N’acceptons pas le mur de la honte de Viktor Orban

, par Fabien Cazenave

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N'acceptons pas le mur de la honte de Viktor Orban
Viktor Orban à la tribune du PPE le 7 mars 2014. - EPP

Le premier ministre hongrois veut construire un mur entre son pays et la Serbie. C’est sa réponse démagogique à l’afflux de migrants auquel son pays est incapable de faire face seul, car trop petit. Un nouveau mur de la honte risque d’apparaître en Europe.

La situation en Hongrie n’est pas catastrophique, mais il est vrai qu’elle est impressionnante. Depuis le début de l’année, la Hongrie a accueilli 50 000 demandeurs d’asile, soit à peine 10 000 de moins que l’Italie. Sauf que dans le premier pays cité, nous avons une population de dix millions d’habitants tandis que le second en compte 60 millions... et les moyens financiers qui vont avec. La Hongrie ne peut donc pas gérer seul une telle arrivée de migrants, elle n’en a pas les moyens humains et financiers. Surtout quand on sait que cela représente 20 fois plus d’arrivée sur son territoire en six mois que pour toute l’année 2013. Cependant, une clôture de 4 mètres de haut sur 175 km de long, c’est la solution de la honte. Honte par rapport à l’histoire du continent, séparé pendant 40 ans par un « Rideau de fer », notamment entre l’Autriche et la Hongrie. Honte par rapport aux autres pays européens, car si les demandeurs d’asile ne peuvent plus passer par la porte hongroise, les trafiquants vont simplement les faire passer ailleurs, par un autre pays de l’Union européenne. Honte enfin, parce qu’ériger un tel mur, c’est faire croire que la Hongrie fait face à une situation humanitaire insoutenable. Or il n’en est rien. Les demandeurs d’asile, qui sont surtout des Afghans et des Syriens, ne restent que quelques jours en Hongrie. Ils fuient aussitôt vers le nord de l’Europe d’après RFI. Contrairement à la Grèce ou à l’Italie, la Hongrie ne fait face à aucune crise humanitaire.

Comment réagir à un tel populisme ? De trois manières différentes.

Tout d’abord en disant notre indignation. Viktor Orban compte sur notre attentisme, à nous Européens, pour faire passer sa mesure. Il est aller tellement loin qu’une provocation de plus ou de moins peut passer presque inaperçue. Dernière en date, sa volonté de rétablir la peine de mort. Jusqu’à présent il n’a pas été sanctionné. Le jeu du « je te tiens - tu me tiens par la barbichette » entre nations européennes fait que personne ne veut sanctionner la Hongrie sous peine de se voir un jour soi-même condamné par les autres. Nous devons donc marquer notre indignation, encore une fois, et soutenir nos responsables politiques européens et nationaux quand ils menacent la Hongrie de sanctions.

Deuxièmement, en demandant aux Républicains de Nicolas Sarkozy en France et toutes les droites démocrates en Europe d’exclure les eurodéputés du Fidesz, le parti de Viktor Orban, du PPE, ce groupe politique européen réunissant la droite parlementaire au Parlement européen. Il s’agit d’un levier sur lequel Viktor Orban joue beaucoup pour calmer les vagues d’indignation que son comportement autocratique provoque. Admettons enfin qu’il ne fait plus partie de la droite parlementaire depuis longtemps. Durant l’été 2014, il a fait sa révolution idéologique en souhaitant la mise en place d’une « démocratie illibérale » comparable à la Russie et à la Chine. L’exclusion du groupe PPE montrerait aux citoyens hongrois que, non, Viktor Orban n’est pas considéré comme quelqu’un faisant parti du jeu démocratique normal. Cela libérera la parole de tous ceux en Hongrie à qui on oppose une fin de non-recevoir à toute critique car « la preuve que Viktor Orban est un démocrate, il fait parti du plus grand parti politique européen, le même que Jean-Claude Juncker, le président de la Commission ».

Enfin, il faut proposer une solution européenne. Il est bien beau de dire d’un responsable qu’il prend une mauvaise décision, que celle-ci est nationaliste. Mais si on ne propose pas une alternative, le débat tournera autour de la proposition nationaliste et les solutions à apporter d’un point de vue national. Ce serait une erreur car nous faisons face ici à une situation rencontrée par la plupart des pays européens. C’est donc une solution européenne qu’il faut proposer. Par exemple, avec une police des frontières européennes, ce ne serait plus la Hongrie seule qui devrait assurer le contrôle des frontières. De même pour un service européen de gestion des réfugiés et des demandeurs d’asile.

Mais pour faire ça, il faudrait une véritable Europe politique, pas un concert des Nations où chacun privilégie son nombril au détriment des autres.

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