Manifester pour les droits humains, la démocratie et contre l’oppression dans un petit pays d’Europe orientale, un dimanche de pluie en plein hiver, il fallait être motivé. C’est ce qu’on fait pourtant des dizaines de militants de différentes associations, parmi lesquelles Les Jeunes Européens – Strasbourg, le Mouvement Européen – Alsace, l’Union des Fédéralistes Européens du Grand Est, ainsi que l’association des Bélarusses de Strasbourg. Rassemblés devant le parvis du Conseil de l’Europe (l’accès n’y étant pas autorisé), les militants ont exprimé de concert leur solidarité pour le peuple bélarusse opprimé par un système dictatorial obsolète à bien des égards, mais qui se cramponne au pouvoir au mépris de toute légitimité démocratique.
Les drapeaux blancs et rouges, symbole de l’opposition démocratique, les pancartes avec des slogans de soutien en français, en anglais et en bélarusse, ainsi qu’un micro pour des prises de parole publiques étaient présents pour tenter d’attirer l’attention des piétons et voitures déboulant sur l’Avenue de l’Europe. Pour de nombreuses personnes présentes, il était très important de montrer un soutien malgré les milliers de kilomètres entre la capitale européenne et le Bélarus, parfois pour des raisons très personnelles. « Ma femme est franco-bélarusse et est née à Minsk. Une partir de sa famille est toujours là-bas et a été arrêtée par les forces pro-Loukachenko » confie l’une d’entre elles.
Prise de parole de Fabienne Keller, députée européenne. Vidéo : Théo Boucart
Des personnalités politiques ont également fait le déplacement, comme Céline Geissmann, adjointe à la mairie de Strasbourg, ou encore Fabienne Keller, députée européenne qui s’est également exprimée « je voudrais remercier toutes celles et ceux qui se sont mobilisés pour soutenir l’opposition démocratique. Cela fait plus de six mois que celle-ci se bat ». Le point d’orgue de l’évènement a été le déploiement d’une immense banderole blanche et rouge. Žyvie Biełaruś, vive le Bélarus !
Fabienne Keller devant la banderole bicolore. Crédit : Andreea Camen
Appel de Svetlana Tikhanovskaïa
Le lieu de la manifestation est également tout un symbole. Le Bélarus est en effet le seul pays européen à ne pas être membre du Conseil de l’Europe qui s’est ouvert à l’ensemble des anciennes démocraties populaires au cours des années 1990. « Je rêve qu’un jour le drapeau d’un Bélarus libre puisse flotter parmi tous les autres pays membres du Conseil de l’Europe » s’est exclamé l’un des membres de l’association des Bélarusses.
Loin d’être une action isolée, la manifestation strasbourgeoise s’inscrit dans l’appel lancé par Svetlana Tikhanovskaïa, la cheffe de l’opposition du Bélarus. Le 7 février est en effet la journée internationale de solidarité pour le Bélarus. Quelques jours avant, Tikhanovskaïa avait fustigé le « manque de courage des Occidentaux » vis-à-vis de la situation dans le pays. Il faut dire que la réaction de l’UE a été quelque peu timorée, malgré le recours aux sanctions à l’encontre du régime de Loukachenko dès le mois d’août. Le journalisme franco-bélarusse Alexeï Vaitovitch avait résumé l’inaction de son pays d’adoption dans un tweet en réponse au secrétaire d’Etat aux Affaires européenne, Clément Beaune.
Militants devant le Conseil de l’Europe. Crédit : Mouvement Européen-Alsace
Six mois de combat
Toutefois, il est plus que temps de s’engager pour la démocratie au Bélarus. Cela fait plus de six mois que des citoyens défient la répression de Loukachenko et manifestent dans les rues de Minsk et des principales villes du pays. Actifs avant même la tenue d’un scrutin qu’ils savaient truqué, les manifestants n’ont pas baissé les bras alors que nombre d’entre eux se faisaient arrêtés, voir tués dans des heurts violents. Vainqueur selon plusieurs enquêtes indépendantes, Svetlana Tikhanovskaïa, épouse d’un célèbre blogueur incarcéré pour avoir exprimé publiquement la colère de Bélarusses, a finalement pris la tête de ce mouvement inédit dans l’histoire du pays, après y avoir été un temps réticente. Si la situation au mois de février est toujours bloquée par un Alexandre Loukachenko toujours aussi paranoïaque, il est du devoir des partenaires européens et de toute démocratie en général d’afficher son soutien pour un mouvement qui ne demande qu’à construire un pays libre et démocratique.
Les Jeunes Européens – Strasbourg, section locale des Jeunes Européens – France et des Jeunes Européens Fédéralistes basés à Bruxelles, prennent part pleinement à la campagne #DemocracyUnderPressure, lancée chaque année depuis 15 ans pour soutenir l’opposition politique au Bélarus et qui s’est élargie depuis 2014 à la protection de la démocratie et de l’état de droit dans toute l’Europe, notamment en Russie et dans certains pays de l’UE qui glissent dangereusement vers l’illibéralisme politique.
Post Facebook des Jeunes Européens - Strasbourg
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