La citoyenneté européenne à l’épreuve de l’épidémie de COVID-19

Article paru à l’origine dans le numéro 189 de « Fédéchoses »

, par Fédéchoses, Hervé Moritz

La citoyenneté européenne à l'épreuve de l'épidémie de COVID-19

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les frontières font leur grand retour. Parmi les principales mesures des gouvernements européens au fil de la progression de l’épidémie figure en bonne position la fermeture des frontières intérieures de l’espace Schengen. Une mesure « barrière » de plus, à l’efficacité toute relative et qui remet pourtant en cause la réalité même de la citoyenneté européenne.

En effet, le réflexe primitif des États nationaux, qui à toute menace de quelle que nature que ce soit, répondent par le renforcement des contrôles et la clôture de leurs frontières nationales, révèle la faiblesse de l’espace de libre circulation que les Européens ont en partage. Les restrictions de circulation et la fermeture des frontières se sont imposées ces derniers mois aux Européens pour endiguer tant bien que mal la pandémie de COVID-19.

La citoyenneté européenne offre pourtant des droits aux Européens, qui s’en trouvent de facto suspendus. Se déplacer pour étudier ou travailler est devenu difficile et, à certains moments, impossible en Europe. Les habitants de régions frontalières ont en particulier vu renaître les check-points à la frontière, les restrictions de déplacement, les difficultés à exercer leur profession ou à chercher du travail, les séparations familiales et les stéréotypes xénophobes. Des bassins de vie entiers ont été divisés au prétexte de contenir ainsi une épidémie à laquelle nous étions mal préparés.

Dans les faits, les droits les plus élémentaires conférés par la citoyenneté européenne ont été balayés. Ces mesures ont entravé les citoyens européens dans l’accès à leurs droits civiques, témoignant de leur fragilité dans leur exercice quotidien. Certes, les citoyens européens résidant dans un autre pays européen ont continué à user de leurs droits, mais cette situation révèle pour les autres à quel point la libre-circulation est essentielle à l’exercice d’une citoyenneté européenne pleine et entière.

Si la crise sanitaire engendrée par le COVID-19 a ses spécificités, elle révèle comme d’autres formes de crise que les frontières sont un recours toujours facile pour les gouvernements. Pourtant, le recours à la fermeture des frontières nationales est une mesure imparfaite pour pallier l’absence de capacité d’action commune au niveau européen.

Sans capacité pour l’Union européenne d’anticiper et de coordonner une véritable politique publique de lutte contre les épidémies, par exemple à travers une autorité de santé fédérale et des mesures coordonnées, la libre-circulation et donc le plein exercice des droits des citoyens européens ne peuvent être assurés.

En privilégiant un espace de libre circulation technique dont l’intégration politique est encore trop faible, les Européens ont péché par manque d’ambition et en paient aujourd’hui le prix dans une cacophonie de mesures nationales faisant vaciller les droits consacrés par la citoyenneté européenne. Dans le « monde d’après », il est de notre responsabilité de rétablir et de garantir la libre circulation en Europe, qui doit devenir un droit fondamental des citoyens européens parce qu’elle conditionne l’exercice des autres droits qui en découlent. La citoyenneté européenne ne peut en aucun cas être une citoyenneté de seconde classe.

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