Législature européenne 2009-2014
Législature européenne 2014-2019
Le Groupe du Parti Populaire Européen
Ce groupe officiellement fédéraliste tenant de la démocratie chrétienne n’en reste pas moins hétéroclite en rassemblant en son sein diverses formations qui tendent parfois vers une certaine forme de nationalisme. C’est notamment le cas en France avec l’Union pour un Mouvement Populaire, Forza Italia fondée par Silvio Berlusconi ou encore Fidesz-Union civique hongroise présidée par Viktor Orbán. Cela n’empêche pas le groupe de faire coexister ces formations avec d’autres plus europhiles qui se disent parfois ouvertement fédéralistes comme les conservateurs luxembourgeois dont est issu le futur Président de la Commission. Le groupe fédère la plupart des partis de droite/centre-droit de l’Union. S’il a vu son nombre d’élus chuter entre la précédente législature et celle qui vient de commencer, cela ne remet pas en question son statut de première force politique du Parlement européen. En ayant remporté les élections, il a pu imposer son candidat à la Présidence de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dont la nomination par le Conseil européen a eu lieu le 27 juin 2014.
L’Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen
Le groupe rassemble la plupart des partis travaillistes, socialistes et sociaux-démocrates de l’Union européenne tout en étant aussi hétéroclite (voire plus) que le PPE. Il fait par exemple coexister des partis avec des tendances nationalistes tels que le Labour Party britannique ou encore le Parti socialiste français avec des formations très europhiles tels que le Parti démocrate italien qui a fait un score historique (40,8%), ce qui par conséquent renforce le Premier ministre italien Matteo Renzi. Celui-ci ne cache pas être un fervent partisan du fédéralisme européen. Sa performance vient équilibrer le score médiocre des socialistes français (qui stagnent comparé à la précédente législature) et l’effondrement des socialistes espagnols qui perdent 9 sièges. Il n’empêche que les sociaux démocrates restent la deuxième force politique du Parlement européen avec 191 eurodéputés, ce qui les rend indispensables à la constitution d’une « majorité parlementaire » pour l’investiture de la future Commission européenne. Cela aurait d’ailleurs permis à Martin Schulz d’exiger une nouvelle fois la Présidence du Parlement européen. Le parti qui compose le groupe semble avoir fait le choix de ne pas se définir officiellement comme étant fédéraliste contrairement aux autres formations politiques europhiles.
Les Conservateurs et Réformistes européens
Ce groupe est composé de partis nationalistes qui, s’ils ne demandent pas forcément la sortie de l’Union européenne, veulent la modifier pour empêcher toute progression vers ce qu’ils appellent un « super État fédéral européen ». Le groupe est composé du parti conservateur de David Cameron, du parti eurosceptique allemand AfD ou encore des indépendantistes flamands de la N-VA arrivés en tête notamment lors des élections législatives fédérales belges. Bien qu’utilisant très souvent l’argument de l’insuffisance démocratique de l’Union européenne pour l’attaquer, il est parmi les premiers à s’opposer à toute tentative de politisation de la Commission européenne comme l’a montré l’acharnement de David Cameron pour barrer la route à Jean-Claude Juncker, allant jusqu’à énoncer que nommer un technocrate sorti de nulle part aurait été plus démocratique que de nommer l’ancien Premier ministre luxembourgeois. Comme tous les nationalistes, les individus qui composent ce groupe ne sont pas capables de regarder l’Europe autrement qu’à travers le prisme des rapports de force diplomatiques entre États-nations.
Alliance des démocrates et libéraux pour l’Europe
Le groupe se compose de deux fédérations de partis politiques européens. Il y a tout d’abord le Parti démocrate européen, aux tendances centristes, social-libérales et tenant de la démocratie chrétienne. La seconde fédération de partis est celle qui a donné son nom au groupe. Elle a tendance à revendiquer plus spécifiquement le libéralisme classique. Présidé par l’ancien Premier ministre belge et candidat libéral à la Présidence de la Commission Guy Verhofstadt, le groupe à perdu 16 sièges et sa place de troisième force politique du Parlement au profit des nationalistes appartenant au groupe des Conservateurs et Réformistes. En dépit de la rhétorique de Guy Verhofstadt pendant la campagne européenne (lorsqu’il dénonçait précisément « les vieilles recettes socialistes et conservatrices »), il y a fort à parier que les libéraux participeront à la prochaine Commission comme ils l’ont fait lors de la législature qui est en train de se terminer bien qu’ils n’aient jamais été indispensables.
Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique
Ce groupe semble être la seule formation politique europhile à progresser par rapport à la législature qui est en train de se terminer. Il semble qu’il faille à cet égard noter la très belle performance du parti d’Alexis Tsipras en Grèce (SIRYZA) qui réunit environ 27% des suffrages. Le groupe politique fédère essentiellement deux fédérations de partis politiques : le Parti de la gauche européenne et l’alliance de la Gauche verte nordique. Ils se réclament de divers courants de gauche radicale, à savoir le communisme, l’anti-libéralisme, l’anti-capitalisme ou encore l’éco-socialisme. Bien que la gauche européenne soit vraisemblablement sur le point d’incarner une opposition contre la future Commission européenne, cela n’a pas empêché son leader (Tsipras), après les élections, d’admettre la légitimité de Jean-Claude Juncker à revendiquer la Présidence de la Commission.
Groupe des Verts européens/Alliance libre européenne
Ce groupe réunit deux fédérations de partis politiques qui s’étaient rangées derrière Ska Keller lors de la campagne. Il fait dans un premier temps coexister le Parti vert européen, un parti écologiste, avec l’Alliance libre européenne, une fédération de partis régionalistes et/ou autonomistes à travers le continent. Le groupe perd quelques eurodéputés notamment en raison du fait que la N-VA, arrivée en tête en Belgique, a décidé, pour cette législature, de quitter l’Alliance libre européenne pour siéger avec les nationalistes eurosceptiques des Conservateurs et Réformistes européens alors même que Guy Verhofstadt semblait la draguer pour agrandir son groupe. Le choix eurosceptique de la N-VA au Parlement européen semble d’ailleurs compliquer la formation d’un nouveau gouvernement en Belgique qui, rappelons-le, a déjà réalisé la belle performance de rester 541 jours sans gouvernement après les élections législatives fédérales du 13 juin 2010. Nos concitoyens belges seront-ils capables de battre leur record ?
Europe de la liberté et de la démocratie directe
Il s’agit de la dernière force politiquement organisée au Parlement européen. Elle rassemble des partis politiques europhobes et eurosceptiques tels que le UKIP ou encore le Mouvement 5 étoiles italien. Alors qu’il lui manquait une nationalité pour créer son groupe, Nigel Farage s’est finalement résolu à convaincre une militante Front national bien qu’il excluait toute coopération avec le parti de Marine le Pen car il aurait selon lui « des racines antisémites ». Finalement, il semble que la fin justifie les moyens même si le groupe formé dans la précipitation reste très fragile. Parmi les sept nationalités présentes, quatre d’entre elles ne sont incarnées que par un individu (France, Lettonie, Lituanie, République tchèque). Or quand on sait à quel point les partis politiques europhobes ont du mal à rester solidaires comme le montrent les multiples exemples du passé [1] [2], on est en droit d’être sceptique quant à la viabilité de la formation politique en question.
Les non-inscrits
Les non-inscrits sont en grande majorité composés des partis politiques d’extrême-droite qui ont pour l’instant échoué à se fédérer en groupe parlementaire pour diverses raisons (rappelons qu’il faut au moins 25 individus représentant un quart des nationalités de l’Union européenne pour former un groupe). Parmi ces raisons, il y a bien évidemment leur faible capacité de négociation ou encore le fait qu’ils sont jugés beaucoup trop infréquentables par les autres formations politiques du Parlement, y compris les plus radicales. On trouve bien évidemment parmi ces non-inscrits les fameux néo-nazis grecs d’Aube dorée, le FPÖ autrichien (jugé néo-fasciste par certains observateurs), la Ligue du Nord italienne (jugée xénophobe), le très antisémite Jobbik hongrois, le Parti de la liberté néerlandais de Geert Wilders ou encore le Front national dont la dédiabolisation en France n’a décidément pas encore abouti dans le reste du vieux continent sans doute à cause du caractère laborieux du dialogue inter-culturel europhobe. Soyons fair-play en souhaitant à ces derniers de réussir à se trans-nationaliser tôt ou tard.
1. Le 30 juin 2014 à 19:07, par Delphine En réponse à : Vue d’ensemble des groupes au Parlement européen
Merci pour ce bel état des lieux des partis européens ! Les médias ne nous donnent pas beaucoup de visibilité à ce sujet...
2. Le 30 juin 2014 à 20:45, par Till Burckhardt En réponse à : Vue d’ensemble des groupes au Parlement européen
Bel article, avec beaucoup d’approximations.
La description de Matteo Renzi comme « fervent partisan du fédéralisme européen » est pour le moins audace. L’Europe n’a jamais été un enjeu prioritaire dans les campagnes politiques du jeune premier ministre, qui a longtemps donné l’impression d’être « euro-indifférent ».
Par rapport à la tradition fédéraliste italienne, Matteo Renzi mène une politique européenne beaucoup plus orientée à mettre l’Europe au service des intérêts nationaux (contrôle des frontières, assouplissement des contraintes budgétaires) et converge avec David Cameron et Mark Rutte dans leur concept d’« Europe légère » face aux lourdeurs bruxelloises.
Le slogan « États-Unis d’Europe » a été choisi surtout pour éviter d’utiliser le terme d’« Union européenne » qui a acquis en Italie une connotation négative. Plutôt que d’y voir un programme fédéraliste, il faudrait y identifier les penchant atlantiste (clin d’oeil aux USA) et intergouvernemental (on parle d’États) de M. Renzi.
Ceci dit, Matteo Renzi est probablement plus intelligent que David Cameron et sera probablement capable de mettre à son service le réseau tissé à Bruxelles par la tradition fédéraliste social-démocrate traditionnellement présente dans son parti et un retournement abrupt en sens intergouvernemental de la part de la diplomatie italienne est donc peu probable.
3. Le 30 juin 2014 à 23:51, par Ferghane Azihari En réponse à : Vue d’ensemble des groupes au Parlement européen
Merci pour tes observations Till. J’aurais néanmoins quelques questions à te poser étant donné que tu sembles en savoir plus que moi sur la question. J’en profite ;)
Si le personnage n’est pas fédéraliste, pourquoi a-t-il engagé un fédéraliste assumé pour le conseiller ?
Ensuite, ne peut-on pas considérer que « l’Europe légère » n’est pas incompatible avec l’idéal fédéral ?
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