Une parenthèse vite fermée
Alors que le premier tour de l’élection avait vu la victoire surprise du diplomate Korčok, c’est finalement Peter Pellegrini qui l’emporte avec 53% des voix, bénéficiant du report des bulletins du candidat arrivé troisième. Ce premier tour avait été d’autant plus étonnant qu’il a rassemblé plus de 50% des électeurs (51,9%), pour la première fois depuis 1999, alors que la participation fait un nouveau bond spectaculaire entre les 2 tours : 61,1% des électeurs se sont déplacés, en hausse de 19 points par rapport au 2ème tour de 2019. Ainsi s’achève néanmoins la parenthèse ouverte - et quelle ouverture- par la présidente progressiste sortante Zuzana Čaputová élue en 2019 face au commissaire européen Maroš Šefčovič. C’est elle toujours qui avait assisté à la fin de la première ère Fico, emporté alors par la colère des Slovaques dans l’affaire de l’assassinat du journaliste Ján Kuciak et de sa femme en 2018. Les législatives qui avaient suivi en mars 2020 avait porté une coalition hétéroclite de toute la droite, pour faire barrage au SMER de Robert Fico. La coalition s’était alors efforcée de revenir sur certaines législations du précédent gouvernement et d’afficher un visage démocratique et serein face à ses partenaires européens. La crise du covid aura néanmoins compliqué les choses. Confrontée à de nombreux scandales et démissions, la coalition a explosé en 2023, provoquant des élections anticipées.
Le “pouvoir Fico” se consolide
Alors que le soutien à l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie est loin d’être unanime en Slovaquie, Robert Fico a surfé sur cette vague et les conséquences de la guerre sur le quotidien pour convaincre les électeurs de lui remettre une nouvelle fois les clés du pouvoir. C’est donc en s’alliant avec son ancien poulain, Peter Pellegrini qui semblait s’éloigner de l’influence de l’homme fort de Bratislava, mais qui est bien vite rentré au bercail, que Robert Fico est revenu aux affaires en octobre dernier.
Depuis, même si sa défiance envers Kiev semble s’être volatilisée, le gouvernement Fico applique son programme antilibéral et faisant la part belle à ses puissants alliés. Les rues ne désemplissent néanmoins pas de Slovaques en colère face à ce retour en arrière et aux risques évidemment en termes de corruption que ce gouvernement, favorable à la levée de toute protection des lanceurs d’alerte. Les institutions européennes ont d’ores-et-déjà brandi la menace d’un gel des transferts de fonds européens. Si en Slovaquie le Président n’a qu’un faible rôle dans la politique interne, il peut tout de même avec son droit de veto, constituer un véritable contre-pouvoir contre certaines dérives. Gageons que Peter Pellegrini n’usera guère de cette prérogative et continuera son chemin dans l’ombre du Viktor Orbán slovaque.
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