La chute programmée de la diversité européenne - commentaires La chute programmée de la diversité européenne 2009-04-26T14:20:54Z https://www.eurobull.it/La-chute-programmee-de-la-diversite-europeenne#comment6643 2009-04-26T14:20:54Z <p>Bonjour à tous,</p> <p>Merci pour toutes ces réflexions très intéressantes. La question de la diversité culturelle nous intéresse tout particulièrement, c'est pourquoi nous sommes cinq étudiants à avoir organisé un cycle de table ronde sur le thème de l'Europe et la culture, qui a pour but de contribuer au renouvellement du débat sur l'identité culturelle européenne. Je vous invite donc à assister à sa 2e table ronde- débat, « La culture européenne : qu'es aquo ? », ce mercredi 29 avril de 17 à 19h à Sciences Po, en Salle E. Eichtal (27, rue St Guillaume).</p> <p>Après notre 1e table ronde réunissant des acteurs institutionnels de l'Europe culturelle, ce 2e débat entrera dans le vif du sujet et réunira autour d'une même table des intervenants de divers horizons (représentants du monde artistique, de la minorité culturelle rrom, de la Commission européenne, du monde universitaire).</p> <p>En espérant vous y retrouver nombreux ! Inscriptions et informations (notamment si vous souhaitez que je vous envoie le compte-rendu de la première table ronde) sur leuropeetlaculture<span class="mcrypt"> chez </span>gmail.com</p> <p>L'équipe du projet « L'Europe et la culture » Linda Ay Eléna Dalibot Julie Diebolt Charles Gosme Anne Solaret</p> La chute programmée de la diversité européenne 2009-03-28T22:24:41Z https://www.eurobull.it/La-chute-programmee-de-la-diversite-europeenne#comment6526 2009-03-28T22:24:41Z <blockquote class="spip"> <p>Il y a dans ton article une idée sous-jacente, omniprésente bien que non explicitée. C'est que le marché unique est une construction économique, alors que la diversité est une notion culturelle.</p> </blockquote> <p>Ah ? Non, ce n'est pas du tout mon point de vue. C'est l'inverse, même. :) Justement, je pense que le « marché commun » va bien au-delà de l'économie : par exemple, l'accès des étudiants à un grand nombre d'universités européennes, et d'ailleurs la compétition entre ces universités pour se positionner sur tel ou tel domaine de compétence, sont une forme de « marché commun » universitaire. Quant à la diversité, je ne la réduis pas du tout à sa dimension culturelle : je parle dans cet article de la diversité des acteurs économiques, des systèmes d'enseignements, des tendances politiques, bref de formes de diversité qui n'ont pas de rapport direct avec la « culture » (enfin ça dépend, bien sûr, de ta définition de la culture - voir plus bas...).</p> <blockquote class="spip"> <p>Ce que j'essaie de te démontrer, c'est non seulement que la diversité culturelle est d'une importance capitale pour l'Europe et pour le monde, mais aussi que c'est une affaire de choix, d'arbitrage. Or, l'Union n'est plus seulement économique, elle est politique. Elle doit donc se donner les moyens de légiférer dans les domaines où elle est le moins présente.</p> </blockquote> <p>Mais comment faire, dans la pratique ? L'Union peut légiférer pour promouvoir l'égalité des droits entre les citoyens européens, indépendamment de leurs origines, de leurs choix et de leurs convictions : c'est la diversité des individus et des idées, à mon sens la plus importante. Elle peut aussi décider de mettre en place une politique crédible pour mettre en valeur la diversité linguistique. Mais pour le reste, l'Europe défendra-t-elle à long terme (et d'ailleurs, a-t-elle intérêt à défendre) la diversité des systèmes d'enseignement ? La diversité des modèles de développement économique ? La diversité des paysages politiques nationaux ? Tout le contraire, à mon avis : dans chacun de ces domaines, l'action actuelle de l'Union est plutôt celle d'une homogénéisation.</p> <p>Pour ce qui est de la diversité « culturelle » qui semble te tenir à coeur, tu remarqueras que je n'en parle précisément pas, sauf dans le paragraphe où, justement, je cite les diversités qu'il est important pour une société de préserver. J'ai évité d'aborder frontalement le sujet « culturel », parce que ce terme peut recouvrir beaucoup de définitions : pour certains, c'est une sorte de melting-pot des caractéristiques sociales et politiques d'un pays, alors que d'autres le considèrent de manière beaucoup plus stricte comme l'ensemble des références littéraires, philosophiques et artistiques qui en forment l'arrière-plan. Je ne me suis donc pas risqué à aborder directement la « diversité culturelle », et mon article prend d'autres exemples : les langues, les universités, l'économie, la politique.</p> <p>Quelle que soit ta définition, je ne suis pas opposé à ce que l'Union légifère à coeur joie pour protéger différentes formes de diversité, et je serai le premier à soutenir ce programme lorsqu'on aura clairement établi de quelles « diversités » on parle, et qu'on se sera mis d'accord sur celles qu'il convient de protéger... Un effort qui n'a pas du tout été fait jusqu'à présent. Un dernier point :</p> <blockquote class="spip"> <p>Je ne discuterai pas avec toi de biologie, d'abord parce que je n'y connais rien, ensuite parce que l'application de la théorie de l'évolution aux sociétés humaines me semble délicate. Mais, en restant sur le plan des sciences humaines...</p> </blockquote> <p>Je reviens sur ces phrases parce que je lis ou entends régulièrement des remarques de ce genre. Je suis toujours heureux de pouvoir échanger des points de vue avec des juristes, des sciences-po, etc., et tout à fait satisfait de compter, depuis quelques années, beaucoup de personnes issues de ces filières dans mon entourage. Pourtant, je n'ai pas du tout l'intention de renoncer à mes exemples scientifiques et à mes argumentations appuyées sur ces exemples. Pourquoi ? Simplement parce qu'il est hors de question que les scientifiques, leurs idées et leur langage soient tenus à l'écart du débat d'idées en politique. Et ce, même si nous ne sommes qu'une minorité parmi les personnes engagées dans les affaires publiques. Il n'est écrit nulle part que la civilisation humaine devait être jugée uniquement selon le point de vue des facultés de droit et de sciences politiques, ni que celles-ci devaient avoir le monopole du débat public... :)</p> <p>L'humanité est une espèce « juridique » certes, mais c'est aussi une espèce « biologique » dont on peut comprendre certains aspects lorsqu'on les considère, par exemple, du point de vue de l'évolution. Lorsque j'aborde des questions relatives à la construction européenne, je fais l'effort 95% du temps de « rester sur le plan des sciences humaines » pour reprendre ton expression. Admettez donc qu'en contrepartie, je puisse de temps en temps me baser sur des principes issus des sciences naturelles, principes qui ne sont pas forcément moins utiles ou moins pertinents. Et je vous encourage tous à réfléchir quelques instants à ces idées, au lieu de les rejeter par principe parce qu'elles ne vous sont pas familières : à accepter, en un mot, la « diversité » des points de vue...</p> La chute programmée de la diversité européenne 2009-03-28T18:31:45Z https://www.eurobull.it/La-chute-programmee-de-la-diversite-europeenne#comment6525 2009-03-28T18:31:45Z <p>Bonjour Maël, et merci beaucoup pour cet article clair et argumenté.... qui cependant ne me convint pas complètement.</p> <p>S'il est vrai que la notion de diversité est très à la mode, cela ne signifie pas pour autant qu'elle soit nouvelle. Et de manière paradoxale, elle a souvent servi de faire-valoir à une politique d'unification culturelle. C'était le cas de la IIIème République, dont on oublie souvent que les programmes scolaires, tout en imposant à tous la pratique de la langue française, vantaient la diversité de ses régions. En allant vite, on peut dire que l'Europe a fait de même, mais de manière plus subtile, se servant de cette notion de diversité comme d'une garantie apportée aux peuples que l'hypothèse d'une uniformisation européenne inquiétait.</p> <p>A première vue, je partage donc on avis. Le marché unique tend à uniformiser les cultures. C'est même son rôle premier. Toutefois, contrairement à toi, c'est une perspective qui m'inquiète. Et pourtant je suis une fédéraliste de coeur et de raison. Mais je pense, vois-tu, qu'un Etat peut s'accommoder d'une pluralité de langues et de cultures en son sein. Mieux, qu'il doit les protéger. C'est que la diversité culturelle, pour être une expression galvaudée, n'en n'est pas pour autant une coquille vide. Je ne discuterai pas avec toi de biologie, d'abord parce que je n'y connais rien, ensuite parce que l'application de la théorie de l'évolution aux sociétés humaines me semble délicate. Mais, en restant sur le plan des sciences humaines, je dirais que la diversité, ce n'est pas seulement une très belle chose devant laquelle il convient de se pâmer avec une complaisante délectation, c'est tout simplement ce qui permet aux êtres humains de d'inventer, d'innover, de recréer en permanence le monde qui les entoure. Pardonne-moi si j'enfonce des portes ouvertes, mais nous vivons dans un monde au sein duquel les identités sont à tel point exacerbées que l'on semble avoir oublié la vertu de la différence.</p> <p>Alors que faire ? Il y a dans ton article une idée sous-jacente, omniprésente bien que non explicitée. C'est que le marché unique est une construction économique, alors que la diversité est une notion culturelle. Or, soyons juristes ! Pourquoi le discours de la Communauté en matière de diversité sonne-t-il creux ? Parce que la Communauté dispose de compétences - quasi - illimitées en matière de concurrence, tandis que ses pouvoirs en matière de culture sont limités à une simple compétence d'appui. Aussi doit-elle, pour s'affirmer, faire passer le marché avant la culture.</p> <p>Ce que j'essaie de te démontrer, c'est non seulement que la diversité culturelle est d'une importance capitale pour l'Europe et pour le monde, mais aussi que c'est une affaire de choix, d'arbitrage. Or, l'Union n'est plus seulement économique, elle est politique. Elle doit donc se donner les moyens de légiférer dans les domaines où elle est le moins présente. Ce qui passe pour l'instant par la tolérance d'exceptions nationales à la libre concurrence, comme la prix unique du livre par exemple, pourrait à l'avenir se traduire par une véritable promotion de la diversité.</p> <p>Je défendrai donc haut et fort notre belle devise. Une antithèse ? Oui. Mais l'Union n'a pas fini de nous surprendre...</p> La chute programmée de la diversité européenne 2009-03-25T21:59:46Z https://www.eurobull.it/La-chute-programmee-de-la-diversite-europeenne#comment6506 2009-03-25T21:59:46Z <p>« C'est assez simple : moins une langue a de locuteurs (natifs ou non), plus elle est menacée. »</p> <p>De quoi ? Par qui ?</p> <p>« En Europe, l'absence de multilinguisme (avec la prédominence de l'anglais) appauvrit considérablement la diversité linguistique, donc la capacité a s'ouvrir à l'autre et à sa culture. »</p> <p>Donc ce n'est pas la langue qui est menacée mais la diversité culturelle. Comme je le disais ce sont deux choses différentes.</p> <p>En toute hypothèse seuls les gens très motivés pour apprendre le tchèque iront l'apprendre.</p> <p>La domination de l'anglais pour les échanges internationaux vient simplement remplacer celle du Français au siècle antérieur. Le français est menacé en tant que langue d'échanges internationaux et donc en tant que facteur de « puissance » pour la culture française ou les cultures francophones. Mais la langue n'est pas menacée en soi.</p> <p>Mais pour le tchèque cela revient strictement au même que la langue dominante dans les échanges internationaux soit le français ou l'anglais.</p> <p>Il faut voir ce qu'implique une politique en faveur du multilinguisme. S'il s'agit de considérer que chacun doit parler plusieurs langues, c'est insuffisant : un français ira (en général) apprendre plutôt l'anglais, l'espagnol, l'allemand, voire l'arabe, l'italien ou le portugais selon ses affinités. Il n'apprendra pas le tchèque, le maltais ou le finlandais.</p> <p>Tout cela pour dire qu'une politique de diversité dépend de l'objectif poursuivi : un objectif d'évitement de la domination d'une seule langue pour les échanges internationaux est différente d'une politique de promotion de la connaissance des langues les plus rares.</p> <p>Pour ma part j'ai tendance à considérer que si le but du jeu est de promouvoir le français ou l'allemand plutôt que l'anglais on est on du compte en matière de diversité.</p> <p>En réalité il n'existe guère en matière d'échanges internationaux d'alternative qu'entre l'anglais et l'adoption d'une langue internationale neutre. À partir de là, oui il faut encourager l'apprentissage de plusieurs langues dont des langues moins courantes, ou encore des langues régionales. Mais il s'agit là d'une autre question.</p> La chute programmée de la diversité européenne 2009-03-25T16:05:56Z https://www.eurobull.it/La-chute-programmee-de-la-diversite-europeenne#comment6500 2009-03-25T16:05:56Z <p>En réponse à ta réponse (on risque d'aller loin à ce rythme) :-P</p> <p>Franchement, en tant que fédéraliste, tu crois que l'on va réussir à « vendre » le projet européen en limitant cela à un marché ?=> c'est justement ce qui mobilise le plus les eurosceptiques.</p> <p>Par ailleurs, le marché commun revêt d'abord un aspect économique. On peut considérer que ses prolongements sont la culture, la science, l'éducation, la vie sociale, pour autant ces éléments là ne forment pas le marché commun en tant que tel. On peut tout aussi bien considérer que tout ce qui relève de l'économie n'est qu'un moyen pour la culture, la science, l'éducation ou la vie sociale.</p> <p>Enfin, je suis conscient des relations intellectuelles entre Smith et Darwin, dois-je te rappeller ce qu'a amené à une certaine époque un avatar de leurs théories : l'idée selon laquelle nous sommes tous en compétition, qu'un processus « naturel » entraîne une nécessaire sélection des meilleurs d'entre nous...</p> <p>PS (je le fais exprès) : Je ne saisi pas ce qu'est un « marché commun des espèces »=> sommes nous échangeables comme des biens ou des services ? Le sujet de l'article concerne la diversité=> comment peut-on comparer diversité biologique et sociologique/économique/culturelle ? Je t'invite à lire des ouvrages comme « Tristes Tropiques » de C. Levy-Strauss.</p> La chute programmée de la diversité européenne 2009-03-25T13:43:13Z https://www.eurobull.it/La-chute-programmee-de-la-diversite-europeenne#comment6494 2009-03-25T13:43:13Z <p>Je me permets de te répondre point par point :</p> <blockquote class="spip"> <p>Je ne comprends pas très bien la conclusion… Tout se résume à une question de devise ?</p> </blockquote> <p>Non, bien sûr, je trouve simplement que la devise actuelle résume assez bien l'attachement des Européens à la notion de diversité, parfois paradoxal quand on considère que l'Union est, à de nombreux égards, un système d'intégration et d'homogénéisation.</p> <blockquote class="spip"> <p>Premièremement les échanges (pas uniquement commerciaux) n'ont pas attendu la création de l'UE, les Etats n'ont jamais été totalement isolés les uns des autres.</p> </blockquote> <p>Je n'ai évidemment jamais prétendu que les Etats européens aient été, à un moment quelconque, « totalement isolés les uns des autres ». Mais si on veut poursuivre sur la métaphore des plaques tectoniques, avant la coalescences des Amériques il y avait aussi des passages de vie végétale (graines) et animale (insectes par exemple) d'un continent à l'autre : ça n'avait pourtant rien à voir avec le grand mélange d'espèces qui a suivi la formation de l'isthme de Panama. Pour l'Europe c'est pareil, même si les échanges ont toujours existé, le principe de l'Union a été de les amplifier et de les généraliser.</p> <blockquote class="spip"> <p>Ensuite je trouve très réducteur de considérer l'UE comme un supermaché contenant un rayon « économie », un stand « social » et un coin « culturel » et « scientifique ».</p> </blockquote> <p>Je ne vois pas très bien ce que tu proposes d'autre ? J'aborde ces différents aspects séparément parce qu'il faut bien que je structure ces idées, on ne peut pas parler de tout à la fois. Ou ai-je mal compris le sens de ta remarque ?</p> <blockquote class="spip"> <p>Que je sache le « marché » est inconnu du monde vivant sauf d'une espèce atypique que l'on appelle l'être humain.</p> </blockquote> <p>Tout sauf inconnu ! Les espèces vivantes, nous compris d'ailleurs, se livrent à une compétition pour la survie qui n'a rien à envier à la concurrence économique chez l'espèce humaine. D'ailleurs Darwin s'est largement inspiré des travaux d'Adam Smith lorsqu'il a fondé le concept révolutionnaire de « sélection naturelle » dans le monde vivant. L'évolution, l'écologie et la biologie comportementale ont pleinement intégré cette notion, que je résume ici de manière trop rapide et abusive (je ferai peut-être un article sur l'évolution à une autre occasion :) ).</p> <p>Je crois donc que l'analogie se tient entre le « marché commun des espèces » introduit par la coalescence des Amériques et le « marché commun » économique, politique, social, culturel, scientifique et technologique européen issu de l'Union. Et si on s'en tient à ce que la biologie nous apprend dans de tels contextes, une chute de certaines formes de diversité semble naturelle dans ce genre de processus.</p> La chute programmée de la diversité européenne 2009-03-25T13:24:05Z https://www.eurobull.it/La-chute-programmee-de-la-diversite-europeenne#comment6493 2009-03-25T13:24:05Z <p>Petite critique sur la formulation de ce passage : « L'anglais, déjà langue internationale, s'impose de plus en plus comme la langue européenne de référence » C'est certes une langue très importante, mais ce n'est qu'une parmi la dizaine de langues de diffusion internationale. De plus, s'impose-t-elle, ou est-elle imposée ? A l'école primaire, c'est clair : elle est imposée... A la télévision French24, que les Français financent sans pouvoir la regarder (bien fait pour nous qui acceptons sans broncher des choses pareilles), il est imposé. Dans les cursus Erasmus mundus itou, car les universités veulent les subventions euroépennes qui vont avec, etc.</p> <p>Bravo pour le passage qui rappelle le refus de discuter d'une langue véhiculaire neutre et largement plus simple à apprendre :</p> <p>« La seule solution crédible évoquée à ce jour, qui serait l'instauration d'une langue de communication très simple (espéranto, latin simplifié ou autre), pour permettre les échanges européens sans se substituer aux langues nationales ou régionales, n'a aujourd'hui fait l'objet d'aucune étude sérieuse à l'échelle de l'Union »</p> <p>Effectivement, l'UE subventionne à fonds perdus des congrès sur cette imposture scientifique qu'est l'intercompréhension passive (simple faible niveau de diverses langues comme les marins, commerçants et autres voyageurs l'ont depuis des siècles), mais refuse d'engager les malheureux milliers d'euros nécessaires à la confirmation de la vitesse d'apprentissage de l'espéranto, et à la confirmation de ses performances dans la traduction (avec tests de rétrotraduction comparativement avec l'anglais et le français).</p> <p>Une langue véhiculaire ne s'oppose nullement à la diversité : tous les pays immenses en ont une, voire deux, l'ex-URSS, l'Inde, la Chine. La question qui se pose, c'est laquelle convient le mieux pour l'UE ?</p> <p>Cette question de la communication dans l'UE est des plus difficiles, mais il est regrettable qu'elle soit étouffée, que dans le même temps le Parlement se gargarise du mot « multilinguisme » (rapport d'hier), sans entrer dans les détails, en occultant le tout-anglais qui sévit. Le parti ADLE signale d'ailleurs que des passages critiques y ont été censurés :</p> <p>« Certain paragraphes du projet de rapport initial, appuyé par le PPE, qui formulait des critiques assez explicites contre la politique linguistique dans l'enseignement pratiqué dans plusieurs régions d'un Etat membre de l'UE ont été supprimées grâce à un compromis soutenu par l'ADLE, le PSE et les Verts. »</p> <p><a href="http://www.alde.eu/fr/details/news/multilinguisme-un-atout-pour-une-societe-europeenne-ouverte/" class="spip_url spip_out auto" rel="nofollow external">http://www.alde.eu/fr/details/news/multilinguisme-un-atout-pour-une-societe-europeenne-ouverte/</a></p> <p>La censure est-elle le meilleur moyen de débattre que connaisse l'UE ?</p> La chute programmée de la diversité européenne 2009-03-25T10:50:57Z https://www.eurobull.it/La-chute-programmee-de-la-diversite-europeenne#comment6492 2009-03-25T10:50:57Z <p>Pour répondre à Valéry, et en complément à Emmanuel, j'ajoute que la « menace » portée aux langues minoritaires consiste en particulier à voir s'organiser en anglais tous les pôles de compétence européens (en matière financière, économique, scientifique, technologique, bientôt politique peut-être). L'anglais est la langue la plus ancrée dans l'évolution des idées, des techniques et des procédures. Elle est par conséquent la langue la plus pratique, la plus en adéquation avec les exigences actuelles, et celle qui évolue le plus vite.</p> <p>Le danger est que les langues minoritaires risquent d'être réduites à des outils de communication très locaux, éventuellement à des objets culturels intéressants, mais ne plus avoir leur place dans l'économie, l'industrie ou l'enseignement supérieur. Je peux témoigner que dans le domaine scientifique, même une langue comme le français (pourtant solide, et pour laquelle des efforts de traduction importants existent) atteint actuellement des limites, et qu'au sein de mon laboratoire nous communiquons souvent en anglais, ou en tout cas avec une batterie d'expressions anglaises, pour cibler au mieux nos questions scientifiques et nos protocoles expérimentaux.</p> <p>Si une langue comme le français ne parvient pas à se maintenir au-delà d'un certain niveau d'exigence, il me semble que les langues minoritaires risquent d'être rapidement balayées de tous les cercles décisionnels qui comptent en Europe. Évidemment, ça n'implique peut-être pas la disparition de ces langues dans un usage strictement local et non spécialisé, à la limite un usage « familial »... Mais est-ce vraiment cela, le multilinguisme ?</p> La chute programmée de la diversité européenne 2009-03-25T09:29:52Z https://www.eurobull.it/La-chute-programmee-de-la-diversite-europeenne#comment6491 2009-03-25T09:29:52Z <p>Je ne comprends pas très bien la conclusion... Tout se résume à une question de devise ?</p> <p>Par ailleurs, je ne suis pas d'accord concernant cette phrase « Qu'est-ce que l'Union européenne, sinon la réunion d'États autrefois isolés, et l'interconnexion des Européens dans un marché commun économique, social, culturel et scientifique ? ». Premièremement les échanges (pas uniquement commerciaux) n'ont pas attendu la création de l'UE, les Etats n'ont jamais été totalement isolés les uns des autres. Ensuite je trouve très réducteur de considérer l'UE comme un supermaché contenant un rayon « économie », un stand « social » et un coin « culturel » et « scientifique ».C'est malheureusement cette pensée qui prédomine au sein des institutions européennes à l'heure actuelle et qui est responsable de cette perte de « diversité ».</p> <p>Il aurait été plus pertinent de parler « d'espace commun/de rencontre » ou « d'interface de biotopes » si l'on souhaite réellement faire un peu de biogéographie. Que je sache le « marché » est inconnu du monde vivant sauf d'une espèce atypique que l'on appelle l'être humain. Maintenant il y a peut être quelques chercheurs qui seraient en mesure de nous prouver que les échanges commerciaux existent aussi chez les baleines, dans ce cas là, j'aimerais bien savoir ce que les baleines pensent des théories de Ricardo, Smith et Paretto...</p> La chute programmée de la diversité européenne 2009-03-25T09:28:36Z https://www.eurobull.it/La-chute-programmee-de-la-diversite-europeenne#comment6490 2009-03-25T09:28:36Z <p>C'est assez simple : moins une langue a de locuteurs (natifs ou non), plus elle est menacée.</p> <p>En Europe, l'absence de multilinguisme (avec la prédominence de l'anglais) appauvrit considérablement la diversité linguistique, donc la capacité a s'ouvrir à l'autre et à sa culture. Evidemment, les étudiants Erasmus « internationalisent » leur formation, en renforçant leur anglais dans des cours donnés (souvent en pidgin-English) aux quatre coins de l'Europe, mais je doute qu'ils en reviennent plus « européanisés ». En n'ayant au mieux appris de leur pays d'accueil que les quelques phrases leur permettant de se repérer dans le métro ou de faire leurs courses, ils n'auront absolument pas progressé dans la compréhension de la culture locale, car ils en seront resté à l'anglais international pour communiquer.</p> <p>Bien sûr, le Tchèque continuera à parler tchèque (encore que... dans les grands groupes internationaux, cette stupidité monolingue fait aboutir à des résulats d'une absurdité sans nom, où des gens de même nationalité, simplement parce qu'ils sont dans le moule et totalement aculturés, continue à communiquer entre eux en anglais), mais si l'anglais prédomine comme langue de communication, les étrangers n'auront aucune incitation à apprendre le tchèque. C'est là une menace immense contre les langues, sauf à croire que la diversité culturelle est un mal avec lequel il faut vivre, et qui, dans le meilleur des cas, disparaîtra tout seul. En un mot, une vision assez peu fédéraliste...</p> La chute programmée de la diversité européenne 2009-03-25T06:48:07Z https://www.eurobull.it/La-chute-programmee-de-la-diversite-europeenne#comment6488 2009-03-25T06:48:07Z <p>« L'anglais, déjà langue internationale, s'impose de plus en plus comme la langue européenne de référence, et si l'usage du français, de l'allemand, de l'espagnol et de l'italien n'est pas menacé dans l'immédiat, il en va tout autrement des langues disposant de moins de locuteurs. »</p> <p>Peut tu préciser la nature de la « menace » s'il te plaît ? Le fait qu'une langue ait peu de locuteur n'implique en effet pas un moindre usage ou sa disparition. Les langues sont tenaces. Seule une politique d'ethnocide systématique et durable, comme celle menée en France contre la diversité au sein de ce pays, peut espérer menacer une langue. Les langues qui ont un statut officiel sont a priori peu menacées. Donner un tel statut à de nouvelles langues peut aussi les préserver mais ce sont là des compétences nationales ou régionales. En toute hypothèse, la langue de référence au niveau international et l'usage des langues me semblent être deux questions bien distinctes.</p> <p>Peut être veux-tu dire que l'usage de langue en tant que langue de communication internationale est menacé ? Peut être veux-tu dire que la diffusion d'une culture, ou plus précisément de produits culturels, est fonction de la langue ? Mais ce sont là des choses différentes.</p>