L’enquête, sous forme d’un questionnaire, a été menée sur un échantillon de 129 jeunes Français, étudiants ou dans la vie active. Parmi les étudiants, les filières des sciences humaines et sociales comme la science politique, la sociologie ou l’histoire sont représentées, tout comme des filières scientifiques comme le département d’orthophonie ou les écoles d’infirmières. Ils ont majoritairement, à 69.5%, entre 18 et 20 ans puis à 20.3% entre 20 et 22 ans. 68,2% d’entre eux sont des femmes et 30,2% des hommes.
69.8% des jeunes interrogés se sentent européens, ce qui peut être nuancé par le fait que les personnes qui répondent de leur plein gré à un questionnaire sur l’Europe sont globalement plus susceptibles de s’y intéresser ou de se sentir concernés.
L’intérêt des jeunes français interrogés pour l’Union européenne
L’intérêt pour l’Union européenne des jeunes en France est hétérogène. Il y a très peu de désintérêt total, qui s’élève à 5.4%. La majorité dit avoir un intérêt moyen (40.3%) et un peu moins d’un tiers dit avoir beaucoup d’intérêt pour l’Union européenne (29.5%).
L’éveil à cette organisation régionale se fait à travers les cours d’histoire dès la classe de troisième avec notamment la CECA (Communauté européenne du Charbon et de l’Acier) suite à la Seconde Guerre mondiale. Cet enseignement est poursuivi au lycée, d’autant plus pour ceux qui prennent la spécialité Histoire Géographie Géopolitique Science Politique. L’UE est ensuite mentionnée régulièrement lors des informations télévisées, radiophoniques ou dans les journaux.
Cet intérêt est cohérent avec le fait que 51.9% des jeunes trouvent l’UE très utile et 38.8% moyennement utile contre seulement 6.2% qui la trouvent peu utile et 3.1% pas du tout utile.
On peut en conclure qu’une partie des jeunes a un intérêt pour l’UE mais pense qu’il faut des réformes ou des améliorations afin qu’elle soit plus performante.
Des connaissances parfois floues et insuffisantes sur l’Union européenne
La faible détention d’informations sur l’UE est souvent la source de sa difficile compréhension, en plus de son fonctionnement complexe.
En effet, 43.4% des jeunes interrogés affirment qu’ils ont peu d’informations sur l’UE et 80.6% souhaiteraient en avoir davantage. Cela montre que les connaissances sont trop rares et s’arrêtent trop tôt, une fois l’enseignement secondaire terminé, à moins d’étudier dans le domaine de la science politique, les jeunes n’entendent plus parler de l’UE. Cela conduit à des incompréhensions sur son fonctionnement et sur les débats actuels, comme récemment la guerre en Ukraine et l’intervention de l’UE ou sur le Covid-19 et sa politique de vaccination.
La connaissance des droits que garantit l’UE est hétérogène. 78.3% des jeunes interrogés savent qu’ils disposent d’un droit de vote à l’échelle de l’UE mais seulement 43.4% d’entre eux savent que s’ ils habitent en Italie ils peuvent voter et se présenter à des élections locales. La protection diplomatique de l’UE et le droit de pétition au Parlement européen sont bien connus, respectivement à 83.7% et à 80.6%.
Les avantages et les inconvénients apportés par l’Union européenne
Selon les jeunes interrogés, les domaines dans lesquels l’UE donne le plus d’avantages sont :
1 - la diplomatie et le maintien de la paix (67.4%) 2 - la diversité culturelle (65.9%) 3 - la scolarité (61.2%) 4 - l’économie (60.5%)
L’arrivée en première position du domaine diplomatique et de la mission de maintien de la paix montre que le but premier de la construction européenne a été rempli et est reconnu par les jeunes interrogés.
Le programme Erasmus+ a boosté l’apport culturel en deuxième position et la scolarité en troisième position. Ce programme permet un brassage de la jeunesse européenne qui a accès à plus d’altérité. De plus, l’UE avec la libre circulation des personnes a facilité les voyages et la découverte des pays de notre continent.
L’économie, étant le domaine sur lequel la construction européenne s’est basée, est également dans les domaines où l’UE avantage le plus.
Mais l’UE apporte des inconvénients principalement dans les domaines de l’économie et de l’écologie qui restent des sujets clivants et polarisants selon les jeunes interrogés. Cela s’explique par le contexte de changement climatique induit par l’humanité et le capitalisme, ainsi que le manque de volonté des dirigeants politiques à prendre des mesures avec de réels impacts pour changer cela. L’UE fait partie de ces acteurs et apporte donc des inconvénients dans ces deux domaines. Les dérives du capitalisme et ses excès partout dans le monde ont aussi participé à la défiance vis-à-vis du système économique.
Les deux premiers domaines dans lesquels l’UE doit s’améliorer selon les jeunes interrogés sont l’écologie à 66.7% et les droits sociaux à 65.1%. En troisième position arrivent les droits humains à 49.6%.
Ces pistes d’amélioration pour l’UE sont cohérentes avec le changement des enjeux politiques induits par la nouvelle génération qui met en avant la protection de l’environnement et la protection des êtres humains pour leur assurer une vie digne.
A la question “dans quels domaines voudriez-vous des politiques européennes ?”, ce sont les trois mêmes domaines qui sont en tête des attentes : l’écologie à 77.5%, les droits humains à 70.5% et les droits sociaux à 59.7%. En quatrième position arrive la sécurité et la défense à 37.2%, ce qui est cohérent avec la part des jeunes interrogés favorable à une Europe de la défense.
La position des jeunes français interrogés sur des débats actuels : entre Europe de la défense et domaines d’interventions
Les débats sur l’Europe de la défense ont été relancés avec la guerre en Ukraine. 45.7% des jeunes interrogés affirment être favorables à l’Europe de la défense. La part des jeunes interrogés qui ne se positionne pas est importante (35.7%). On peut en déduire que l’Europe de la défense reste floue dans sa mise en place et ses mécanismes.
La part des jeunes interrogés non favorable dans le domaine de la défense augmente pour l’armée européenne à 37.2%. Cela peut être dû à l’analogie souvent réalisée entre le domaine militaire et une approche nationaliste de la patrie à protéger. Elle est également un objet concret à appréhender.
Quant à l’obtention d’une constitution européenne, refusée par la France en 2005 par référendum, 57.4% des jeunes interrogés y sont favorables et 19.4% sont contre.
La proposition qui remporte le plus de réponses favorables est l’élaboration d’un droit européen global pour les droits sociaux comme le code du travail, les modalités de la retraite, le salaire minimum ou la sécurité sociale. 66.7% des jeunes interrogés y sont favorables, ce qui montre que la qualité de vie et la dignité humaine sont bien des enjeux importants pour la nouvelle génération.
Globalement, les jeunes interrogés sont plutôt favorables à l’Union européenne. En effet, 85.3% d’entre eux souhaitent rester dans l’Union. Néanmoins, il y a de nombreux points à améliorer pour que cette organisation régionale soit à la hauteur de leurs attentes.
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