Chaque petit espace est un lieu de création potentielle, l’expression d’idées aussi étranges que fascinantes. Le jour, l’endroit est presque désert, seulement pris d’assaut par quelques touristes et habitués des lieux. Mais la nuit, il se transforme pour accueillir les fêtards de tout âge et de tout style, les artistes aussi bien que les sans-abris, pour donner au lieu son ambiance si particulière entre squat et lieu branché de la vie nocturne ljubljanaise.
D’abord quartier général de l’armée austro-hongroise à partir de 1911 avant d’être récupéré par les fascistes italiens puis les nazis jusqu’en 1941, Metelkova a ensuite été placé sous le contrôle de l’Armée Nationale Yougoslave (JNA) de 1945 à 1991. La JNA a délaissé le quartier à la fin de la guerre des 10 jours opposant la Yougoslavie à la Slovénie, suite à la proclamation de son indépendance. Ce sont donc sept bâtiments, soit environ 12500 m², qui ont alors été laissés à l’abandon en plein cœur de Ljubljana.
En 1990, un Réseau pour Metelkova avait déjà été formé par plusieurs organisations partenaires afin de proposer un nouvel usage pacifique et créatif des casernes. C’est donc logiquement qu’en 1991, ce réseau a réclamé au gouvernement slovène le droit de disposer de cet espace. Mais en 1993, celui-ci a préféré opter pour la destruction des bâtiments inutilisés. Inutilisés ? Qu’à cela ne tienne, on s’y installe !
Plus de 200 activistes ont occupé les lieux dans la nuit du 10 au 11 septembre 1993 en signe de protestation contre la décision des autorités. C’est l’acte de naissance de Metelkova mesto. Depuis 1995, c’est un quartier autonome de Ljubljana. Même s’il n’a pas encore réussi à obtenir un vrai statut légal, il a été partiellement enregistré au patrimoine culturel national en 2005. D’ailleurs, les guides de voyage ainsi que l’office de tourisme de Ljubljana mentionnent Metelkova comme visite incontournable de la ville.
Aujourd’hui, le quartier accueille différentes organisations et activités artistiques tout au long de l’année. Tous les genres musicaux ont leur propre espace d’expression, du rock au hip-hop en passant par le jazz, la musique électronique, orientale ou encore latine.
Chaque soir, les clubs accueillent un ou plusieurs DJ ou groupes appartenant à des univers musicaux très variés. La musique n’est pas la seule forme artistique mise en avant par Metelkova. Les façades des bâtiments rivalisent de tags, dessins, mosaïques ou autres sculptures. Chacun, artiste ou non, peut apposer sa marque, ce qui fait de Metelkova une œuvre artistique vivante et en renouvellement perpétuel. Dans la journée ou la soirée, certains clubs organisent des lectures, des projections de film ou des ateliers créatifs. Certains artistes ouvrent même gratuitement leurs studios aux visiteurs. Pour les plus téméraires, il est même possible de dormir sur place, à l’auberge de jeunesse Celica Hostel, construite dans l’ancienne prison militaire.
A travers toutes ces activités, Metelkova s’est fixé pour principal objectif de favoriser l’expression des idées d’une culture alternative : féminisme (International Feminist and Queer Festival Red Dawns), anarchisme (KUD Anarhiv) et droit des homosexuels (Klub Tifanny et Klub Monokel dédiés à la communauté homosexuelle) notamment. Ce quartier accueille également les bureaux de plusieurs ONG (City of Women, Peace Institute, etc.). Le fonctionnement de Metelkova se fait sous la forme de forums, organisés régulièrement ouverts à tous les participants. Les décisions y sont prises selon les principes de consensus et de démocratie directe. Les différents clubs n’ont pas de but lucratif d’où des concerts, projections et restauration à petit prix, voire même souvent gratuits et donc accessibles à tous.
La vie culturelle qui anime aujourd’hui Metelkova montre que le pari a été largement gagné. C’est l’un des rares endroits de Slovénie où une telle culture underground est produite en continu et ouverte à un public aussi large. Pourtant, le quartier reste plus ou moins constamment sujet à des attaques. En 2006, un bâtiment construit en plus des autres déjà existants a été détruit car considéré comme illégal. Mais Metelkova souffre surtout d’agressions directes aux idées défendues en son sein. L’accueil d’activités LGBT ou encore antifascistes lui vaut d’être la cible de groupes néo-nazis ou skinhead.
1. Le 29 novembre 2013 à 23:24, par Tom
En réponse à : Metelkova mesto, un squat culturel au cœur de la capitale slovène
Pour y être passé lors d’un voyage entre Erasmus à Ljubljana, j’en garde un très bon souvenir ! Il faut y passer au moins une soirée si vous avez l’occasion de visiter la capitale slovène.
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