Un scrutin serré marqué par une faible participation électorale.
Pour rappel, le Parlement européen compte 720 députés, répartis entre les 27 Etats membres en fonction de leur poids démographique. 1/3 des électeurs bulgares (33,4% de taux de participation) se sont déplacés pour désigner leurs 17 députés européens à envoyer siéger à Bruxelles et Strasbourg. Ce qui place la Bulgarie dans la médiane européenne mais loin derrière les 81 eurodéputés français.
Au terme du vote, 6 forces politiques bulgares ont sorti leur épingle du jeu pour recueillir au moins 5% des suffrages, synonyme d’entrer au Parlement européen : GERB (centre droit) – 23,5% (5 députés) ; Mouvement des droits et libertés (MDL/ parti de la minorité turcophone) – 14,7% (3 députés) ; Coalition Continuons le changement (PLC) – Bulgarie démocratique (BD) (libéraux) – 14,4% (3 députés) ; Renaissance (extrême-droite) – 14 % (3 députés) ; Parti socialiste bulgare (PSB/ successeur du parti communiste bulgare) – 7 % (2 députés) ; Il y a un tel peuple (ITP/ parti populiste anti-système) – 6 % (1 député).
« Grandeur », le « parti TikTok » qui a failli déjouer les pronostics.
Au soir des résultats, les instituts de sondage, médias et nombre de Bulgares ont été surpris de voir un parti relativement inconnu récolter 4,2% des suffrages : « Grandeur » (Velichie en bulgare). Pas assez pour atteindre le seuil minimal de 5% pour entrer au Parlement européen mais suffisamment pour créer la sensation dans les journaux.
Créé en 2023 par les promoteurs d’un parc d’attraction historique en Bulgarie, « Grandeur » se veut n’être « ni de gauche ni de droite » et se faire les chantres d’une grandeur de la nation bulgare à retrouver et à exalter. Le parti est passé sous les radars en faisant surtout campagne sur les réseaux sociaux dont TikTok, ce qui leur vaut dans la presse le surnom de « parti TikTok ».
La surprise de la montée en puissance de « Grandeur » est sans doute moindre pour les personnes qui utilisent régulièrement les réseaux sociaux et qui sont tombées sur les vidéos des fondateurs du parti, Ivelin Mihaylov et de Nikolay Markov. Ils enregistrent leurs rencontres avec les gens, puis les diffusent sur YouTube et TikTok. Ils ont leur propre chaîne « Voix libre » et publient également un journal gratuit intitulé « La belle Bulgarie ».
Il est difficile de comprendre la ligne politique tenue par ces nouveaux venus au Parlement bulgare, à défaut de s’être fait une place pour Bruxelles. Un parti attrape-tout, relativement pro-russe et d’extrême droite, géré par des affairistes qui portent derrière eux de louches affaires de détournement d’argent via des schémas dits de « la pyramide de Ponzi ».
Où siègeront les parlementaires bulgares dans l’hémicycle européen ?
Si c’est raté pour « Grandeur », les autres partis et leurs députés européens, fraîchement élus, vont devoir maintenant s’insérer dans un groupe politique européen. Les élus du GERB vont rejoindre le groupe politique du Parti populaire européen (PPE), ceux du MDL et du PLC, ardant ennemis sur la scène nationale se retrouveront paradoxalement dans la même famille européenne, celle des libéraux RENEW, le PSB dans les rangs des Socialistes et démocrates européens (S&D) et ITP dans le groupe politique d’extrême droite des Conservateurs et réformistes européens (CRE).
Il manque à l’appel les 3 députés d’extrême droite « Renaissance ». En effet, c’est la première fois que le parti accède au Parlement européen. Ils sont donc pour le moment enregistrés comme « non-inscrits ». Ils vont très probablement négocier dans les prochaines semaines pour intégrer une famille politique européenne. Car sans affiliation à un groupe politique européen, peu d’influence possible sur le processus législatif à Bruxelles et Strasbourg.
Plusieurs options d’alliance s’offrent à eux, (1) rejoindre le groupe d’extrême droite CRE. Mais leur prise de position ouvertement pro-russe et anti-OTAN risque de compliquer sérieusement leur candidature. (2) Rejoindre un autre groupe politique européen d’extrême droite (Identité et Démocratie – ID), dont fait partie le Rassemblement national, qui accepterait sans sourcilier un parti politique qui souhaite de tout cœur un rapprochement avec Moscou. (3) Dernière option, former et rejoindre un nouveau groupe politique avec d’autres élus non-inscrits, comme le Fidesz de Viktor Orban ou l’extrême droite allemande de l’AfD (Alternative für Deutschland). Bref, ce ne sont pas les options qui manquent.
Eva Maydell, une eurodéputée bulgare qui monte !
S’il fallait surveiller une membre de ce contingent bulgare en direction du Parlement européen, c’est le nom d’Eva Maydell qu’il faut cocher, une eurodéputée montante du GERB chez le Parti populaire européen.
Élue pour la première fois en 2014 à seulement 28 ans, la plus jeune députée du PPE à ce moment-là, elle est réélue en 2024 pour un troisième mandat européen. Elle s’est fait connaître lors de la dernière législature pour avoir porté pour le PPE de nombreux sujets sur le numérique dont la loi européenne sur l’Intelligence artificielle. Elle a rapidement été identifiée comme une experte des sujets numériques au Parlement européen.
Elue meilleure députée européenne en 2017 pour son travail sur les nouvelles technologiques par le magazine « Parliament » et classée par Forbes en 2016 parmi le classement « best 30 under 30 », elle a été également la première personne issue du bloc post-communiste à prendre la présidence du Mouvement européen international. Pour cette prochaine législature, elle pourrait encore engranger de nouveaux galons en cherchant à obtenir un poste à responsabilité d’une commission parlementaire. Avec la forte probabilité que son parti le GERB forme le prochain gouvernement à la tête de la Bulgarie, le nom d’Eva Maydell pourrait se mêler au processus de désignation du prochain commissaire bulgare.
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