Le Vert dépasse le maître en Baden-Württemberg
Dans ce fief historique de la droite allemande, les Verts du Bündnis 90/Die Grünen ont réalisé un score impressionnant. Ils recueillent près du tiers des voix et obtiennent 11 sièges supplémentaires cumulant ainsi 58 représentants sur 154. La CDU, tout comme le Parti social-démocrate (Sozialdemokratische Partei Deutschlands), réalise son pire score dans la région : seuls 24% des électeurs ont fait confiance au parti d’Angela Merkel, en recul de 3%. Le SPD continue sa lente régression et ne totalise que 11% des voix. Ils maintiennent leur 42 et 19 sièges respectifs. Autre déroute de taille, l’extrême-droite de l’AfD (Alternative für Deutschland) perd un tiers du résultat obtenu aux précédentes élections en recueillant 9,7% des voix : avec 17 représentants, il passe derrière les libéraux du FDP (Freie Demokratische Partei) qui recueille 10,5% des voix (en hausse de 2,2%). En 2016, le Baden-Württemberg avait été le troisième Land à tester la coalition verte-noire, ou kiwi, et le premier de ce type à être gouverné par un Président vert, à savoir Winfried Kretschmann. Cette coalition, augmentée de 11 sièges grâce aux écologistes, semble donc avoir été plébiscitée par les électeurs, une coalition en feu tricolore (SPD, Grünen, FDP) obtiendrait tout juste la moitié des sièges.
Les gros partis en peine au Rheinland-Pfalz
Si les socio-démocrates se maintiennent avec 35,7% des voix et 39 sièges, dans ce qui est un de leurs fiefs traditionnels, la droite conservatrice perd 4% en recueillant 27,7% des suffrages. 4%, c’est aussi ce que gagnent au contraire les écologistes qui confirment leur bonne dynamique malgré un score qui reste très modeste puisqu’il ne représente que 9,3% des voix, après un lourd échec en 2016 quand ils avaient perdu 10% de leurs voix. Avec 10 sièges, ils ont cependant ravi la troisième place à leurs concurrents d’extrême-droite : l’AfD chute à 8,3% des voix et n’obtient que 9 sièges. Quant aux libéraux, ils font jeu égal avec les Électeurs libres (Freie Wähler), formation libérale-conservatrice, entrée pour la première fois de son existence dans l’hémicycle régional avec 6 sièges. C’est la première fois d’ailleurs que les néo-fascistes du NPD (Nationaldemokratische Partei Deutschlands) ne participent pas aux élections régionales, après la perte de leur seul eurodéputé en 2019. La coalition tricolore autour du SPD, des Écologistes et des Libéraux sort ainsi renforcée de ce scrutin, mais seulement grâce aux Verts.
Première répétition avant la générale…
Les Länder du Baden Württemberg et du Rheinland Pfalz ont ainsi inauguré cette super année électorale. Ces scrutins étaient également une première pour le tout nouveau chef de la CDU, Armin Laschet. Nul doute que l’ancien président de Rhénanie du Nord-Westphalie avait rêvé mieux. Néanmoins, si son empreinte – ou plutôt son absence d’empreinte ? – peut expliquer ces résultats, il faut également tenir compte du scandale qui secoue le parti conservateur depuis plusieurs semaines : des députés ont démissionné après s’être rémunéré frauduleusement en faisant office d’intermédiaire dans la vente de masques chirurgicaux, ce qui tombe mal en pleine crise sanitaire mondiale. S’il n’est pas étonnant de voir le SPD continuer sa lente décrépitude, usé par les Grosse Koalition à répétition, il est plus surprenant de constater les lourdes défaites subies par l’extrême-droite. Ce sont près de 430 000 électeurs qui ont déserté les bancs de l’AfD dans ces régions entre 2016 et 2021. Il sera néanmoins plus instructif de regarder les résultats en Thuringe et en Saxe-Anhalt où l’Alternative pour l’Allemagne avait obtenu 23% et 24% des suffrages en 2019 et 2016. La participation quant à elle, autour de 64% dans les deux Länder, est en recul d’environ 6% dans les deux Länder mais reste à un bon niveau au regard du contexte sanitaire actuel.
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