La question climatique au coeur du sommet UE-Afrique

, par Adriana Dagba

La question climatique au coeur du sommet UE-Afrique
(Crédit : Conseil de l’UE)

Le 6e sommet Union européenne-Union africaine (UE-UA), communément appelé “sommet UE-Afrique”, s’est tenu les 17 et 18 février 2022, à Bruxelles. Cette première rencontre depuis cinq ans entre dirigeants africains et européens a eu lieu dans un contexte particulier, où la refonte des relations entre les deux continents semble plus que jamais nécessaire. Le changement climatique était l’une des thématiques abordées.

Un paquet d’investissement à 150 milliards d’euros

L’Union européenne a prévu d’allouer un budget de 150 milliards d’euros “aux projets voulus et portés par les Africains”. Ce paquet d’investissement pour « une Afrique et une Europe prospères et durables » et déployé sur sept ans, sera dédié à trois volets : l’investissement, la santé et l’éducation.

Aucun projet précis n’est encore connu mais concernant le volet investissement, une attention particulière est donnée aux projets soucieux de l’environnement. Ainsi, la déclaration commune établie à la fin du sommet évoque des « investissements durables à grande échelle » dans les domaines de « l’énergie, les transports et les infrastructures numériques ». Il est aussi question d’une « transition énergétique juste et équitable », ainsi que d’une « transition écologique ». Enfin, l’Union prévoit de soutenir « la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national (CDN) et des plans nationaux d’adaptation (PAN) des pays africains au titre de l’accord de Paris ». Il s’agit de plans nationaux non contraignants destinés à mettre en avant des actions climatiques afin d’atteindre les objectifs fixés par l’accord de Paris. Alors que le traité de 2015 prévoit que 100 milliards d’euros soient octroyés aux pays du Sud à cette fin, les Etats africains ont encore du mal à les mettre en place par manque de moyens.

L’accord de Paris, toujours pas respecté

Les 195 pays signataires du traité de l’accord de Paris de 2015 s’étaient engagés à une meilleure répartition des responsabilités entre pays du Nord et du Sud. Les pays du Nord devaient fournir conjointement 100 milliards de dollars par an aux pays du Sud, d’ici 2020. Après quoi, il était prévu de conclure un nouvel accord proposant au minimum la même somme avant 2025. L’argent est destiné à faire face au dérèglement climatique, en finançant notamment le Fonds vert pour le climat, un fonds de soutien aux projets ayant pour but la diminution des gaz à effet de serre.

Pourtant, en novembre 2021, lors de la 26e conférence des parties (COP26) de Glasgow, le fonds n’était pas toujours pas opérationnel. Une situation dont s’était plaint un mois plus tard Tanguy Gahouma-Bekalé, secrétaire permanent du Conseil national climat gabonais et négociateur durant le sommet sur le climat. « Cela fait plus de dix ans que nous attendons les 100 milliards de dollars promis ». Selon les derniers chiffres donnés par l’OCDE en 2019, les pays du Nord avaient mis en commun 79 milliards de dollars.

“L’Afrique n’est pas responsable du réchauffement climatique”

Macky Sall, président sénégalais et président en exercice de l’Union africaine cette année, a insisté sur la culpabilité des pays du Nord dans l’augmentation des émissions à effet de serre. Essayant de défendre le recours aux énergies fossiles en Afrique avant une transition plus verte, il a ainsi déclaré “l’Afrique n’est pas responsable du réchauffement climatique”. Une affirmation choc corroborée par le GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui, dans le premier volume de son dernier rapport paru en août 2021, montre que l’Afrique émet moins de 7% des gaz à effet de serre de la planète. A titre de comparaison, la Chine émet quatre fois plus que tous les pays d’Afrique réunis.

Bien que les émissions de gaz à effet de serre suivent une tendance à la hausse en Afrique du fait de son développement, M.Sall estime qu’une transition énergétique ne se fera pas sans un recours important au gaz, naturellement abondant sur le continent. Ainsi, il a demandé un accompagnement sur une période de transition afin de permettre à la moitié de la population africaine (600 millions de personnes) n’ayant pas encore d’électricité, d’en profiter.

Les préoccupations environnementales et climatiques sont d’autant plus importantes pour l’Afrique qu’elle risque d’être très touchée par les conséquences du réchauffement climatique. Les projections du GIEC prévoient des effets désastreux dans plusieurs domaines tels que la production agricole et l’accès à l’eau, provoquant sécheresses, famines, déplacements de populations et baisses importantes du PIB sur tout le continent.

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