Comment vous envisagez de permettre à l’Europe d’être capable d’agir pour les défis du 21ème siècle ?
L’Union Européenne ne peut plus continuer à fonctionner de la manière dont elle fonctionne actuellement si nous souhaitons agir pour faire face aux défis du XXIe siècle. Nous souhaitons, avec Les Républicains, remettre l’Europe à l’endroit pour pouvoir maîtriser notre destin.
Pour ce faire, l’Europe doit se concentrer sur l’essentiel et cesser de se disperser. Nous devons renouer avec un principe essentiel, qui semblait acquis, mais qui a été progressivement laissé pour compte, particulièrement lors de la dernière mandature : le principe de subsidiarité. L’Europe doit privilégier les grandes politiques et les grands défis qui ne peuvent être relevés qu’à plusieurs et agir avec efficacité pour répondre aux enjeux qui touchent de manière similaire les peuples européens. Nous voulons plus d’Europe là où sa valeur ajoutée est évidente car elle touche des défis qui dépassent l’échelle nationale : la maîtrise de nos frontières, la paix, l’adaptation au changement climatique et la préservation de la biodiversité, l’investissement dans les technologies du futur et la prospérité économique grâce à notre marché intérieur.
En revanche, l’Europe ne doit pas se disperser ou nuire dans des domaines qui ne relèvent pas de sa compétence comme la sauvegarde de l’ordre public, l’éducation ou la solidarité nationale.
Recentrer l’Europe sur l’essentiel, c’est aussi refuser l’élargissement sans fin et accepter que pour faire face aux grands défis, l’Union européenne doit être plus cohérente et plus unie.
Par ailleurs, il faut profondément revoir le fonctionnement de l’Union Européenne pour rompre avec ce que l’Europe est trop souvent devenue : une machine à fabriquer des normes inutiles et une bureaucratie paralysante. Cette Europe des normes plutôt qu’une Europe des ambitions éloigne les citoyens du projet européen.
L’Europe s’enlise dans les normes quand les Etats-Unis et la Chine font le pari de l’investissement et de la technologie. L’Europe veut montrer l’exemple sur tous les sujets, mais c’est au prix d’une naïveté sans limites qui laisse nos marchés vulnérables au dumping et nos frontières ouvertes aux trafics et à l’immigration irrégulière. L’Europe veut faire la transition écologique à elle seule et préfère se faire envahir de produits chinois (panneaux solaires, voitures électriques…) plutôt que d’investir dans les technologies qui assureront notre souveraineté. L’Europe submerge nos agriculteurs et nos pêcheurs de réglementations et d’interdictions et propose la décroissance de la production agricole sur notre continent quand l’enjeu est d’assurer une nourriture de qualité pour tous. Tout cela doit changer.
Nos priorités pour l’Europe sont claires : le réarmement de l’Europe et la sécurité des Européens, notre souveraineté économique, l’objectif de prospérité que doit avoir l’Union européenne alors que nous décrochons économiquement face aux Etats-Unis, notre souveraineté alimentaire ce qui passe par un soutien à nos agriculteurs et à nos pécheurs, la lutte contre le changement climatique et pour la biodiversité grâce au progrès et à la science, la maîtrise de nos frontières extérieures et les grandes projets d’intérêt général européen pour rapprocher l’Europe de ses citoyens.
C’est en revenant à une Europe des grands projets et en luttant contre l’Europe des normes inutiles et de la bureaucratie que l’Union européenne sera en mesure d’agir avec efficacité pour répondre aux grands défis du XXIème siècle.
Comment l’Europe peut-elle poursuivre une transition écologique et sociale juste ?
La transition écologique est un domaine dans lequel l’Union européenne est légitime à intervenir car elle apporte une véritable valeur ajoutée, à condition qu’elle le fasse d’une manière pertinente et rationnelle.
La logique techno-bureaucratique de la dernière mandature, avec le Pacte Vert Européen, est une illustration du danger que représentent les dérives idéologiques des écologistes, de la gauche et des macronistes : nous imposer des normes et des contraintes que nous n’imposons pas à nos partenaires commerciaux ni aux Etats tiers de l’Union européenne. Cette logique conduit à augmenter nos importations de produits polluants et à asphyxier nos producteurs et en particulier nos agriculteurs et nos pêcheurs en leur mettant des boulets réglementaires au pied et en créant toutes les conditions d’une concurrence déloyale. Aucune autre puissance économique, qu’il s’agisse de la Chine ou des Etats-Unis, ne fait cela. Liquider notre industrie ou notre agriculture à cause d’une idéologie écologiste décroissante ne sauvera pas le climat ni la biodiversité mais nous précipitera tous, collectivement, dans la pauvreté et fera sortir l’Europe de l’Histoire. Si nous suivons ce chemin, nous abandonnerons toute idée de puissance pour les pays européens.
Face à cette impasse, nous proposons une approche fondée sur la science, le progrès et la liberté, seuls outils pour faire face au défi écologique et climatique qui est l’un des plus grands défis de notre temps. Nous devons nous appuyer sur ce qui a fait et fera la force de l’Europe demain : notre marché intérieur de plus de 400 millions de consommateurs. Nous devons nous en servir pour faire levier au niveau mondial sur la question du réchauffement climatique. Nous sommes déjà le continent le plus vertueux en matière environnementale. Il faut désormais envoyer un signal au monde entier pour que les pratiques de production évoluent de manière vertueuse sur le plan environnemental sur toute la surface du globe. La logique actuelle consiste à nous mettre un boulet au pied que n’ont pas nos concurrents mondiaux. Il faut l’inverser : imposons un prix sur le carbone à l’ensemble des produits importés de pays polluants en étendant le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) qui a été mis en place grâce aux Républicains et au Parti Populaire Européen (PPE) au cours de la dernière législature.
Nous devons aussi nous appuyer sur l’ensemble des talents que recèle l’Europe : ses chercheurs, ses entrepreneurs, ses ingénieurs, tous ceux qui innovent chaque jour pour trouver des solutions concrètes pour réussir la transition écologique. Cette transition ne doit pas se faire contre eux, mais avec eux. Ce sont eux qui feront de la transition un succès et une réalité. C’est pourquoi nous voulons imposer le principe de liberté technologique pour que les innovations de rupture pour décarboner notre économie viennent d’Europe et non d’un autre continent. Nous devons être le continent pionnier en matière d’innovation et de recherche pour réussir la décarbonation de notre économie. L’Union européenne n’a pas vocation à choisir quels moyens, quelles technologies doivent être celles de demain pour limiter le réchauffement climatique ou nous y adapter. Elle a vocation à donner des objectifs concrets et ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’ensemble des acteurs, à eux de trouver ensuite les moyens les plus efficaces pour y parvenir.
C’est pour cette raison que nous souhaitons revenir sur l’interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique à l’horizon 2035. Il est dangereux de parier sur le tout électrique, car la comparaison coût avantage n’est pas évidente surtout si l’on regarde le cycle de vie d’un véhicule pour un usage régulier. De plus, il paraît absurde de sacrifier toute notre industrie automobile européenne et d’importer des voitures électriques de Chine, alors que notre industrie ne cesse d’investir dans la recherche pour réduire la consommation des moteurs thermiques ou pour trouver d’autres alternatives.
Nous proposons aussi que l’Europe mobilise massivement des fonds européens, notamment par l’intermédiaire de la Banque européenne d’investissements (BEI), pour rattraper le retard de la filière nucléaire que MM. Hollande et Macron ont affaiblie depuis 2012. L’Europe peut agir pour réduire la présence dans l’environnement de « polluants éternels » et lutter contre la consommation de plastiques à usage unique. Elle doit par ailleurs soutenir les investissements dans les technologies de capture et de stockage du carbone.
Nous défendons la création d’une taxe européenne sur les centrales à charbon et d’une taxe européenne sur la mise en décharge (enfouissement des déchets) et sur l’exportation des déchets pesant sur les Etats membres. Bien qu’en baisse, le charbon a représenté plus de 60 % de la pollution du secteur de l’électricité de l’Union européenne en 2022, en particulier en Allemagne et en Pologne. Les 10 centrales à charbon les plus polluantes d’Europe ont produit 13 % des émissions totales de gaz à effet de serre de l’UE. Ces centrales doivent fermer le plus rapidement possible.
Enfin, nous proposons de créer une force mobile permanente de protection civile équipée de matériels de pointe capable d’intervenir partout dans l’Union européenne en cas de catastrophe naturelle ou industrielle et de mettre en place un Erasmus de la protection civile.
Nous voyons donc l’Europe comme un levier essentiel pour réussir la transition écologique et pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique.
Comment l’Europe peut-elle devenir une actrice de la paix mondiale dans un monde déstabilisé et en guerre ?
Face à des puissances prédatrices et à l’aggravation des menaces, l’Europe doit impérativement se réarmer. La paix sur notre continent est la plus grande réussite historique de la construction européenne. Nous sommes en paix car nous sommes unis. Cette paix est aujourd’hui menacée par le retour de la guerre aux portes de l’Europe et par l’agression russe en Ukraine depuis plus de deux ans. L’Union européenne doit être un bouclier, en contribuant à protéger les Français et les Européens des menaces qui pèsent sur notre continent.
Il faut apporter aujourd’hui un soutien massif à l’Ukraine pour repousser l’agression russe. Nous devons élargir le soutien qui est fourni et le rendre plus efficace au niveau diplomatique, civil et militaire. L’industrie d’armement européenne doit tenir ses engagements et ses promesses de livraisons d’armes et de munitions. Malgré tout ce que prétend M. Macron, nous sommes très loin d’être passés en « économie de guerre ». Plutôt que d’envisager l’envoi de troupes, qui ferait passer un cap irréversible dans l’exposition de notre pays face à la Russie, la France et l’Europe doivent augmenter immédiatement leur soutien à l’Ukraine. Depuis le début de la guerre, selon le gouvernement, la France a seulement fourni un total de 3,8 milliards d’euros d’aides à l’Ukraine et s’est engagée à fournir jusqu’à 3 milliards d’euros d’aide militaire supplémentaire en 2024. Notre pays est donc très en retard par rapport à nos partenaires européens. Avec 24 milliards d’euros d’aide, dont 19 milliards d’euros d’aide militaire, l’Allemagne fournit presque 7 fois plus d’aide que la France. Avec 17 milliards d’euros d’aides, dont 10 milliards d’aide militaire, le Royaume-Uni fournit quatre fois plus d’aide que la France.
L’Europe devra s’investir dans la reconstruction de l’Ukraine une fois la guerre gagnée. Ce dont l’Ukraine a besoin, ce ne sont pas des mots ou des fausses promesses de M. Macron, mais des armes et des munitions !
En revanche, l’Union Européenne n’est pas prête pour de nouveaux élargissements au risque de s’affaiblir et de briser le projet européen. L’Ukraine, la Moldavie, la Géorgie et les pays des Balkans occidentaux doivent être arrimés à l’Europe par des partenariats solides et par le développement du statut d’Etat associé à l’Union européenne, pas par de nouveaux élargissements.
Il nous faut renforcer l’industrie de défense européenne. Entre 1999 et 2021, le total des dépenses des Etats membres de l’Union européenne dans le domaine de la défense a augmenté de seulement 20 % contre 65 % pour les Etats-Unis, 300 % pour la Russie et 600 % pour la Chine. Face à l’aggravation des menaces, le réarmement de l’Europe est une nécessité vitale en imposant à chaque Etat membre de l’Union de consacrer au moins 3 % de son PIB à sa défense. Au-delà de cet objectif chiffré, nous souhaitons mettre en place une véritable « préférence européenne » pour les dépenses du Fonds européen de défense (FED) et les commandes de l’Agence européenne de défense (AED). 8 commandes sur 10 en matière d’armement sont passées à des acteurs non européens. Il faut les réserver aux seules entreprises européennes pour créer un véritable choc de production, seule condition pour que nous nous mettions dans une situation d’économie de guerre.
Enfin, contrairement à M. Macron qui considérait l’OTAN comme étant en « état de mort cérébral », nous pensons que l’OTAN reste incontournable pour contribuer à notre défense. Il faut créer un véritable « pilier européen » de l’OTAN et donner davantage de moyens à l’état-major de l’Union européenne pour qu’il devienne un centre d’opérations permanent. L’Union européenne doit disposer de moyens de planification et de coordination militaires pour activer des opérations de manière autonome, potentiellement sans les Américains. Nous voulons aussi renforcer la Capacité Militaire de Planification et de Conduite (MPCC) de l’Union européenne dont les pouvoirs ont été étendus en 2017.
Pour nous, l’Union européenne a un rôle primordial à jouer pour la paix et la sécurité dans un monde de plus en plus dangereux.
“Par François-Xavier Bellamy, et l’équipe de la liste aux élections européennes des Républicains”
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