Russie-Estonie : entre Bruxelles, Tallinn et Moscou

2004 : L’élargissement « Big Bang » de l’UE (6/6)

, par Gaia Frosio Roncalli

Russie-Estonie : entre Bruxelles, Tallinn et Moscou
Image by jorono from Pixabay

L’Estonie, membre de l’Union Européenne depuis maintenant vingt ans, se trouve sur la frontière entre deux mondes. Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, ce pays Balte partageant 294 km de frontière avec le géant russe, est sur le qui-vive plus que jamais. La proximité géographique du pays, la grande communauté russophone vivant à la frontière et l’histoire commune, mettent-ils l’Estonie à risque d’une invasion ? Son appartenance à l’Union Européenne impacte-t-elle les relations entre les deux pays ?

Le 14 septembre 2003, l’Estonie partage les résultats de son référendum : avec une large majorité de 63%, les citoyens s’expriment en faveur de l’adhésion à l’Union Européenne. Ainsi, le premier mai 2004, l’Estonie y adhère officiellement.

Après le retrait des troupes russes, l’adhésion à l’OTAN et l’UE

Pourtant, cette intégration ne fut pas un parcours rapide et simple. L’historien estonien Vahur Made, partage une expression du développement en trois périodes. La première débute avec l’acquisition de l’indépendance en 1991. Ainsi, de 1991 à 1994, le pays se concentre sur l’affirmation de son identité et s’assure de maintenir le retrait total des troupes russes. Entre 1994 et 2004 (la seconde phase), deux évènements marquants adviennent. Dans la même année, l’Estonie rejoint l’OTAN et l’Union Européenne.

Cette période est donc marquée par le processus d’adhésion et les nombreuses négociations entre Tallinn et Bruxelles. La dernière période débute en 2004, celle-ci est caractérisée par la marginalisation de “la question russe”. L’entrée dans l’UE et dans l’OTAN à instaurer un sentiment de sécurité au sein du pays. L’Estonie peut prendre part dans de nouveaux projets aux côtés des États membres et se concentrer sur la coopération transatlantique.

Avec le début de l’offensive russe en Ukraine, “la question russe” est en train de revenir sur la table. L’adhésion à l’EU et à l’OTAN sont-elles suffisantes pour maintenir la sérénité ?

La question énergétique au coeur du débat

L’intégration à l’UE a permis de renforcer l’indépendance de l’Estonie sur des plans divers. L’inclusion du pays dans le marché intérieur européen lui a permis de se développer rapidement menant à une grande réussite économique. D’un point de vue énergétique de grands changements se virent également. L’UE porte une attention particulière à la diversification des sources et des fournisseurs d’énergie. Afin d’atteindre ces objectifs, l’UE s’est engagée à financer divers projets dans la région baltique.

Le plan d’interconnexion des marchés énergétiques des États membres situés au long de la mer Baltique devint donc l’une des étapes les plus importantes dans l’évolution énergétique du pays. Le projet PIMERB à pour but de relier d’ici à 2025 les Etats baltes au réseau continental européen d’énergie afin d’assurer une désynchronisation du réseau BRELL qui les liaient à la Russie.

L’émancipation de la Russie ne signifie malheureusement pas une sécurité certaine. Un consensus au sein de la société estonienne affirme que l’OTAN et les états-unis en particulier, sont les garants de la sécurité du pays. Les tensions naissantes entre l’Europe et les Etats-Unis au sujet de l’autonomie stratégique de l’Europe est donc l’une des préoccupations principales du pays. En effet, l’Estonie est le seul pays affirmant qu’une autonomie stratégique européenne est “non nécessaire” et “préjudiciable à l’OTAN”. Pourtant, avec le retour de “la question russe”, de nouvelles formes de protections sont en train d’être mises en place, attestant ainsi de la peur grandissante au sein du pays.

L’Estonie se prépare face aux menaces russes

Le vendredi 19 janvier 2023, le ministre de la défense estonienne annonce qu’il prévoit de construire des installations défensives dans les années à venir. Cette ligne de défense balte comprend les trois pays de la région. L’objectif : dissuader et si nécessaire, se défendre contre les menaces militaires. Ainsi, les trois pays s’engagent à renforcer leurs frontières orientale et méridionale avec la Russie et le Bélarus. Ce renforcement se traduit notamment avec l’installation de 600 bunkers sur la frontière estonienne avec la Russie.

L’intégration de l’Estonie au sein de l’Union Européenne il y maintenant 20 ans est plus importante que jamais. Celle-ci à porté divers changement qui ont permis à l’Estonie de devenir le pays que nous connaissons aujourd’hui. De plus, bien que le retour de “la question russe” effraie, le pays se prépare à toutes éventualités et bénéficie du soutien de l’Union et du soutien militaire indéniable de l’OTAN.

Cet article est paru dans le cadre du Taurillon Grand Est, l’édition papier des sections des Jeunes Européens - Strasbourg, des Jeunes Européens - Dijon et des Jeunes Européens - Reims.

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