Propositions européennes des candidats à l’élection présidentielle

Focus : souveraineté, euro et défense

, par Lorène Weber

Propositions européennes des candidats à l'élection présidentielle
CC Flickr / Frédéric Bisson

A 10 jours du premier tour de l’élection présidentielle française, le Taurillon décrypte les opinions et propositions européennes des candidats dans trois domaines : la souveraineté, l’euro, et la défense.

SOUVERAINETE

Jamais une élection présidentielle n’avait vu autant de candidats souverainistes. Ils prônent une sortie pure et simple de l’Union européenne ou sa transformation en une communauté d’Etats « souverains ». François Asselineau, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon… Souveraineté de la France ou souveraineté du peuple, cette notion est dans tous leurs discours. La perte de souveraineté pour la France que l’UE aurait causée est leur argument central pour justifier une sortie de la France de l’Union.

Pourtant, face aux défis actuels, la vraie souveraineté passe par l’Europe, et le vrai moyen de défendre la France est de soutenir l’Europe. Emmanuel Macron mobilise d’ailleurs la notion de souveraineté en ce sens :

« On oppose depuis lors Europe et souveraineté. Il est temps d’affirmer que, sur les grands défis de notre époque (sécurité, migrations, commerce, numérique…), la vraie souveraineté passe par une action européenne, dans un cadre démocratique renouvelé. (…) Vouloir affaiblir l’Europe, c’est laisser la France seule face aux menaces du monde actuel. L’Europe doit être pour la France une protection supplémentaire. (…) L’Europe nous rend plus grands. L’Europe nous fait plus forts ! »

Pour aller plus loin :
 Thierry Chopin, "En défendant l’Europe, Emmanuel Macron défend la vraie souveraineté", L’Opinion
 Arnaud Leparmentier, « Le vrai patriote, c’est l’Européen », Le Monde

Dans un registre différent, Nathalie Arthaud dénonce l’instrumentalisation par certains candidats de la notion de souveraineté à l’encontre de l’UE : « Quitter l’Union européenne et retrouver de la « souveraineté » ? Parler de la souveraineté du peuple, c’est une escroquerie politique ! (…) Quand on est exploité, on n’est souverain de rien du tout, que les lois se décident en France ou à l’échelle de l’Europe. (…) Parler de souveraineté, c’est une façon de brouiller la conscience des travailleurs et de les détourner de leur combat de classe. »

Le discours de Nathalie Arthaud sur la souveraineté est orienté contre les multinationales et les capitalistes, néanmoins c’est une façon de défendre l’UE face à la désinformation pratiquée par certains candidats, et Nathalie Arthaud le dit clairement : « Quand Marine Le Pen prétend que l’État français ne peut venir en aide aux entreprises françaises à cause des règlements de l’Union européenne, elle ment ! (…) Les dirigeants français n’ont pas besoin des directives européennes pour s’attaquer aux travailleurs. La loi travail n’a pas été imposée par Bruxelles, mais rédigée par les chefs de cabinet de Valls, Macron et El Khomri sous la dictée du grand patronat français. Si les classes populaires européennes subissent l’austérité, si la population grecque est pressurée, ce n’est pas à cause des traités européens. »

Cette Europe des travailleurs est également défendue par Philippe Poutou qui veut la refonder pour une Europe moins libérale.

EURO

Si des candidats comme Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, François Asselineau et Jacques Cheminade se contentent de la proposition simpliste de "sortir de l’euro" pour regagner de la souveraineté, de nombreux experts, comme le gouverneur de la Banque de France, ou l’Institut Montaigne avancent qu’une sortie de l’euro aurait de graves conséquences pour l’économie française, notamment en termes de fuite des capitaux ou d’augmentation de la dette.

Jean-Luc Mélenchon, lui, prône une dévaluation de l’euro, qui serait transformé en monnaie commune et non plus unique.

Les trois candidats défendant le maintien de l’euro et proposant des réformes pour approfondir la zone euro sont François Fillon, Benoît Hamon et Emmanuel Macron.

Si François Fillon n’apparaît pas comme le candidat le plus pro-européen, il défend fermement l’euro. On peut lire dans la rubrique "Stop Intox" de son site internet, : « Marine Le Pen propose de sortir de la zone euro. Si un tel scénario devait se produire, cela conduirait à la ruine des épargnants et des travailleurs. (…) Le Front national tente donc de faire croire aux Français que la France serait plus forte et plus libre sans l’Union européenne et sans l’euro. C’est une dangereuse illusion. De plus, seule et isolée, la France devra livrer une guerre commerciale contre le reste du monde qu’elle ne peut que perdre. »

François Fillon veut également renforcer la gouvernance de la zone euro, en la dotant d’un directoire politique composé de chefs de gouvernement, et en créant un secrétariat général de la zone euro. Il défend également la réalisation d’une véritable convergence fiscale et la création d’un Fonds monétaire européen.

Benoît Hamon s’est également distingué avec son projet de "New Deal européen". Il propose un nouveau traité de démocratisation de la gouvernance de la zone euro, qui mettra en place une assemblée parlementaire remplaçant l’Eurogroupe. Ses missions seraient de décider du budget de la zone euro, des politiques d’harmonisation fiscale et sociale, et des cibles à adopter dans la réduction des déficits. La fixation du taux minimum de l’impôt sur les sociétés dans l’UE reviendrait à cette assemblée parlementaire.

Les propositions d’Emmanuel Macron vont dans le sens d’une zone euro plus intégrée et communautaire : création d’un budget de la zone euro, budget conditionné au respect de règles communes en matière fiscale et sociale, et création d’un ministre de l’Economie et des Finances de la zone euro, sous le contrôle d’un Parlement de la zone euro.

Ajoutons enfin une thèse défendue par un certain nombre d’experts : c’est avec l’euro que la France a retrouvé sa souveraineté monétaire.

DEFENSE

Si, Jean-Luc Mélenchon est fermement opposé à une défense commune européenne, et si d’autres candidats n’ont pas développé ce point, ce n’est pas le cas de François Fillon, Benoît Hamon et Emmanuel Macron, qui ont tous trois avancé des propositions plus ou moins ambitieuses pour une coopération européenne dans le domaine de la défense.

François Fillon veut doter Frontex d’un budget permettant au corps européen de garde-frontières d’être opérationnel au plus vite. Emmanuel Macron souhaite également renforcer ce corps, en lui donnant une capacité de surveillance et de protection durables des frontières extérieures, et avec l’objectif de 5 000 hommes mobilisables par la nouvelle agence européenne de garde-frontières.

La mutualisation du renseignement et la création d’un système d’information européen sont également un enjeu clé pour la défense européenne, en matière de lutte contre le terrorisme par exemple. Benoît Hamon veut une mutualisation des moyens de renseignement des Etats membres de l’UE et la création d’une agence de renseignement européenne. Emmanuel Macron est pour établir un véritable système d’information européen afin de faciliter les actions de renseignement, via une base de données centralisée avec un échange obligatoire d’informations, accessible aux services de renseignement des différents Etats membres.

Emmanuel Macron veut également créer :
 un Fonds européen de défense qui financera des équipements militaires communs et des programmes conjoints de R&D en matière militaire ;
 un Quartier Général européen permanent chargé d’assurer une planification et un contrôle des opérations de défense européenne ;
 un Conseil de sécurité européen.

L’Europe est au cœur de la campagne présidentielle. Dans l’isoloir, les français auront le choix entre la continuation, le recul, ou l’abandon du projet européen.

Pour aller plus loin :
 Dossier de Toute l’Europe, « Election présidentielle 2017 : quelle place pour l’Europe ? »
 Comparateur du Monde des programmes européens des candidats

Note de l’auteure : Les Jeunes Européens sont une association transpartisane, qui n’est affiliée à aucun parti politique, ni à aucun candidat.

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