La liberté de la presse mal en point à Malte
La semaine a commencé par un débat sur l’État de droit à Malte, cinq ans après l’assassinat de la journaliste Daphne Caruana Galizia suite à la révélation des Panama papers. L’occasion pour le Commissaire européen à la justice, Didier Reynders, de saluer devant les eurodéputés “[sa] détermination et [son] courage”. La condamnation de l’assassinat de la journaliste a fait consensus de part et d’autre de l’hémicycle, et certains députés, à l’image de Sophia in ‘t Veld (Renew), ont souligné l’importance de son travail pour lutter contre la corruption et le crime organisé.
Gwendoline Delbos-Corfield (Verts/ALE) a enchéri en affirmant que “La liberté des médias est en danger en Europe”. La députée européenne a cité les exemples de la Pologne et la Hongrie, où des journalistes sont “espionnés comme à l’époque de la Stasi”, mais a également évoqué le cas de la Grèce, et, plus surprenant, celui de la France : l’écologiste regrette que des journalistes puissent être placés en garde à vue alors qu’ils se contentent de couvrir une manifestation.
Dans la résolution adoptée en fin de semaine, les eurodéputés ont condamné son assassinat, tout en soulignant les affaires de corruption concernant l’ancien gouvernement maltais. Le texte incite également le nouveau gouvernement à poursuivre et approfondir ses réformes, avec comme objectif de donner davantage de libertés aux journalistes et aux médias.
Le Parlement européen réagit au meurtre homophobe survenu en Slovaquie
Suite au meurtre homophobe le 13 octobre 2022 en plein centre de Bratislava, les députés européens ont débattu de la multiplication des crimes homophobes en Europe. Ivan Bartoš, représentant de la présidence tchèque du Conseil de l’UE, a rappelé à ce sujet que “seuls 11% des discriminations subies sont signalées, et seul un faible pourcentage des incidents motivés par la haine est signalé”. Les membres du Parlement européen ont par la suite unanimement condamné ce meurtre, la députée Frances Fitzgerald (PPE) appelant même la Commission européenne et les gouvernements nationaux à une “une approche de tolérance zéro face aux abus physiques, verbaux et psychologiques dont souffre la communauté”.
Alors que la majorité des députés décriait l’homophobie latente dans certains États membres, d’autres, comme Hynek Blaško (ID), ont préféré les défendre : “La moitié de ma famille vit en Slovaquie et je n’ai jamais rencontré ce qui est décrit ici”. Un avis cependant très minoritaire, renforcé par l’absence de ses collègues du groupe ID, tel que l’a constaté Pierre Karleskind (Renew) : “je me tourne vers les bancs de l’extrême droite, qui sont totalement vides”.
Le lendemain, la Présidente de la République de Slovaqui Zuzana Čaputová a prononcé un discours devant le Parlement européen. Elle y a salué la condamnation massive de ce meurtre par la société slovaque, et a assuré que “la haine ne domine pas la sociéte [slovaque]”. L’objectif était de se montrer rassurante, pourtant elle n’a pas complètement réussi à convaincre les eurodéputés.
Ces derniers ont adopté le jeudi 20 octobre une résolution, dans laquelle ils soulignent que le gouvernement peut faire mieux : “[Le Parlement européen] invite le gouvernement slovaque à témoigner de leur volonté sincère de réaliser des progrès notables pour protéger les personnes LGBTIQ+”. Avant de poursuivre : “[Le Parlement européen] se dit vivement préoccupé par le recours fréquent à des propos offensants, agressifs et homophobes à l’égard de la communauté LGBTIQ+ en Slovaquie, y compris par d’anciens membres et des membres actuels du gouvernement”.
Un budget 2023 en hausse pour répondre aux crises traversées par l’Union européenne
Nicolae Ştefănuță (Renew), rapporteur du budget 2023 de l’Union européenne pour le Parlement, a présenté le budget ainsi : “cette année est l’année de l’inflation, c’est l’année du froid dans [les] maisons”. C’est ce qui justifie, selon lui, la hausse de 1,7 milliard d’euros pour le budget pour 2023 qu’il réclame, portant le total pour l’année à venir à 187,3 milliards d’euros.
Selon le rapporteur, l’objectif de ce budget est tout d’abord de répondre aux conséquences de la guerre en Ukraine dans tous les pays de l’UE. Il propose ainsi 853 millions d’euros pour aider les réfugiés, améliorer la mobilité militaire des pays de l’UE, et apporter un soutien à la Moldavie, notamment sur l’afflux de population. Le deuxième problème auquel ce budget répond est la crise énergétique : “Le Parlement propose donc plus de 533 millions d’euros pour l’énergie, par le biais d’aides à la facture énergétique, d’aides aux énergies renouvelables et d’adaptation au changement climatique”. Enfin, ce budget se concentre sur l’économie et la société européenne, en finançant notamment la santé, l’État de droit, la culture, les organisations de la société civile et les valeurs européennes.
Le vote de cette proposition a été serré (313 voix pour, 284 contre et 44 abstentions), mais ne signifie pas pour autant une victoire pour le Parlement européen. Les eurodéputés vont devoir négocier dans les prochains mois ce budget avec le Conseil de l’UE et la Commission européenne, qui voient d’un très mauvais œil la hausse des dépenses. Le représentant du Conseil justement, Jiří Georgiev, a résumé la situation : “Nous partageons les mêmes priorités. Néanmoins, nous devons trouver un compromis pour dépasser les grandes différences de chiffres proposés par le Parlement et le Conseil”.
L’espace Schengen en voie d’élargissement
Après plusieurs semaines de négociations, le Parlement européen a donné mardi son feu vert à l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen. Le vote était loin d’être serré (547 voix pour, 49 contres et 43 abstentions), et seuls les députés des Conservateurs et réformistes européens (ECR) ont voté majoritairement contre. Le député Charlie Weimers a défendu la position de ce groupe en reprenant le titre d’un éditorial du journal libéral Göteborgs-Posten : “N’ouvrez pas la dernière porte aux gangs de voleurs roumains”.
Malgré quelques réticences d’une minorité de députés, ce n’est pas la première fois que le Parlement européen s’exprime en faveur de l’élargissement de l’espace de libre circulation. L’eurodéputé Vlad-Marius Botoş (Renew) a enchéri et soutenu que “[La Roumanie et la Bulgarie] sont des pays européen depuis 15 ans, et [que] pendant 11 ans ils ont rempli toutes les conditions de Schengen”.
Depuis des années, le blocage intervient au niveau du Conseil de l’Union européenne, organe où sont représentés les gouvernements nationaux. Victor Negrescu (S&D) a ainsi appelé ses collègues à “insister” auprès de leur gouvernements respectifs afin d’obtenir l’unanimité lors de la prochaine réunion, qui se tiendra le 8 décembre prochain… Et qui constitue une lueur d’espoir pour ces deux États de l’Europe de l’Est.
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