du pouvoir le 14 janvier prochain. Néanmoins, cela n’a malheureusement pas empêché que surgissent de nouvelles tensions.

Le Parquet spécial contre l’impunité, le FECI, a perquisitionné les bureaux du Tribunal électoral suprême menant à l’ouverture des urnes contenant les votes exprimés des Guatémaltèques. Selon un rapport du Haut-Commissaire pour les droits de l’Homme, Volker Türk, un usage inutile de la force par la police a pu être observé. Ces tentatives d’affaiblir une institution démocratique du pays constitueraient une atteinte à la démocratie.

Ces actions ont été condamnées par la communauté internationale qui s’inquiète pour le respect de l’État de droit ainsi que le respect de la volonté des citoyens.

En ce sens, le Parlement européen a adopté le 14 septembre la résolution 2023/2831 sur le Guatemala : situation après les élections, État de droit et indépendance de la justice proposée par des eurodéputés des groupes politiques The Left, les Verts, Renew, ECR, PPE et S&D. Il y est notamment mentionné que l’organe législatif européen « invite tous les partis politiques, les branches de l’exécutif et les institutions guatémaltèques à respecter l’intégrité du processus électoral et les résultats de l’élection »

Le Haut-Représentant pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, s’est également exprimé à ce sujet en qualifiant cet incident d’« assaut à la démocratie ».

Une élection présidentielle pleine de rebondissements

Début juillet, la Cour constitutionnelle avait été saisie un mois auparavant par plusieurs partis de droite, dont celui du président sortant, dénonçant des fraudes à la suite du premier tour. La surprenante arrivée en tête des socio-démocrates Bernardo Arévalo et Sandra Torres était un argument valable pour suspendre les résultats et réviser les votes. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken a déploré ces mesures « violant l’esprit de la Constitution du Guatemala et menaçant la légitimité du processus démocratique. »

Le Mouvement Semilla - le parti politique anti-corruption vainqueur de l’élection présidentielle – a été durant la campagne présidentielle la cible d’attaques judiciaires. Il a été suspendu de façon arbitraire le 25 juin puis le 28 août, quelques jours seulement après sa victoire… Ces actions peuvent être vues comme un moyen d’intimider et affaiblir le Mouvement fraîchement élu.

La mission d’observation électorale

L’Union européenne s’engage à soutenir la garantie de la démocratie dans les pays tiers en vertu de l’article 21 du Traité sur l’Union européenne (TUE). C’est ainsi que, sur invitation du Tribunal électoral suprême guatémaltèque, l’Union européenne a mis en place, dès la mi-mai, une mission d’observation électorale au Guatemala afin de suivre le cours de l’élection présidentielle qui a eu lieu les 25 juin et 20 août derniers. Cette mission, présidée par l’eurodéputé espagnol Jordi Cañas Pérez, a pour objectif de promouvoir et soutenir des élections transparentes et démocratiques.

Déployés dans tout le pays, les experts électoraux et observateurs européens suivent la campagne électorale en observant notamment le scrutin, la livraison des votes, la fermeture des bureaux, le comptage et se réunissent avec les différents acteurs de la vie politique nationale : société civil, médias, partis politiques, candidats.

Malgré les différents rebondissements, la mission d’observation électorale a confirmé que les deux journées de scrutin se sont tenues dans le calme et la paix. La mission d’observation a toutefois pu examiner des pratiques irrégulières de campagne, des achats de vote et quelques atteintes à la démocratie. Cette observation longue durée des fonctionnaires européens aboutira à la publication prochaine d’un rapport qui contiendra une liste de recommandations pour les futurs processus électoraux au Guatemala.

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