Alors que la date 11 mai, « jour de la délivrance » est dans les attentes de chacun, celle du 9 mai semble passer aux oubliettes pour cause de confinement et de coronavirus. Et pourtant ce 9 mai n’est pas une Journée de l’Europe comme les autres. C’est le soixante-dixième anniversaire de la déclaration de Robert Schuman en 1950, considéré désormais comme la date qui lança le processus de construction européenne. Mais cette année, pas d’écoles ouvertes, pas de conférences, pas de manifestations officielles ; rien que des échanges numériques par visioconférences, qui marquent les nouvelles pratiques des citoyens de l’Union.
Des citoyens qui s’interrogent sur le devenir de l’UE après le Brexit et cette crise du coronavirus, et qui prennent peu à peu conscience de l’intérêt européen, et pas seulement dans un cadre économique. Bien sûr, l’annonce d’un plan de relance d’au moins un milliard d’euros ne peut se faire que dans un cadre communautaire complétant ainsi les décisions nationales. Mais pour les Européens, les réalités sont désormais perçues comme des enjeux entre régions du monde (Chine, USA, Inde, etc.). Si la perspective est économique et géostratégique, elle doit aussi être philosophique et anthropologique.
Bien que l’Union européenne, par l’intermédiaire de la Commission et des États membres, mette en place des dispositifs en fonction des compétences qui lui sont attribuées, nombre de citoyens européens ne se sentent pas informés ou n’en ont pas conscience. Ce fonctionnement est loin d’être satisfaisant : il faut aller plus loin dans la démarche et ne pas se tromper.
Cela rappelle deux citations de la déclaration du 9 mai 1950 : « L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait ». Les États membres ont parfois succombé à la tentation de l’égoïsme allant jusqu’à critiquer l’absence d’action de l’UE, qu’eux mêmes décidaient. L’Italie a été le premier pays à demander l’intervention du Fonds de solidarité de l’UE en lien avec la situation d’urgence sanitaire.
« L’ Europe n’a pas été faite, nous avons eu la guerre », disait Schuman. On peut ramener ce propos à la situation actuelle. Ces derniers mois, on a joué la souveraineté des États contre la vision communautaire, et aujourd’hui, en pleine crise de coronavirus, nous n’avons pas eu l’Europe de la santé. Cette extension de compétence, pour la gestion des grandes crises, est désormais devenue nécessaire aux yeux de tous. Les Européens, comme le reste de l’humanité, sont confinés, vivant dans l’incertitude du lendemain. En matière de soins comme de soutiens financiers, dans l’approvisionnement de masques comme dans l’appui à la recherche et aux technologies de pointe, nous avons aujourd’hui, bien plus besoin d’Europe et d’union que de séparation.
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