A mes yeux, Bronisław Geremek est l’un des personnages les plus estimés sur la scène politique polonaise. Un homme atypique, très intelligent, polyglotte, apprécié et reconnu par les hommes politiques à l’étranger comme représentant incontestablement l’image de la Pologne. A savoir une Pologne moderne, ouverte, appréciée par les autres pays et ses dirigeants. Voir et écouter Bronisław Geremek a toujours été un véritable bonheur !
Je n’ai pas été surprise par les réactions de l’Union européenne, les réactions des hommes politiques et des médias étrangers.
L’image du Geremek qu’il représente est cohérente.
En France, on regarde cette affaire d’un point de vue européen. Je le comprends. La chasse aux sorcières organisée par le gouvernement des Kaczyński vise à obliger des centaines de milliers de personnes journalistes, universitaires, gérants de sociétés, avocats... – à déclarer par écrit si elles ont ou non collaboré avec l’ancienne police secrète communiste. Certaines personnes comparent cette loi au régime de Staline. Je désapprouve cette vision.
Geremek fait partie de cette opposition (avec Tadeusz Mazowiecki de Solidarność), qui n’a pas choisi le même chemin après 1989, que certains des membres du gouvernement polonais, notamment le Premier Ministre, ainsi que son frère, Président de le République de Pologne.
Les citoyens de l’UE regardent de loin cette affaire et essayent de comprendre la réalité polonaise. Mais cela n’est pas facile, même pour les Polonais eux-mêmes. D’autant plus que le passé de leur pays est difficile et douloureux.
La vraie difficulté est que mon pays a toujours refusé de régler les difficultés qui étaient les siennes au plan intérieur.
Les réactions en Pologne…
La majorité de médias polonais parlent surtout sur les réactions inattendues partout en Europe suite à la réponse de Geremek sur la loi polonaise de « décommunisation ».
Depuis le 19 avril dernier, le mandat d’eurodéputé de Geremek n’est plus potentiellement valable. Il n’a pas rempli son obligation légale, il ne peut donc plus exercer de fonction publique. Aucun mouvement de citoyen ne s’est manifesté en Pologne en faveur de Geremek. Les hommes politiques polonais semblent considérer que le citoyen Geremek ne doit pas être traité différemment.
Pourquoi la société polonaise ne parle pas d’une voix unique ? L’opinion des internautes est partagée.
Certaines personnes considèrent que cet homme politique a trahi la Pologne au profit de l’Europe. Certains internautes souhaitent que la Pologne garde la loi de lustration et la considère comme plus importante que les règles de l’Union européenne. Ceci d’autant plus que Geremek a appartenu au PZPR - Polska Zjednoczona Partia Robotnicza, le parti des communiste polonaise jusqu’en 1968.
Les soutiens de Geremek soulignent quant à eux que c’est la politique du gouvernement de parti « Droit et Justice » (PIS) dirigé par Jarosław Kaczyński a pour but de détruire complètement la vie politique de ceux qui ne sont pas dans leur camp. Leur obsession est de régler les comptes avec ceux qui ne sont pas d’accord avec eux.
La société polonaise se trouve dans un moment difficile. La Pologne cherche sa place. Le gouvernement ne donne satisfaction qu’à la moitié de la population polonaise. Les derniers sondages donnent seulement 20% des votes au parti des frères Kaczyński.
L’image du pays est trop souvent négatif à l’étranger. L’affaire de Bronisław Geremek a vraisemblablement aggravé la situation, et cela n’est pas une bonne chose pour la stabilité de mon pays.
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