L’Eurométropole : rencontres et dialogues à toutes les échelles
A la définition académique « groupement européen Wallon, Flamand et Français de coopération territoriale entre 157 communes urbaines, servant à la mise en place de projets communs dans les transports, l’urbanisme, l’éducation ou la santé », Loïc Delhuvenne tient à rajouter l’aspect de « participation citoyenne ». « L’un des principaux objectifs est d’être une instance proche des citoyens qui rend la dimension européenne concrète. (...) C’est dans ce cadre que « l’Espace Citoyen de l’Europe » a été fondé. Il permet à des citoyens « lambdas » de créer des espaces de dialogue. » Concrètement, « les citoyens sont invités à des soirées où ils ont l’occasion de discuter activement, comme si on allait boire un verre avec un eurodéputé. » Au niveau institutionnel, les rencontres qu’initie l’Eurométropole se font lors de réunions régulières entre les 84 représentants des 14 partenaires. Les membres sont répartis paritairement entre la France et la Belgique, et représentent tant le niveau étatique, régional, départemental, que intercommunal. Tous les principaux partis politiques sont représentés, sauf le Rassemblement national qui n’est pas au pouvoir dans les institutions qui composent l’assemblée. « Le rôle principal de l’Eurométropole est de faire se rencontrer les différents acteurs et institutions des régions, pour qu’ils aient confiance entre eux et s’engagent ensemble dans des projets. »
Des actions pour faire découvrir et renforcer la mobilité sur le territoire
Les actions franco-belges sont encore trop rares déplore le directeur : « Il y a un manque de réflexe transfrontalier, tant chez les citoyens que dans les politiques publiques. » Selon lui, la frontière « n’est pas juste une démarcation, c’est un bassin de vie » dans lequel l’Eurométropole tente de « lever les blocages juridico-administratifs, comme la reconnaissance de diplômes, ou même favoriser la mobilité transfrontalière. » C’est ainsi qu’elle a par exemple « balisé 90 kilomètres de pistes cyclables, que l’on appelle « Carré Bleu » de l’Eurométropole, et qui relie la France, la Flandre et la Wallonie. » Si l’objectif premier est d’inciter à la mobilité, de nombreuses actions visent aussi à faire connaître le territoire. C’est le cas de la fête du Parc Bleu, composé de « balades bleues » le long des pistes, et de concerts simultanés à Lille, Tournai, Courtrai.
Le projet TransfAIR : sensibilisation et coordination des actions pour améliorer la qualité de l’air
L’un des projets les plus identifiables mené par l’Eurométropole se nomme TransfAIR. Il a pour objectif d’améliorer la qualité de l’air le long de la frontière. Loïc Delhuvenne explique qu’ici « L’Eurométropole fait le lien entre les acteurs scientifiques, la population et les décideurs. » Concrètement, « des kits pour mesurer la qualité de l’air sont octroyés à des familles » par des organismes scientifiques pour « sensibiliser à l’enjeu de la qualité de l’air. » La plateforme Signal’Air a également été mise en place pour signaler les nuisances olfactives, et faire remonter les informations à des associations spécialisées dans le contrôle de la qualité de l’air. Pour le directeur, l’objectif derrière la sensibilisation est « d’éduquer les familles à des actes écologiques (…) comme fermer sa fenêtre en journée » pour limiter l’arrivée de pollution aérienne, et ne les ouvrir que tôt le matin et tard le soir, heures où la circulation automobile et les industries rejettent moins de pollution. Cependant, il rappelle qu’il « faut arrêter de flageller le citoyen pour ses ’’mauvaises actions’’, il faut trouver un équilibre entre les actions citoyennes, (…) les politiques publiques et les entreprises » et ce à différentes échelles, encore une fois. C’est dans ce sens que l’eurométropole renforce le dialogue entre les instances et entreprises belges et françaises pour que « lors d’un pic de pollution, des mesures équivalentes soient prises. » Cela se traduit aussi bien en matière de polluants reconnus que de limitations de vitesse. Il reste cependant toujours à faire, le directeur déplore notamment « qu’il n’y ait pas assez de lignes de bus transfrontalières », ou que « la gratuité des transports en commun durant les pics de pollution dans la métropole lilloise s’arrête à la frontière. »
Même si méconnue, l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai est une instance pionnière dans la coordination des actions sur le territoire frontalier franco-belge. Son travail impacte le quotidien d’un grand nombre de citoyens du territoire, que ce soit en favorisant la mobilité transfrontalière, ou en promouvant la connaissance des caractéristiques du territoire. Son champ d’action est large. Si l’on s’est centré ici sur le projet TransfAIR, elle agit aussi pour l’accès à l’emploi ou l’apprentissage des langues et cultures du territoire.
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