La République tchèque : l’histoire d’une difficile unité

, par Lorène Weber

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La République tchèque : l'histoire d'une difficile unité
La mémoire de Vaclav Havel, signataire de la Charte 77, premier président de la République fédérale tchèque et slovaque, puis de la République tchèque après la partition du pays, demeure forte en République tchèque. - David Sedlecký (CC/Wiki)

C’est en octobre, que la République tchèque célèbre sa fête nationale. Un État membre de l’Union européenne depuis 2004, qui n’a pas toujours connu sa stabilité politique actuelle.

La fête nationale tchèque commémore l’indépendance de 1918 vis-à-vis de l’empire d’Autriche-Hongrie. La Tchécoslovaquie, réunissant Tchèques et Slovaques sur les territoires historiques de la Bohême, de la Moravie et de la Silésie, est alors créée en tant que république démocratique parlementaire. Mais l’indépendance et l’uni¬té ne durent que vingt ans. En 1938, le IIIe Reich allemand annexe les Sudètes, sous prétexte de « libérer » les populations germaniques de « l’oppression » tchécoslovaque. La Pologne et la Hongrie s’emparent également de certains territoires. En 1939, le président tchécoslovaque cède aux menaces de bombardement du Führer, et l’armée allemande entre dans Prague. Il ne faut alors que quelques mois pour que la Bohême et la Moravie soient proclamées « protectorats » du Reich.

Si le pays est réunifié après la guerre, le répit est de courte durée. Avec le coup de Prague de 1948, c’est au tour des Soviétiques de s’emparer du pays et d’y imposer 40 ans de dictature. Le Printemps de Prague de 1968 parvient cependant à entamer une libéralisation du régime, sous l’impulsion d’Alexandre Dubcek, le Premier secrétaire du parti communiste tchécoslovaque, qui entend appliquer un « socialisme à visage humain ». Les staliniens sont écartés des sphères du pouvoir, les entreprises deviennent responsables de leur gestion, la liberté de la presse et la liberté de circulation sont rétablies. Mais en août de la même année, les troupes du Pacte de Varsovie entrent dans Prague et Dubcek est forcé de démissionner. Le pays est replacé sous tutelle soviétique.

Il faut encore attendre vingt ans et la Révolution de Velours pour que la Tchécoslovaquie retrouve sa liberté. Cette révolution connaît ses prémices avec la Charte 77, manifeste publié le 1er janvier 1977 et signé par des dissidents tchécoslovaques non-violents et défenseurs des Droits de l’Homme. Parmi eux se trouve le dramaturge, philosophe et futur président de la République tchécoslovaque Vaclav Havel. La Charte 77 vise à rappeler au gouvernement ses engagements vis-à-vis des accords d’Helsinki, et à dénoncer les violations des libertés et des droits de l’Homme en Tchécoslovaquie. Si en 1979, certains signataires sont condamnés à des peines de prison, le mouvement ne s’arrête pas pour autant, et les signataires continuent de dénoncer la violation des libertés. Le mouvement connaît son apogée en 1988-1989 avec la Révolution de Velours (ainsi nommée car elle s’est faite presque sans que le sang soit versé), pendant laquelle vagues de protestation et manifestations se multiplient. L’aboutissement de cette Révolution de Velours est l’abandon du pouvoir politique par le parti communiste et l’indépendance retrouvée de la Tchécoslovaquie. Des élections libres sont organisées et largement remportées par Vaclav Havel, qui devient président de la République fédérale tchèque et slovaque.

Mais une fois encore, l’unité est de courte durée. En juillet 1992, en raison des spécificités culturelles et des sentiments nationalistes des Tchèques d’un côté et des Slovaques de l’autre, la Tchécoslovaquie se scinde démocratiquement en deux États souverains. La séparation est effective le 31 décembre 1992, et se fait sans heurts ni conflits (ce qui sera salué par l’ONU) : on parle parfois de « Partition de Velours ». Vaclav Havel est alors élu premier président de la République tchèque. La République tchèque commence alors véritablement son intégration européenne. Elle adhère au Conseil de l’Europe dès 1993, à l’OTAN en 1999, elle rejoint l’Union européenne en 2004 et intègre l’espace Schengen en 2007.

La République tchèque reste tout de même attachée à son histoire commune avec la Slovaquie, ce pourquoi sa fête nationale commémore l’indépendance du 28 octobre 1918, tandis que la Slovaquie commémore l’indépendance résultant de la partition du 1er janvier 1993.

Cet article est issu de notre édition bordelaise, le Taurillon dans l’Arène.

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