Mon Interrail avec #DiscoverEU

, par Elise Magne

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Mon Interrail avec #DiscoverEU
Split, Croatie Tous droits réservés.

J’ai eu la chance cet été de faire partie des 15 000 jeunes européens de 18 ans qui ont obtenu un pass Interrail lors du concours #DiscoverEU organisé par la Commission européenne. Je vous raconte mon expérience, mes belles découvertes et mes galères derrière ce tonitruant coup de communication de l’UE.

Le concours #DiscoverEU

12 millions d’euros : c’est le budget alloué par la Commission pour ce concours d’envergure lancé début juin 2018 et concernant tous les citoyens européens âgés de 18 ans au 1er juillet 2018. L’objectif ? Permettre à des jeunes qui n’auraient pas forcément fait ou pu faire la démarche de partir, découvrir plusieurs pays européens, et ce en rencontrant des locaux et en tissant des liens. D’après le député européen Manfred Weber, chef de file du Parti populaire européen (PPE) « L’Europe, ce n’est pas seulement de la politique technocratique. Il s’agit aussi de rapprocher les gens, nous devons à nouveau enthousiasmer les jeunes pour l’Europe ». Un but honorable, donc. Cependant, il n’est pas vraiment sans contrepartie. En effet, les jeunes sélectionnés s’engagent à devenir des « Ambassadeurs DiscoverEU », c’est-à-dire à partager régulièrement leur expérience sur les réseaux sociaux via le hashtag #DiscoverEU, à mentionner les institutions européennes, en bref, à répandre la bonne parole. Toutefois, il n’existe aucune réelle obligation de s’y tenir dans les faits, et l’on peut même choisir lors de l’inscription de garder ses coordonnées confidentielles afin de ne pas être recontacté.

Un coup de com’…en déficit de com’

A propos de la finalisation de l’inscription, beaucoup d’incohérences et de dysfonctionnements ont été à relever pour cette première édition de #DiscoverEU. La première : le délai entre la réception du mail annonçant les gagnants, arrivé fin juin, et le mail invitant à confirmer son inscription afin de recevoir le précieux pass, arrivé mi-juillet pour ma part. Prévoyant de base de partir un mois, j’ai donc dû raccourcir mon séjour. De plus, nous avions lors de l’inscription le choix entre plusieurs options : fixe ou flexible, en solo ou en groupe. Problème, noyés entre les flux d’informations émanant de différents responsables visiblement non uniformément informés, nous ne savions pas réellement les avantages et les inconvénients de chaque option tels que le paiement de frais supplémentaires ou les modalités techniques impliquées. C’est pour ainsi dire à l’aveuglette que la plupart d’entre nous s’est lancé dans l’aventure, tous reliés par un outil-clé mis en place et administré par la Commission : le groupe Facebook #DiscoverEU regroupant les gagnants des 28 pays afin de leur permettre d’échanger sur leurs difficultés, leurs trouvailles, et même de se rencontrer lors de leurs périples respectifs.

Une opportunité unique...

Je m’étais inscrite avec trois amis et c’est ensemble que nous avons été sélectionnés pour recevoir ces fameux pass Interrail. Nous sommes partis deux semaines du 22 juillet au 5 août avec le pass flexible. Alors que le règlement du concours prévoyait la visite d’un à quatre pays maximum, nous nous sommes rendus compte que l’option flexible nous permettait en réalité d’en visiter davantage. En effet, le pass d’une valeur de 255€ donnait accès à sept jours de voyage en train sur une durée maximum d’un mois, et ce dans les 30 pays partenaires d’Interrail. Partis de Toulouse, nous avons ainsi pu visiter Genève, Milan, Rijeka, Split, Zagreb, Ljubljana, Budapest et Vienne, où nous avons à chaque fois effectué des séjours allant de moins de 24 heures à trois jours.

Certes, cela fait beaucoup de temps passé dans les transports, avec des trajets durant parfois jusqu’à 15 heures, mais le grand avantage du train est qu’il permet de découvrir les pays de manière inédite, en s’enfonçant dans des endroits reculés laissant apparaître des paysages parfois à couper le souffle. De plus, nous avions choisi des trains de nuit pour les plus longs trajets, ce qui nous permettait de rentabiliser nos heures de sommeil en plus d’économiser des nuits en hébergement. Il ne faut clairement pas s’attendre à dormir dans les meilleures conditions, tout particulièrement lorsque vous n’avez pas payé les quelques 30 ou 40€ de réservation nécessaires à l’obtention d’une précieuse couchette. Cela peut toutefois mener à quelques rencontres inédites avec d’autres passagers ou encore à des discussions animées avec des contrôleurs slovènes. Par ailleurs, les trajets comportent parfois des correspondances assez saugrenues. Descendre d’un train à la nuit tombée dans une gare perdue dans l’arrière-pays croate et attendre durant cinq heures le train suivant en faisant des parties de cartes aux côtés d’une personne sans domicile fait partie de ces situations inédites mais surtout inoubliables. Partir en voyage Interrail est selon moi une expérience à tenter au moins une fois dans sa vie, car bien loin du banal « avion/hôtel », elle nous pousse à aller vers l’autre, à se débrouiller par soi-même en faisant face aux imprévus, à passer dans des endroits peu touristiques et finalement à découvrir l’Europe sous un nouveau jour. Par rapport au choix de la Commission de sélectionner des participants de 18 ans seulement, je trouve qu’une telle expérience est un formidable tremplin vers la vie d’adulte en termes d’autonomie et de prise en charge.

...mais une accessibilité à nuancer

Il m’apparaît tout de même nécessaire de relativiser le côté « voyage accessible à tous » mis en avant par l’Union européenne dans le cadre de ce concours. Si le transport constitue souvent la part la plus importante du budget d’un tel voyage, il ne faut pas négliger l’hébergement et la nourriture. En choisissant à chaque fois de l’entrée de gamme, il faut bien compter entre 150 et 300 euros pour une semaine à l’étranger. Si cela peut paraître dérisoire à certains, ça ne l’est pas toujours pour un lycéen ou un étudiant, pour qui ce cadeau peut vite devenir empoisonné au fur et à mesure que s’accumulent les dépenses nécessaires, qui plus est lorsqu’il est obligé d’effectuer des réservations de sièges, non couvertes par le pass Interrail. Comptez une vingtaine d’euros pour chacune. Nombreux sont les gagnants qui ont sur le groupe Facebook exprimé leur déception face à ces frais supplémentaires.

Le programme #DiscoverEU m’a donc permis de visualiser concrètement cette « Europe sans frontières » à travers ses reliefs, ses langues, ses monnaies, ses habitants et leurs coutumes. Il me conforte dans l’idée que l’UE regorge de ressources mais souffre du fléau de sa méconnaissance par les citoyens, entretenue par la communication médiocre de l’Union et par sa difficulté à parler d’une même voix. C’est pourtant de ce genre d’initiatives concrètes dont manque cruellement l’UE pour réaliser son objectif premier et (ré)unir les européens.

Photo : Ogulin (Croatie) © Clara Vignères.

Vos commentaires
  • Le 30 août 2018 à 10:41, par Victorien En réponse à : Mon Interrail avec #DiscoverEU

    Merci pour cet article, et bravo pour ce courage de se lancer à l’étranger à l’aveugle, almost « like a hobo » ;).

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