Théo Verdier : Le projet Europe Next door semble avoir pris de l’ampleur, jusqu’à la publication d’un livre au printemps dernier. C’était quoi l’idée à la base ?
Suzanne Alibert : L’idée de base était d’interroger les jeunes sur leurs visions de l’Europe et de sonder leur opinion sur le projet européen. En 2015, je suis donc partie huit mois faire le tour du continent. J’ai rencontré des jeunes avec un engagement citoyen pour observer et mesurer le poul de la jeunesse de leur pays.
Pendant mes études, j’ai travaillé sur la communication institutionnelle de l’Union et qui était-il très intéressant mais j’avais envie de changer de perspective et de me placer du point de vue des citoyens. Au départ, je pensais partir dans cinq ou six pays et tenir un blog. J’ai commencé à en parler autour de moi et les soutiens rencontrés en chemin m’ont permis d’étendre le parcours à 21 pays, dont trois qui ne font pas partie de l’Union européenne (Turquie, Islande, Suisse).
Théo Verdier : Parmi les personnes que tu as rencontré, lesquelles t’ont particulièrement marqué ?
Suzanne Alibert : En Grèce, j’ai rencontré Orestis, un entrepreneur avec de fortes convictions européennes. Il avait une énergie folle qu’il investissait dans le montage de son entreprise. En parallèle, il faisait le tour de Grèce pour aller à la rencontre d’autres jeunes et les pousser à entreprendre, croire à l’avenir et en leur potentiel.
“En Grèce, l’image de l’entrepreneur est celle du type qui fume un cigare et s’engraisse sur le dos des autres. Souhaitant en montrer un autre aspect, plus valorisant – et plus réaliste – Orestis s’est rendu l’an dernier dans les universités grecques pour faire des présentations et animer un concours de création d’entreprise.” Suzanne Alibert raconte sa rencontre avec Orestis sur son blog Europe Next Door.
Théo Verdier : On a le sentiment que tu as suivi la génération Erasmus dans ses aventures. As-tu l’impression qu’il s’agit encore de « happy few » ou d’une véritable génération d’européens ?
Suzanne Alibert : Les personnes que j’ai rencontré étaient très “européennes”. Cela provenait de leur engagement local, de leurs voyages et d’expériences positives. J’ai parfois eu l’impression d’avoir côtoyé un milieu particulièrement ouvert au monde, mais il y avait de grandes disparités entre les personnes que j’ai rencontré.
Les Européens de l’Est sont peut-être plus tournés vers l’Europe que ceux de l’Ouest. Pour eux, cela veut vraiment dire quelque chose. L’Europe c’est l’avenir. Quand ils partent faire une année Erasmus ils ne pensent pas à la fête mais à l’enrichissement culturel, à l’apprentissage et à leurs parcours professionnels.
Théo Verdier : Pour toi, la suite c’est quoi ?
Suzanne Alibert : Je suis rentrée fin 2015. Depuis, j’ai développé différents supports qui me permettent de faire parler du projet. Je me déplace beaucoup pour raconter mon expérience, à travers une exposition photo ou des interventions devant des classes de lycées. Finalement, j’ai sorti un livre au printemps dernier pour compiler les différents témoignages.
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