Pauline Colin, fondatrice de Mia Europo : « L’Europe fait partie du quotidien des enfants mais ils en entendent très peu parler ! »

, par Jérôme Flury

Pauline Colin, fondatrice de Mia Europo : « L'Europe fait partie du quotidien des enfants mais ils en entendent très peu parler ! »
Pauline Colin, fondatrice de Mia Europo, présente ses dix premiers numéros. Photo : DR

Comment parler d’Europe aux enfants ? Pauline Colin s’est posée la question et a décidé de lancer en 2019 un magazine à destination des plus jeunes, Mia Europo. Une projet parti d’un constat : les enfants d’aujourd’hui sont nés « dans une Union européenne déjà construite », qui fait partie de leur quotidien, et malgré cela, ils ne reçoivent que peu d’informations à son sujet. Rencontre avec la rédactrice en cheffe de cette revue unique en son genre.

L’Union européenne... Cet objet sui generis est encore aujourd’hui peu compréhensible pour une grande partie de ses citoyennes. Alors y consacrer un magazine entier et y parler « reportage », « actualité » et « dossier » semble courageux. Pourtant la chose la plus surprenante de Mia Europo réside ailleurs : dans la mention "à partir de 8 ans" qui figure en Une de chaque numéro. Un magazine parlant d’UE et à destination des enfants, comment ça marche ? Pour Le Taurillon, sa fondatrice et rédactrice en cheffe, Pauline Colin, revient sur ce projet singulier.

Le Taurillon : Comment est venue l’idée de la thématique de Mia Europo ?

Pauline Colin : J’ai commencé à m’intéresser sérieusement à l’Europe lors de mon semestre Erasmus. En rentrant je me suis orientée en master en études européennes. D’un autre côté, j’ai toujours été passionnée par l’univers de l’information et des médias ! Donc assez logiquement, j’en suis venue à m’intéresser au sujet de « l’Europe dans les médias » : à la fois à la façon dont on parle d’Europe dans les médias nationaux et aussi bien sûr aux différentes initiatives de médias européens. J’ai rejoint la rédaction d’un média européen à l’occasion de mon stage de fin d’études : Euradionantes. Cette expérience m’a énormément plu et inspirée ! Dans le même temps j’ai rédigé mon rapport de fin d’études sur les médias européens et leur impact sur notre sentiment d’être européen. Le choix de la thématique de Mia Europo était donc assez logique pour moi !

Quels sont les objectifs de la revue ? Est-elle exclusivement consacrée à l’UE ou aborde-t-elle plus généralement les problématiques continentales ?

L’objectif principal de Mia Europo est d’aider les plus jeunes, les enfants, à découvrir l’Europe. Ils sont nés dans l’Union européenne « déjà construite ». C’est la seule génération à n’avoir connu que l’euro, les frontières ouvertes, le passeport européen… L’Europe fait partie de leur quotidien mais ils en entendent très peu parler. Donc Mia Europo est un support pour leur permettre, à l’école ou à la maison, de découvrir l’Europe pour ensuite réaliser qu’ils en font partie, qu’ils sont des Européens ! D’ailleurs « Mia Europo » veut dire « Mon Europe » en esperanto.

Dans chaque numéro de Mia Europo, un pays de l’UE est mis en avant. Le « terrain de jeu » de Mia Europo est donc l’Union européenne. Notre objectif est de publier 27 numéros, un pour chaque pays. En revanche dans les pages d’actualité nous avons des formats tels que « La grosse actu’ européenne » et « La grosse actu’ internationale » dans lesquels nous parlons davantage de l’Europe dans sa globalité. On explique régulièrement à nos lecteurs la différence entre Union européenne et Europe.

Pourquoi ce format du magazine et non pas simplement un site web ?

Personnellement je suis très attachée au papier et à la presse papier. J’adore lire et je trouve que ce n’est pas du tout le même plaisir de lire sur un support papier ou sur un écran, même si c’est évidemment très pratique de lire sur son smartphone. Mais c’est surtout le choix du public qui a déterminé le choix du format : on s’adresse à des enfants, et même s’ils sont déjà connectés, ils n’utilisent pas les écrans pour lire. Le secteur de la littérature et de la presse jeunesse est toujours très dynamique !

Ensuite, j’avais envie de lancer un produit qui n’existait pas encore. Or, il existe des sites pédagogiques, des blogs et des médias en ligne sur l’Europe. Je voulais aussi un produit qui soit « beau » pour plaire à ses lecteurs : on a travaillé avec soin pour créer un magazine, coloré, lumineux, qui donne envie d’être ouvert. Le papier est épais, le format est original, adapté à des mains d’enfants…

"J’avais envie de lancer un produit qui n’existait pas encore"

Et enfin, j’aimais l’idée de pouvoir envoyer mon produit. Recevoir son magazine directement dans la boite aux lettres, je trouve que c’est un plaisir, surtout pour des enfants ! Mais bien sûr, on a fait une étude de marché avant le lancement du magazine. Les réponses nous ont convaincus sur le choix du papier !

Concrètement, quelle est l’équipe derrière, concernant à la fois l’écriture, l’édition et la publication ?

Nous sommes quatre personnes à travailler sur le magazine : deux rédacteurs, une graphiste-maquettiste et une illustratrice. Je suis la seule à travailler à 100% sur Mia Europo : à la fois en tant que directrice de publication du magazine et dirigeante de l’entreprise.

Léo (mon associé) et moi nous occupons entièrement de la rédaction : le reportage, la recette, la page de langue, de sport, les pages d’actu, le jeu & le quiz... On travaille ensuite avec deux auto-entrepreneures pour la conception du magazine. Juliette s’occupe du graphisme et de la mise en page, et Karen des illustrations. Pour l’édition et la distribution du magazine, on est totalement autonomes. L’entreprise Mia Europo (qui a le même nom que le magazine), est une société éditrice. On est donc notre propre éditeur. Mia Europo a aussi été reconnue « entreprise de presse » par la CPPAP (la Commission Paritaire des Publications et Agences de Presse), ce qui nous permet de bénéficier des avantages de la presse, par exemple pour la distribution des magazines.

On a choisi tous nos prestataires, notamment notre imprimeur, au moment du lancement du magazine et un an plus tard on travaille encore avec les mêmes car tout fonctionne bien.

Quels retours recevez-vous en général des enfants ? Et quels sont ceux des enseignants aussi ?

Ce qui ressort le plus dans les retours de nos lecteurs, c’est l’intérêt de découvrir un pays européen dans chaque numéro. Ils aiment cette notion de « tour d’Europe » : changer de lieu et de décor chaque mois et découvrir ainsi la diversité des paysages et des cultures européennes ! Les parents et les enseignants soulignent surtout l’aspect éducatif et pédagogique du magazine. Ils nous disent qu’il permet de découvrir et d’apprendre beaucoup de choses sur l’Europe de façon ludique.

Quels sont les différents formats que vous explorez dans le magazine, du reportage, des fiches pratiques ?

Nous avons deux grandes parties dans le magazine : une partie « découverte d’un pays européen » et une partie « actualités ». Le cœur du magazine, dans la première partie, c’est un grand reportage qui emmène le lecteur à la découverte d’une région du pays à l’honneur dans le magazine. Nous avons déjà visité l’Andalousie, la Campanie, la Hollande-méridionale, la Bohème du sud… Nous utilisons beaucoup de cartes, de photos et d’illustrations dans cette partie pour « montrer » à nos lecteurs à quoi ressemblent ces régions et où elles se trouvent. Nous leur parlons de leur histoire, leur géographie, leurs spécialités culturelles… Après le reportage nous présentons un sport et une recette typique du pays, puis une page d’initiation à la langue du pays.

La deuxième partie de Mia Europo est consacrée à l’actualité européenne et internationale. On explique à nos lecteurs, de façon pédagogique et accessible pour leur âge, deux sujets : une actualité européenne et une actualité internationale.

Quelles sont vos envies particulières avec ce projet dans un avenir proche ?

Dans un premier temps on se concentre sur notre « Tour des pays européens ». Notre objectif est de publier 27 numéros, un pour chaque pays de l’Union européenne. Nous en avons déjà sorti 10. Après cela, nous pourrons envisager de faire évoluer la formule. J’aimerais beaucoup aussi pouvoir distribuer Mia Europo dans plusieurs pays européens, et donc traduire le magazine. J’échange aussi avec des personnes qui ont d’autres projets d’édition sur le thème de l’Europe et à destination des enfants. Élargir notre offre de produits, c’est une idée qui m’intéresse beaucoup !

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